[Fic YGO] Enfants de la guerre

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yvan_doutre_mer

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Envoyé par yvan_doutre_mer le Mercredi 06 Avril 2011 à 15:10


Et voilà! Un nouveau chapitre, pour vous! J'espère qu'il vous plaira! Et n'hésitez pas à commenter!

Chapitre V: Oppression royale

Le policier se retourna et rejoignit son chef, le sergent de police Rigman, qui était occupé à examiner le corps. Une dizaine de policiers occupait la ruelle, relevant les preuves. Aucun n’avait encore touché à l’horrible carcasse vide qui gisait telle qu’elle. Plus loin, Anthony était occupé à réconforter Alicia. Si, dans un premier temps, elle n’avait pas parue trop affectée à Gabriel, après que la police lui ait posé des questions, elle s’était littéralement effondrée en larmes. Il s’était alors penché pour essayer de la consoler, mais le père de la jeune femme l’avait brusquement écarté et s’en était occupé pour lui. Lui-même était appuyé contre un mur, le regard perdu. La vue du mort l’avait certes épouvanté, mais cela l’importait désormais peu. A ses yeux, ce qu’il avait vu dans le château lors de l’attaque était infiniment pire. Un attroupement était en train de se former dans la rue, les badauds se pressant pour voir ce qui se passait.
Alors que ses réflexions vagabondes revenaient justement au vampire, il sentit une main lui empoigner l’épaule. Il se retourna et vit Spencer, encore vêtu de sa blouse de médecin, penché sur lui. Le jeune homme sentit à travers ses gestes qu’il était inquiet à son sujet.
« Je suis venu dès que j’ai appris ce qui était arrivé. Comment te sens-tu ? Tu as besoin de repos, de calme ou de parler ? »
« Non, merci. Je vais bien. Vous devriez plutôt vous occuper d’Alicia.»

Le médecin fit un signe approbateur de la tête, lui adressa un sourire bienveillant puis rejoignit la jeune femme en pleurs. Au même moment, un officier passa en courant, jouant des coudes pour traverser la foule. Après s’être approché du cadavre, il fit une pose pour reprendre son souffle puis s’adressa à son chef.
« Navré de vous déranger monsieur, mais une personne désire vous voir. »
« Je suis occupé, et je prend seulement sur rendez-vous. Si c’est pour une plainte ou un témoignage, chargez-vous en. »
« Je suis désolé d’insister, monsieur, mais cette personne a toute les accréditations. Elle vous ordonne de la recevoir. »
A ces mots, Rigman leva un regard presque hargneux vers le pauvre intermédiaire, rehaussé d’une pointe d’incompréhension.
« Les accréditations ? Et qui les lui a données ? Les Jennings ont tous été tués ya deux jours ! »
Puis, face au silence du jeune officier, il reprit.
« Bon, et ou est-ce qu’elle m’attend, cette personne mystérieuse ? »
« A la caserne, monsieur. Il a demandé que vous veniez le voir au plus vite. »
Le sergent poussa un long soupir, se leva et se dirigea vers l’un de ses subordonnés. Il lui glissa un ordre à l’oreille, puis s’adressa à l’ensemble des personnes présentes en haussant la voix.
« Très bien, tout le monde ! Je dois y aller, alors en attendant mon retour, aucun d’entre vous ne quitte le périmètre ! Merci de votre compréhension ! »
Et sur ce, il traversa la foule, écartant les importuns sans ménagement, puis disparut à un tournant.

Deux heures étaient passées depuis que le sergent était parti, il était presque midi, et la faim commençait à se faire sentir. La plupart des passants s’en était allée, et il n’en restait qu’une poignée. Alicia s’était calmée, bien que ses yeux soient encore rougis, et elle se plaignait faiblement que son estomac la tiraillait. Le policier avait insisté pour qu’elle ne parte pas, aussi n’osait-elle pas aller se chercher ne serais-ce qu’un sandwich. Finalement Anthony se dressa, l’air déterminé, et s’approcha du policier.
« Je vais chercher de quoi manger. Ça pose un problème ? »
« Euh… Vous étiez un témoin ou un suspect ? »
« Non, juste le tuteur légal de la témoin. »
« Ah, le tuteur des enfants ! Bon, et bien… »
Mais le grand homme l’interrompit de sa voix grave, rectifiant son erreur.
« Non, seulement de la jeune femme. »
Le policier leva vers lui un visage surpris, cherchant à reprendre le fil de ses pensées après avoir été interrompu. Il se tourna vers Gabriel, qui était à peine un mètre derrière Anthony.
« Mais alors, qui est ton tuteur, mon garçon ? Il n’est pas ici ? »
La question prit Gabriel par surprise, le tirant de sa rêverie et le forçant à réfléchir. Son visage devint rouge tandis que ses yeux allaient de l’un des deux hommes à l’autre avec l’air affolé.
« Mon tuteur ? Il est, euh… Enfin, il… »
« Il est mort il y a deux jours. Pour l’instant, il n’en a pas. »
Ce fut Anthony qui le tira de l’embarras, répondant d’un ton aussi naturel que possible. Gabriel s’empressa d’acquiescer, profitant de l’occasion pour combler un des vides de son mensonge. Le policier autorisa Anthony à s’éloigner, et il revint quelques minutes plus tard avec un plat de poulet froid sous le bras. Ils mangèrent là, offrant même aux policiers de les rejoindre, installés sur des caisses ou des tuyaux.

Une ou deux heures s’écoulèrent encore avant que le sergent Rigman revienne. Il avait le visage sombre, le regard dur, et irradiait la frustration. Un des officiers lui demanda ce qui se passait, mais il refusa de lui répondre. Quand il fut proche du cadavre, il éleva la voix comme lorsqu’il était parti, quoique de façon bien moins sympathique.
« Remballez vos affaires, tout le monde ! On vide les lieux ! Allez, bougez-vous ! »
A ces mots, Anthony se dressa et fondit sur lui.
« De quoi ? Qu’est-ce que vous foutez ? Pourquoi vous vous tirez ? »
« C’est un ordre que je ne peux pas contester, alors écartez-vous. On abandonne l’affaire, vous êtes libre de faire ce qu’il vous plaira du corps. »
Il attrapa alors le col du policier, le visage rouge, et le souleva.
« Vous vous foutez de moi ? Vous abandonnez l’affaire ? C’est un meurtre, bordel, vous devez enquêter ! C’est votre job ! »

Rigman se libéra de sa prise en reculant, le visage plus énervé que lors de son arrivé. Il fusilla Anthony du regard, et le contourna pour rejoindre ses hommes.
« On est bien d’accord sur ce point. Mais c’est un ordre qui vient d’en haut, ni vous ni moi ne pouvons le discuter. Ou sinon, on y passera aussi, ce qui ne fera qu’empirer les choses. Alors si vous voulez protester et perdre votre vie pour rien, libre à vous, mais faites-le sans moi. »
Puis les policiers partirent sans un mot de plus, laissant le corps là ou il était. Anthony ne bougea pas, se tenant droit au milieu de la ruelle où ne restait plus personne. Après un instant, durant lequel personne n’osa parler, il se tourna brusquement et frappa le mur si fort que son poing y laissa une empreinte rouge.
« Bordel ! Et on fait quoi, nous, maintenant ? On laisse le vampire trucider à loisir ? »

« Nous pourrions mener l’enquête nous-mêmes. »
L’idée avait été lâchée négligemment par Gabriel, toujours adossé à un mur. Alicia se dressa, le visage vaguement souriant.
« Ouais, pourquoi pas ? Ce serait toujours mieux que de le laisser en liberté. Ils nous ont laissé le corps, on pourrait l’examiner à la clinique. »
L’idée enthousiasma également les quelques autres personnes présentes sur les lieux. Seul Anthony resta sceptique. Il s’approcha de Gabriel, le visage sévère et sérieux mais plus calme que l’instant d’avant.
« Rappelle-moi ton nom. »
La question prit le jeune homme de court, car il ne s’y attendait pas, mais il répondit néanmoins sans réfléchir.

« Je me nomme Gabriel. Pourquoi me le demander, vous vous en souvenez ! »
« Ton nom complet. »
« Euh, je… Gabriel… Lawford. Oui, Gabriel Lawford. »
Son cerveau fonctionnait désormais à plein régime. Il ne comprenait pas pourquoi Anthony lui posait soudainement cette question, mais il lui semblait évident qu’il ne faisait que commencer. Il s’était rapproché de lui, l’air de plus en plus menaçant, tandis que lui-même s’écrasait lentement contre le mur.
« Et tu viens d’où ? »
« De… De Drasworth, dans le nord ! »
« Tu fais quoi à Clocktown, alors ? »
« Hey, qu’est-ce que tu fous ? »

Alicia s’était levée et tenta de s’interposer, tandis que l’incompréhension montait parmi les personnes présentes. Plusieurs s’étaient aussi approchées, dans un but semblable. Mais Anthony les écarta d’un geste, se rapprochant encore de Gabriel.
« Je sais c’que je fous, restez en dehors de ça ! Et toi, répond ! »
« Je… J’étais en apprentissage, pour voir la ville. Clocktown est réputée sur l’ensemble du continent pour ses prouesses… »
« Et ton androïde, il était là pour quoi ? »
« Il était mon… Mon gouvernant, il était en charge de ma sécurité. »
« Ah ouais ? Pourtant, quand on t’a demandé la première fois, t’as dit qu’il était ton professeur. Il fait les deux, ou autre chose ? »
« Il, euh… »
« Te force pas à répondre. »

Anthony lâcha ses quelques mots, puis recula avant de poursuivre.
« Et si tu disais la vérité, hein ? Parce que, franchement, t’imagines qu’on va écouter les idées d’un type sorti de nulle part qui nous raconte des kraks sur sa vie ? Accouche, ça vaudrait mieux. »
Autour d’eux deux, les autres étaient comme figés. Aucun ne parlait ou ne bougeait, et certains ne respiraient même pas. La tension était palpable, pesant lourdement sur Gabriel comme sur tous ceux qui les entouraient. Une sueur froide rendait ses vêtements collants, et ses trais étaient figés, pas vraiment effrayés ou paniqués mais plutôt neutres. Tout l’inverse de ses pensées, en ébullition, affolées et paniquées. Il était toujours adossé au mur, légèrement vouté, comme dans une position de soumission. Face à lui, Anthony était droit et fier, le dominant de toute sa carrure. Il se tenait légèrement en biais, cachant son bras en écharpe aux yeux de Gabriel. Les deux hommes se tenaient là, se regardant les yeux dans les yeux, restant sans rien dire. Après plusieurs minutes, enfin, Anthony détourna le regard et poussa un long soupir.
« Tu insistes, hein ? C’est clair que tu mène en bateau, et t’as sûrement tes raisons, mais je peux pas faire confiance aux menteurs. Tant que tu me diras pas la vérité, t’auras rien de moi. Et si je refuse de façon publique de te suivre dans ton projet, personne se rangera dans ton camp. Si je te suis pas, t’auras personne pour mener ton enquête. Le truc, c’est que je doute que tu changes d’avis si facilement, j’ai raison ? »

Il attendit un instant une réponse qui ne vint pas, puis poursuivit.
« Ouais, bien ce que je pensais. On est bloqués tout les deux. Faudrait qu’un de nous se range, mais aucun ne le fera de son plein gré. Du coup, ya qu’une solution. Décider au jeu. »
« Quand vous parlez de jeu, vous voulez dire… »
« Le duel de monstre, ouais. Quoi d’autre ? T’as un deck, j’ai vu des cartes dans ton sac. Si tu gagnes, je te fais confiance et je te fous la paix. Si je gagne, t’arrête de mentir et tu nous racontes qui tu es vraiment. Non négociable. »
Gabriel écouta attentivement, puis marqua un temps de réflexion avant de répondre. Sa voix était faible et rugueuse car sa gorge était sèche, et il parla vite sous l’effet du stress.
« Je suis d’accord. »

Gabriel se pencha, ouvrit son sac et en sortit son deck. Derrière lui, les clients s’étaient installés dans toute la grande-salle de l’auberge, formant un rond autour de la table ou l’attendait Anthony. Comme tout deux n’avaient plus qu’un bras de disponible, ils avaient décidé de se passer de duels disks et de livrer un duel à l’ancienne.
Il prit les cartes et les passa en revue. Il s’agissait bien de son deck. Son deck tel que Morgane le lui avait créé. Le souvenir de cette dernière soirée passée dans le château lui revint en mémoire, ainsi que tous les autres. Tous les souvenirs d’une époque de paix révolue. Il avait l’impression que des années s’étaient écoulées depuis, l’impression d’avoir vécu une vie entière. Alors que les souvenirs heureux refaisaient surface dans son esprit, une larme coula de son œil. Mais il fut violemment interrompu quand une voix l’interpela.
« Alors, tu l’as trouvé, ton deck ? »

Il poussa un soupire et se leva, rejoignit sa place face à Anthony et posa les cartes sur la table. Face à lui, son imposant adversaire affichait un air extrêmement sérieux. Autour d’eux, les spectateurs pariaient bruyamment sur le vainqueur, échangeant avis d’experts et invectives, émettant des hypothèses aussi variées que fausses sur les decks de l’un ou de l’autre. Mais le tenancier se tourna vers eux et leur hurla un « vos gueules ! » retentissant qui fut suivi d’un silence de mort. Satisfait, il se tourna à nouveau vers le jeune homme.
« T’es prêts, toujours décidé ? »
« Ais-je vraiment le choix ? »
« Alors c’est parti ! »

Duel !
Gabriel : 8000 Anthony : 8000


Tour de Gabriel : « A toi l’honneur, gamin. Ce serait pas équitable sinon ! »
« En ce cas, je joue… »
Il jeta un coup d’œil rapide à sa main, et perdit de son enthousiasme. Il n’avait rien qui lui permette de se défendre efficacement, ni aucune des cartes maitresses de son jeu. Il n’avait qu’une carte puissante, mais rien ne lui permettait de l’invoquer.
« Je pose un monstre en défense face cachée, et une carte face cachée, puis je termine mon tour. »
Il posa les deux cartes retournées sur le bois, lentement, puis posa celles de sa main pour ne pas avoir à les tenir. Face à lui, Anthony affichait un large sourire qui le rendait presque inquiétant. Gabriel en déduisit qu’il avait une bien meilleure main que lui.

Tour d’Anthony : « C’est tout ? Tu commences mal, gamin ! J’espère pour toi que tu tiendras le choc ! Je joue Château Rouages Anciens et Cité des Engrenages ! »
Il abattit les deux cartes sur la table de sa main libre, les faisant glisser avec les doigts pour donner l’impression d’un terrain bien organisé. Autour d’eux, les commentaires allaient bon train, même s’ils étaient prononcés à voix basse. Le duel venait seulement de commencer, et un mouvement populaire allait déjà en faveur du gérant de l’établissement. Certains se félicitaient d’avoir parié sur lui, d’autres se maudissaient d’avoir voté pour Gabriel. Le jeune homme préféra les ignorer, même s’il se dit immédiatement qu’il avait mal joué.

« C’est pas tout ! J’active l’effet de mon Justicier Mécanique (machine/terre/ATK300/200/LV1), qui peut s’invoquer spécialement sur mon terrain quand mon adversaire possède plus de monstre que moi. Mais il va pas rester longtemps, vu que je le sacrifie pour invoquer Golem Rouages Anciens (machine/terre/ATK3000/3000/LV8)! Mon monstre le plus balèze ! »
Il ne prit pas même la peine de placer son petit monstre sur le terrain, l’expédiant directement au cimetière pour poser sa carte maitresse avec douceur. Il était évident qu’elle avait de la valeur car il fit particulièrement attention en la manipulant.

« Bref, je t’attaque avec mon Golem. Et comme j’ai Château Rouages Anciens, son attaque devient 3300 ! Et tu peux pas activer de pièges, alors je doute que tu puisse contrer, gamin ! C’est quoi, ton monstre ? »
Gabriel ne put s’empêcher de faire une moue déçue, qui était cependant bien faible face au doute qui commençait à s’emparer de lui. Il avait réellement mal joué, et maintenant, son adversaire possédait un monstre à plus de 3000 points d’attaque qu’il ne pouvait contrer. D’un geste, il retourna la carte et la révéla à l’assemblée.
« Il s’agit de Sniper Cybertech (guerrier/machine/terre/ATK1200/600/LV3). »

« Un monstre Cybertech ? Bah, de toute façon, il se fait démolir, et mon Golem t’inflige 2700 dégâts perçants. J’espère pour toi que tu sais ce que tu fous, parce que d’ici, on dirait pas. »
« Je m’en doute. Mais ce n’est que le premier tour. »
Le jeune homme essaya de se donner une contenance, même s’il savait qu’Anthony avait raison. Il avait fait ce jeu avec Morgane, il était donc excellent. Mais s’il ne pouvait pas le jouer correctement, il n’aurait aucune chance de gagner quel que soit la puissance de son jeu. Derrière Anthony, un homme se pencha vers lui par-dessus la table.
« Hey, tu devrais abandonner, gamin ! Face au jeu surpuissant d’Anthony, t’as aucune chance ! Il a encore jamais perdu, alors ton petit jeu de gosse a aucune chance de… »
Mais avant d’avoir fini sa phrase, il fut repoussé en arrière par Anthony. Son visage était sévère, visiblement plus concentré qu’au début du duel.

« Tu sais pas de quoi tu parles, alors boucle-là. Si il joue vraiment Cybertech, alors j’ai du soucis à me faire. »
Le visage de l’homme se déforma tandis qu’il réfléchissait, ne comprenant pas ce que cet attribut avait de si spécial. De son coté, le jeune homme comprenait parfaitement de quoi il s’agissait, même s’il se garda de le dire.
« Je pose une carte et je termine mon tour. Alors à toi ! Montre-moi ce que tu vaux vraiment. »

Gabriel : 5700 Anthony : 8000

Tour de Gabriel (4 cartes en main, 1 carte face cachée) :
il piocha, regarda la carte, et se retint difficilement de hurler le juron qui lui vint à l’esprit. S’il avait pioché cette carte au tour précédent, se dit-il, il aurait l’avantage en cet instant. La chance était contre lui, pensa-t-il. Mails se plaindre ne l’aiderait pas à gagner, aussi tenta-t-il de garder une expression neutre.
« Je pose à nouveau un monstre face caché, et je termine mon tour. »

Tour de Anthony (1 carte en main, Golem Rouages Anciens, Cité des Engrenages, Château Rouages Anciens, 1 carte face cachée) : « Toujours rien de mieux ? Bah, ça tombe bien, j’ai rien de nouveau non plus. J’attaque ton monstre avec mon Golem ! Alors, c’était quoi ? »
« Il s’agissait de Assassin Cybertech (guerrier/machine/terre/ATK1800/900/LV4), cette fois-ci. Je subis donc 2400 dégâts perçants par l’effet de votre monstre. »
« Assassin Cybertech ? Il fait quoi, lui, déjà… Euh… Rah, j’me souviens plus. En attendant que ça revienne, je termine mon tour, alors joue.»

Gabriel : 2900 Anthony : 8000

Tour de Gabriel (4 cartes en main, 1 carte face cachée) :
Gabriel posa la main sur son paquet et ferma les yeux. Il était au bord de la défaite, et un peu d’aide de la part du destin lui serait bien utile. S’il ne piochait pas de bonne carte, ce tour serait peut-être son dernier, tout se jouait pour lui sur cette pioche. Autour de lui, les spectateurs discutaient toujours. Cette fois, il ne lui restait plus aucun partisan, tous étant persuadés qu’il allait perdre.

Il resta ainsi quelques instants, laissant ses pensées vagabonder. Lui aussi pensait qu’il n’avait plus aucune chance. Il lutterait jusqu’au bout, mais ce ne serait sans doute pas suffisant. Sa réflexion l’entraina alors à nouveau vers sa vie au château, loin de l’auberge et de son duel. Puis il sentit une main secouer son épaule, le ramenant brusquement à la réalité. Il rouvrit les yeux et vit Alicia qui s’était penchée sur lui, l’air inquiète.
« Ça va ? Tu t’sens bien ? »
« Oh, oui, merci de t’en inquiéter. »
« Cool. Allez, j’suis sûre qu’tu peux le faire ! Montre-nous c’que tu vaux ! »

Elle ponctua sa phrase d’un petit rire et se redressa. Il lui rendit son sourire, revenant lentement de ses pensées, et se tourna vers Anthony. Ces seuls mots avaient suffit à lui rendre espoir. L’aubergiste était toujours là, face à lui, attendant de voir ce qui allait arriver. Le jeune homme lui fit un léger signe de tête et piocha. Cette fois, il sourit franchement.
« J’active l’effet de mon Espion Cybertech (guerrier/machine/terre/ATK800/400/LV2). Je peux regarder la main de mon adversaire, puis j’y choisis une carte à défausser. »
Il dévoila son monstre, extirpant un grognement à son adversaire. Il lui tendit les deux cartes, le laissant faire un choix.

Main d’Anthony : Lien de puissance, Rouages Anciens


Après une brève réflexion, Gabriel choisit de défausser la carte magie. Il n’avait pas à hésiter un seul instant, car la laisser à Anthony aurait signifié lui laisser une occasion d’invoquer Golem Ultime Rouages Anciens avec 8800 points d’attaque et les effets de Golem Rouages Anciens. Une stratégie commençait alors à se mettre en place dans sa tête, une stratégie qui pourrait lui permettre de renverser la situation. Mais pour l’heure, il ne pouvait être sûr de rien et devait prendre un risque.
« Ensuite, l’effet de mon Espion Cybertech lui permet de s’invoquer sur mon terrain en position d’attaque, bien que ses valeurs d’attaque et de défense soient réduites de moitié. Je conclue mon tour en jouant Le Guerrier Réincarné, ce qui me permet de récupérer mon Assassin Cybertech. »

Tour de Anthony (1 carte en main, Golem Rouages Anciens, Château Rouages Anciens, Cité des Engrenages, 1 carte face cachée) : « Tu es sûr de ton coup ? T’es au courant que si j’attaque ton monstre, tu subiras exactement 2900 dégâts, ce qui est exactement c’qu’il te reste, j’espère ! »
« Bien évidemment. »
« Alors pourquoi t’as… Oh, je vois. »
Il se pencha légèrement en arrière, le visage durci par l’intensité de sa réflexion. Il passa son bras valide sous l’autre, donnant l’air de les croiser, et observa son adversaire en cherchant la moindre expression qui trahirait ses intentions. De son coté, Gabriel fit tout son possible pour garder un air neutre et décontracté, ce qui n’était pas aussi facile qu’il aurait voulu. Les deux duellistes se regardèrent dans les yeux, menant un combat psychologique par-dessus le duel. Finalement, Anthony poussa quelques éclats d’un rire amer en détournant le regard, ne sachant toujours pas que penser.

« Bon, de toute façon, je pioche. »
Il regarda la carte, toujours aussi concentré sur la stratégie qu’aurait pu établir Gabriel, et sur les moyens de la contrer. Finalement, sa bouche se fendit d’un maigre sourire presque entièrement dissimulé par sa barbe.
« On va pas prendre de risques, hein ? Dans le doute, j’invoque la Bête Rouages Anciens (machine/terre/ATK2000/2000/LV6) que je viens de piocher. Comme ça, j’ai deux monstres pour attaquer.»

Il posa la carte sur la table avec moins de délicatesse que les précédentes. Mais à peine l’eut-il lâchée que Gabriel reprit.
« Je suis désolé, mais vous venez de jouer exactement ce que j’attendais. J’active l’effet de l’Assassin Cybertech (guerrier/machine/terre/ATK1800/900/LV4) de ma main, ce qui me permet de détruire le monstre que vous venez d’invoquer. Ensuite, j’invoque spécialement mon Assassin Cybertech sur le terrain en position d’attaque. Bien évidemment, ses valeurs d’attaque et de défense sont également réduites de moitié. »

« Hey, c’est quoi cette triche ? Un monstre qui fait ça, ça existe pas ! »
Ce fut le même homme que la fois précédente qui réagit, se penchant violemment sur la table en y posant son coude. Il tenta de prendre la carte des mains du duelliste, mais Anthony l’expédia en arrière d’un coup de coude dans le ventre. Ensuite, il se retourna en posant son bras valide sur le dossier de la chaise. Il avait les sourcils froncés, le visage crispé par la colère et rougis par un fort afflux sanguin, ce qui donnait l’impression qu’il était prêt à bondir pour frapper.

« Écoute, le génie qui sait tout ! Les monstres Cybertech de bas niveau sont des contres, ils s’activent tous de la main en contrant une action ennemie, puis en s’invoquant spécialement par la même occasion. Yen a même un qui détruit un monstre attaquant, et vu que c’est ni un piège ni une magie, il fait partie des rares cartes à pouvoir bloquer l’attaque de mon golem. C’est pour ça que cet archétype est si balèze, tu peux pas savoir si ton adversaire s’apprête à contrer ou non. Alors maintenant, ferme ta gueule, ou renseigne-toi avant. »

Puis il se remit face au jeune homme, qui s’était renfoncé dans son siège par réflexe, surpris de voir l’homme lui sauter au visage. Le gérant de l’auberge lui tendit vaguement la main, le visage toujours rouge mais plus serein, ce qui l’incita à se détendre et à se redresser. A coté de lui, Alicia se pencha et lui murmura une question.
« Si les monstres Cybertech de bas niveau sont des contres, que font ceux de haut niveau ? »
« Ils gagnent des effets lorsqu’il sont invoqués en sacrifiant les autres. »
Puis, haussant la voix pour montrer que le duel continuait, il retourna sa carte face cachée.

« J’active ensuite ma carte, il s’agit de Leurre de Mêlée Cybertech. Ce piège peut s’activer lorsqu’un monstre Cybertech est invoqué par son propre effet durant le tour de mon adversaire alors que je contrôle déjà un monstre Cybertech. Grâce à son effet, mon adversaire ne peut pas déclarer d’attaque ce tour-ci, ni changer la position de combat de ses monstres. »
« D’accord d’accord ! T’avais prévu ça, hein ? Quand t’as dit que t’avais de quoi bloquer mon attaque, c’était un putain de bluff, non ? »
« Je n’ais jamais prétendu avoir de quoi bloquer votre attaque. Si vous aviez attaqué, j’aurais perdu. J’ai simplement tenté ma chance, et elle m’a sourit. »
« Ça tu peux le dire, ouais ! Tu m’as complètement entubé ! Mais comment t’as su que je piocherais un monstre ? »
« Je ne le savait pas. Je vous l’ai dit, j’ai tenté ma chance. »
« Alors t’es un foutu veinard ! Je termine mon tour ! Essaie d’en profiter ! »

Tour de Gabriel (2 cartes en main, Assassin Cybertech, Espion Cybertech) : « Je ferais mon possible. Je pioche, puis j’active Relève. Cette carte magie me permet de piocher deux cartes en retirant du jeu un monstre Cybertech depuis ma main. Le monstre que je retire du jeu est mon Démineur Cybertech (guerrier/machine/terre/ATK700/1400/LV3). »
Il retourna les deux cartes suivantes, gardant un ton neutre. Il avait déjà réussit à influencer Anthony une fois, et préférait continuer ainsi.
« Je termine mon tour en jouant une carte face cachée. »

Tour de Anthony (1 carte en main, Golem Rouages Anciens, Château Rouages Anciens, Cité des Engrenages, 1 carte face cachée) : « Dans ce cas, c’est mon tour. Au fait, je voulais te dire, t’as oublié un truc. T’as toujours autant de points de vie, ce qui veut dire que je t’explose toujours si j’attaque ton Espion Cybertech. Tiens, je le fait, d’ailleurs ! »
« A votre guise ! J’active l’effet de mon Défenseur Cybertech (guerrier/machine/terre/ATK1000/2000/LV4) depuis la main. Je suppose que vous savez ce que cela signifie ! »
« Ouais. Évidement. Défenseur Cybertech détruit un monstre attaquant et s’invoque en position d’attaque avec son attaque et sa défense divisées par deux. J’en ai parlé ya pas dix secondes, tu me prends pour un débile ? Mais j’ai une parade ! J’active ma carte face cachée, Défense Zéro ! Jusqu’à la fin de ce tour, l’attaque et la défense de tout mes monstres est réduite à 0, et leurs effets sont annulés, mais ils ne peuvent pas être détruits ! Je garde mon Golem ! »
« En effet, mais mon Gardien Cybertech s’invoque tout de même. Et vous êtes obligé de poursuivre votre attaque, ce qui signifie que vous subirez 400 points de dégâts. »

Autour d’eux, les murmures se turent un instant. Tous peinaient à croire qu’Anthony ait du mal à achever un simple adolescent à qui il restait si peu de points de vie. Puis lentement, quelques paroles d’encouragement s’élevèrent, destinées à l’un ou l’autre duelliste. Anthony lui-même resta interdit quelques instants, ne sachant comment réagir, puis éclata de son rire puissant.
«Le duel n’est pas fini, gamin ! Je te félicite pour avoir aussi bien réussit à gagner du temps, mais je doute que tu puisses encore faire quoi que ce soit ! Allez, je pose une carte face cachée et je termine mon tour ! »

Gabriel : 2900 Anthony : 7600

Tour de Gabriel (2 cartes en main, 1 carte face cachée, Espion Cybertech, Assassin Cybertech, Défenseur Cybertech) :
« En ce cas j’active ma carte face cachée. Il s’agit d’Accès Interdit, dont l’effet me permet de changer chaque monstre sur le terrain en position de défense. »
« T’es con ou quoi ? Tu te protégeras pas comme ça ! Au prochain tour, je me remets en position d’attaque et je t’écrase ! »
« Je n’ai pas encore terminé mon tour ! J’active désormais l’effet de Seigneur de Guerre Cybertech (guerrier/machine/terre/ATK3000/1500/LV8) depuis ma main. En retirant du jeu trois monstres Cybertech sur le terrain qui ont été invoqués par leur propre effet, je peux en faire l’invocation sur le terrain en position d’attaque. Je poursuis en l’équipant de Fusil Cybertech à répétition, augmentant ainsi son attaque de 300 points. Il a désormais 3300 points d’attaque, ce qui est supérieur à la défense de votre Golem Rouages Anciens »

Le jeune homme avait commencé son tour extrêmement calmement mais aussi très concentré. Chacun de ses gestes semblait calculé, et exécuté avec minutie. Ce n’était en réalité que la pression qui donnait un air si mécanique à Gabriel, et le dos de sa chemise était si empreint de sueur qu’elle lui collait affreusement à la peau et le démangeait horriblement. Mais Anthony ne le comprit pas de cette façon. Il ouvrit de grands yeux, surpris, tandis que son visage déjà légèrement rougie par la chaleur sembla s’empourprer plus encore. La foule se mit à crier ses encouragements, augmentant encore le poids qui semblait peser sur leurs épaules à tout les deux.
« C’est ça que tu vises depuis le début ? Tu veux juste détruire mon Golem ? Tes monstres faibles, tout ça… C’était juste pour ça ? »

« Pas seulement, en vérité. L’effet de Fusil Cybertech à Répétition me permet de défausser jusqu’à quatre cartes chaque tour. Le monstre équipé gagne alors une attaque supplémentaire lors de ce tour pour chaque carte défaussée. En défaussant ma dernière carte, je permets ainsi à mon Seigneur de Guerre Cybertech d’attaquer deux fois lors de ce tour. De plus, puisqu’il a été invoqué spécialement par son propre effet, mon Seigneur de Guerre Cybertech gagne deux effets intéressants. Le premier lui permet simplement d’infliger des dégâts perçants, ce qui est en soi un maigre avantage dans ma situation. »
« Et l’autre effet ? Crache, on attend que ça ! »
« Très bien, inutile de vous énerver ! Le second effet de mon Seigneur de Guerre Cybertech double son attaque lorsqu’il attaque un monstre en position de défense. »

Anthony siffla en hochant la tête, tandis qu’un murmure de protestation s’élevait parmi les spectateurs, et poussa un juron. L’homme qui les avait déjà interrompus plusieurs fois se prépara à intervenir à nouveau, mais le duelliste leva son bras valide dans sa direction pour lui signifier qu’il n’avait pas intérêt à le faire.
« Eh ben, en voilà un effet monstrueux ! Je comprends mieux pourquoi t’as fait des trucs aussi cons ! Je suppose que t’attaque les deux fois, une sur mon Golem qui me fout 3600 dégâts et l’autre directe qui m’en fout encore 3300 de plus, pas vrai ? »
« A moins que vous n’activiez un quelconque effet, vous avez raison. »
« Et ben t’as du bol, j’ai rien à activer pour me sauver les miches ! Il me reste que 700 Points de vie, encore pire que toi ! Sérieux, c’est bien joué, gamin. Mais je suppose que tu as pas de quoi m’achever de suite, vu que tu as que dalle en main. »
« C’est exact. Je termine mon tour, à vous. »

Gabriel : 2900 Anthony : 700

Tour de Anthony (1 carte en main, Château Rouages Anciens, Cité des Engrenages, 1 cartes face cachée) :
Anthony retourna la carte du dessus de son paquet, réfléchit longuement, puis hocha la tête pour montrer qu’il avait fait son choix. Les spectateurs commençaient à s’exciter à nouveau, certains criaient leurs encouragements ou des insultes à l’un ou l’autre des deux duellistes. Il fut forcé de se retourner à nouveau, lançant un ultimatum.
« Bon, vous allez la fermer oui ? Je vous fais sortir sinon, alors bouclez-là ! »
Puis, plus calmement, il revint au duel.
« Je vais activer ma carte face cachée, Avidité téméraire. Je peux piocher deux cartes, mais en échange je n’en piocherais pas les deux prochains tours. Vu qu’il n’y aura pas de prochain tour si je me foire, c’est pas cher payé. »
Il retourna encore deux cartes, les ajouta à sa main, et lâcha un juron explosif qui manqua de vriller les tympans du jeune homme.

« Eh, ça c’est vraiment du bol ! Bon, j’invoque un Rouages Anciens (machine/terre/ATK100/800/LV2) en position d’attaque sur le terrain. Ensuite je joue Machine de duplication et je choisis Rouages anciens. Du coup, vu qu’il a moins de 500 d’attaque, je peux invoquer deux autres Rouages Anciens de mon deck. Et pour finir, j’active Rouage Magique. En sacrifiant mes trois Rouages Anciens, j’invoque spécialement un Golem Rouages Anciens (machine/terre/ATK3000/3000/LV8) depuis ma main, et un autre depuis mon deck. On dirait que tu as perdu. »
Il retira d’un geste de la main les trois monstres de son terrain, les joignant au vague tas qui formait son cimetière, puis posa avec délicatesse la dernière carte de sa main sur le terrain. Ensuite il attrapa son jeu et entreprit une fouille méthodique.

« Tu devines sûrement ce que je vais faire, non ? »
« Si, bien évidemment. Dans votre position, vous allez certainement attaquer mon Seigneur de Guerre Cybertech avec votre premier Golem. Puisque, grâce à l’effet de votre Château Rouages Anciens, leurs valeurs d’attaque sont identiques, ils seront tous les deux détruits. Vous n’aurez alors plus qu’à m’attaquer directement avec votre second Golem Rouages Anciens pour gagner. »
« Tu as tout pigé. »
Il trouva enfin son monstre et le posa lentement aux coté du premier, puis remit le reste de son jeu en place sans ménagement. Cette fois, seuls quelques murmures saluèrent l’échange.
« Alors c’est fini, gamin ? T’as vraiment rien pour te défendre ? »
« Rien du tout. Vous avez gagné. »

A ces mots, toutes les personnes présentes hurlèrent leur excitation, leurs ressentis ou encore leur frustration pour les rares qui avaient misé sur la victoire du jeune homme. Anthony fit un geste du bras, pour leur intimer de faire silence, mais sans obtenir le moindre effet. Alors il se leva, dominant la foule de sa haute taille, et hurla une dernière fois.
« Dehors ! Si vous pouvez pas la fermer dix secondes, vous dégagez ! Allez, tirez-vous ! »
Il joignit les gestes à la parole, utilisant son seul bras valide pour pousser tout l’attroupement vers l’extérieur. Après une minute, seuls restèrent dans la salle Anthony, Gabriel, Alicia et quelques clients qui sirotaient des bières au comptoir. Le gérant revint alors s’asseoir à la table, faisant face au jeune homme qui n’avait pas bougé. Il resta un instant à l’observer en attendant une réaction qui ne vint pas. Gabriel était simplement assit là, son seul bras reposant mollement sur ses genoux sous la table. Son regard fixait un point du mur que rien ne semblait distinguer des autres, comme s’il contemplait le vide, mais ses yeux avaient cependant toujours une lueur de vie qui excluait l’hypothèse du désespoir. En fin de compte, il posa la question qui lui brûlait les lèvres.

« On y est, gamin. T’as juré de me dire qui t’étais vraiment si je gagnais, alors tu me dois une réponse. »
« Oui, je m’en rappelle. »
« Alors, t’es qui, bon sang ? »
« Je suis… Je suis Gabriel Jennings, fils de Jonathan Jennings et de Susann Jennings, seul survivant de l’assaut du château qui a eu lieu la nuit dernière et donc héritier légal de la Compagnie Jennings. »
A peine avait-il donné son nom complet que tous les regards se braquèrent sur lui. La mâchoire d’Alicia sembla se décrocher alors qu’elle ouvrit la bouche, incrédule, voulant intervenir sans savoir quoi répondre, et ses yeux allèrent du jeune homme à chacune des autres personnes présentes en s’agitant. Seul Anthony garda son calme, croisant son bras valide avec le blessé et s’appuyant lourdement sur le dossier de sa chaise dans une expression de satisfaction. Il plongea son regard dans celui du jeune homme, qui le soutint sans sourciller avec l’air grave et le visage dur. Il finit cependant par lever les yeux au ciel, riant légèrement, et se leva.

« Ça explique bien des choses, faut bien l’admettre. J’avoue que je l’avais un peu vu venir, tu ressembles vachement à ton père vu de près. Enfin, au moins c’est dit ! »
Il fit le tour de la table, se plaça à coté de Gabriel, et lui tendit la main en souriant. A coté de lui, Alicia prit appui sur son épaule et mit son visage devant celui de son père, l’air toujours aussi incrédule.
« Quoi, c’est sérieux ? Il est vraiment LE Gabriel Jennings, et tous les autres trucs qu’il a dit ? C’est pas juste un gamin qui s’la pète ? »
« Et pourquoi pas ? Le château a été attaqué, c’est un fait, alors ça me paraît crédible. En plus, il connait pleins de trucs sur la technologie de pointe Momentum, il avait un androïde avec lui et son jeu est truffé de cartes super rares, alors franchement je le crois ! »

Puis il écarta la jeune femme d’un léger mouvement du bras, la forçant à se décaler et à quitter son épaule un instant, puis reporta son attention sur Gabriel.
« Alors, Monsieur Jennings, vous vouliez pas mener une enquête, à la base ? »
A ces mots, Gabriel sourit à son tour. Il attrapa la main d’Anthony, qui le tira et l’aida à se redresser.
« Si, vous avez raison. Et votre aide serait la bienvenue. »
« Oh, arrête de me vouvoyer, bordel. Ça devient lassant à la fin, tu sais ? »
« Très bien, comme vous… Euh, comme tu voudras. »
Tout en parlant, ils avaient prit la direction de la porte. Anthony passa son bras valide par-dessus l’épaule du jeune homme et éclata de rire.
« On va se marrer, tout les deux ! »


Et voilà! Maintenant, la preview!

Il dégaina son revolver et le braqua sur sa nuque d'un geste.
« C'est quoi ce délire? Qu'êtes-vous réellement? »
Chapitre VI: Enterrement prématuré


Et maintenant, les cartes!
Celles de Gabriel d'abord, le nouvel archétype Cybertech!

Espion Cybertech
(guerrier/terre/ATK800/400/LV2)
Ce monstre est aussi considéré comme étant de type machine.
Si ce monstre est dans votre main, révélez-le à votre adversaire durant votre tour pour regarder sa main et choisir une carte à défausser. Invoquez ensuite spécialement ce monstre sur votre terrain en position d'attaque.
Si ce monstre est invoqué spécialement par son propre effet, ses valeurs d'attaque et de défense d'origine sont divisées par deux. Il ne peut ni attaquer ni changer sa position de combat durant ce tour.


Sniper Cybertech
(guerrier/terre/ATK1200/600/LV3)
Ce monstre est aussi considéré comme étant de type machine.
Si ce monstre est dans votre main alors que votre adversaire active une carte magie, révélez-le à votre adversaire pour annuler l'activation de la carte magie et la détruire. Invoquez ensuite spécialement ce monstre sur votre terrain en position d'attaque.
Si ce monstre est invoqué spécialement par son propre effet, ses valeurs d'attaque et de défense d'origine sont divisées par deux. Il ne peut ni changer sa position de combat ni déclarer d'attaque durant ce tour.


Démineur Cybertech
(guerrier/terre/ATK700/1400/LV3)
Ce monstre est aussi considéré comme étant de type machine.
Si ce monstre est dans votre main alors que votre adversaire active une carte piège, révélez-le à votre adversaire pour annuler l'activation de la carte piège et la détruire. Invoquez ensuite spécialement ce monstre sur votre terrain en position d'attaque.
Si ce monstre est invoqué spécialement par son propre effet, ses valeurs d'attaque et de défense d'origine sont divisées par deux. Il ne peut ni changer se position de combat ni déclarer d'attaque durant ce tour.


Assassin Cybertech
(guerrier/terre/ATK1800/900/LV4)
Ce monstre est aussi considéré comme étant de type machine.
Si ce monstre est dans votre main alors que votre adversaire invoque normalement un monstre, révélez-le à votre adversaire pour annuler l'invocation de ce monstre et le détruire. Invoquez ensuite spécialement ce monstre sur votre terrain en position d'attaque.
Si ce monstre est invoqué spécialement par son propre effet, ses valeurs d'attaque et de défense d'origine sont divisées par deux. Il ne peut ni changer sa position de combat ni déclarer d'attaque durant ce tour.


Défenseur Cybertech
(guerrier/terre/ATK1000/2000/LV4)
Ce monstre est aussi considéré comme étant de type machine.
Si ce monstre est dans votre main alors qu'un monstre de votre adversaire déclare une attaque, révélez-le à votre adversaire pour annuler cette attaque et détruire le monstre attaquant. Invoquez ensuite spécialement ce monstre sur votre terrain en position d'attaque.
Si ce monstre est invoqué spécialement par son propre effet, ses valeurs d'attaque et de défense d'origine sont divisées par deux. Il ne peut ni changer sa position de combat ni déclarer d'attaque durant ce tour.


Seigneur de Guerre Cybertech
(guerrier/terre/ATK3000/1500/LV8)
Ce monstre est aussi considéré comme étant de type machine.
Vous pouvez invoquer spécialement ce monstre durant votre tour en retirant du jeu trois monstres Cybertech sur votre terrain qui ont étés invoqués par leurs propres effets. Ce monstre gagne alors les effets suivants:
-Si ce monstre combat un monstre en position de défense, l'attaque de ce monstre est doublée durant la Damage step uniquement.
-Si ce monstre combat un monstre en position de défense dont la défense est inférieure à son attaque, il inflige des dégâts à votre adversaire égaux à la différence entre son attaque et la défense du monstre attaqué.


Leurre de Mêlée Cybertech
(carte piège)
Vous pouvez activer cette carte lorsque vous invoquez spécialement un monstre Cybertech par son propre effet durant le tour de votre adversaire, alors que vous contrôlez déjà un monstre Cybertech. Les monstres de votre adversaire ne peuvent ni déclarer d'attaque ni changer de position de combat jusqu'à la End phase de ce tour, sauf sous l'effet d'une carte.


Relève
(carte magie)
Lorsque vous activez cette carte, retirez du jeu un monstre Cybertech de votre main pour piocher deux cartes.


Fusil Cybertech à Répétition
(carte magie d'équipement)
Vous ne pouvez équiper cette carte qu'à un monstre Cybertech. Le monstre Cybertech équipé de cette carte gagne 300 points d'attaque.
Une fois par tour, vous pouvez défausser jusqu'à 4 cartes de votre main au cimetière. Le monstre équipé de cette carte gagne une attaque supplémentaire lors de ce tour pour chaque carte défaussée.
Un même monstre Cybertech ne peut être équipé que d'un Fusil Cybertech à la fois.


Et voilà! Maintenant les deux cartes d'Anthony!

Justicier Mécanique
(machine/terre/ATK300/200/LV1)
Si votre adversaire contrôle au moins un monstre de plus que vous, vous pouvez invoquer spécialement ce monstre sur votre terrain.
Si vous contrôlez au moins un monstre de plus que votre adversaire, vous pouvez invoquer spécialement ce monstre sur le terrain de votre adversaire.


Défense Zéro
(carte contre-piège)
Durant le tour où vous activez cette carte, les valeurs d'attaque et de défense de tous les monstres que vous contrôlez devient 0, et leurs effets sont annulés. Ils ne peuvent pas être détruits jusqu'à la End Phase du tour où vous avez activé cette carte.


Et voilà! A la prochaine! Et n'hésitez pas à commenter!

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N'est pas mort ce qui à jamais mort,
Et au long des ères peut mourir même la mort.

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comipadestruction

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Envoyé par comipadestruction le Jeudi 14 Avril 2011 à 11:25


Cool! Ton histoire n'est pas du genre gros co* qui veux sauver ses amis coute que coute. On dirait un truc réel!! Génial, continue comme ça!

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Lachez des commentaires sur mon Deck!http://www.finalyugi.com/yugioh-forum-viewtopic-6-46859.html#2035544

97% des adolescents pleureraient si Justin Bieber sautait du haut d'un immeuble de 90 étages. Si vous faites partie des 3% qui seraient tranquillement assis sur leur fauteuil avec du pop corn à la main en criant << Saute !!!! >> , copiez ce message sur votre signature.


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Envoyé par yvan_doutre_mer le Mercredi 11 Mai 2011 à 17:00


Et me revoilà! Avec un nouveau chapitre en prime! Bon, je sais, ça fait longtemps, mais ce chapitre a été difficile à écrire. Et le suivant le sera aussi très probablement, parce que j'ai beaucoup d'autres choses à faire en ce moment. Enfin bref, voilà le chapitre, alors lisez, commentez, faites-vous plaisir!

Chapitre IV: Enterrement prématuré

Morgane s’arrêta. Elle ignorait le temps qui s’était écoulé depuis qu’elle avait commencé à monter cet escalier noir, dépourvu de lumière. Elle ignorait également combien de temps elle était restée dans les Enfers avant de parvenir à sortir. En définitif, elle n’avait pas la moindre idée de la durée qui séparerait son retour dans le monde des vivants du moment où elle l’avait quitté. La seule chose qu’elle savait, c’était que, pour la première fois depuis le début de son ascension, elle voyait de la lumière. Après quelques instants de réflexion, elle s’élança en courant sur les hautes marches, parcourant toutes celles qui la séparait encore de ce qu’elle espérait être la sortie. Elle arriva alors face à un tunnel de pierre brute, dont le sol était couvert de terre fraichement retournée. Et, à l’autre bout, elle reconnue une forêt.

Il ne lui fallut que quelques secondes pour rejoindre l’extérieur. Là, elle respira une pleine bouffée d’air frai, un air qui n’avait pas été ranci par des millénaires de macération avec des cadavres, un air qui était chargé des odeurs du bois et des fleurs. Autour d’elle, elle vit des arbres verts, immenses, qui formaient comme un plafond végétal de leurs branches. Entre leurs feuilles filtraient des rayons de soleil, procurant un éclairage doux et reposant. De l’herbe couvrait le sol, parsemée de petites fleurs blanches. L’endroit était apaisant, surtout après le temps qu’elle avait passé aux Enfers.

Elle se décida finalement à continuer sa route, à la recherche d’une ville ou d’une quelconque indication sur l’endroit où elle se trouvait. Elle s’éloigna de la grotte, progressant à travers la végétation en suivant un chemin aussi droit que possible. Finalement, elle parvint à une vaste clairière. L’herbe y était plus dense et plus touffue que sous les arbres, masquant presque les quelques souches qui s’y trouvaient. Morgane fit quelques pas, puis s’installa sur l’une d’elles et observa le paysage par delà la forêt. Dans le ciel, le soleil progressait lentement vers son zénith, éclairant la végétation d’une chaude lumière propre aux matins d’automne. Le bois était cerné par de hautes falaises de roche grise, au sommet régulier et plat. Et, sur la paroi la plus proche de la clairière, la pierre semblait taillée pour former ce qui, après un examen peu fiable, semblait être un escalier. Quand ce constat s’imposa à elle, la jeune revenante poussa un long soupir.
« Encore un escalier… »
Et sur ce, elle s’enfonça à nouveau sous les arbres.

Il était presque midi quand Morgane atteignit le sommet de la falaise, et le soleil était haut dans le ciel. Autour d’elle s’étendaient des champs à perte de vue. A une dizaine de mètres, une voie ferrée traversait la plaine et semblait s’étendre à l’infini, bien qu’elle puisse voir un village implanté le long de la voie, loin en amont. Elle rejoignit rapidement le chemin de fer, avec la ferme résolution de le longer jusqu’à une grande ville, et lança un regard en arrière. Ce ne fut qu’alors qu’elle comprit que la forêt qu’elle venait de quitter n’était pas entourée de falaises, mais un havre de paix dissimulé dans une faille qui balafrait la plaine. De là où elle se trouvait, elle pouvait à peine la discerner et ne devinait sa présence que parce qu’elle savait quoi chercher.

Elle fit une courbette, comme pour prendre congé, et se dirigea d’un pas résolu vers le village. Sur le chemin, elle croisa un groupe de paysans qui passaient en sens inverse, installés sur une imposante machine à vapeur qui parcourait les champs, coupant seule les cultures et les collectant dans une remorque. Ils lui firent un petit signe de tête pour la saluer, certains allant jusqu’à poliment soulever leurs chapeaux, et elle leur répondit par un hochement de tête et un grand sourire. Sinon, le trajet fut calme et rien d’autre ne vint le troubler.

Enfin, elle atteignit le village. Quoique incomparable avec des villes aussi importantes que Clocktown ou Longdown, la magistrale capitale de la compagnie Blackburn, il était tout de même assez développé, comptant plus d’une centaine de bâtiments dont son propre hôpital et une centrale à vapeur récente pour alimenter toutes les habitations. Celles-ci étaient généralement hautes, certaines atteignant même les quatre étages, et bien entretenues. Peu d’entre elles étaient décorées, mais elles restaient néanmoins toutes appréciables. Les rues, en revanche, étaient dans un état déplorable. Aucun revêtement ne couvrait la terre molle et, à ce qu’il semblait, il avait plu peu de temps auparavant. A chaque pas, Morgane provoquait des éclaboussures de boue qui maculaient ses bottes et sa robe. Pour minimiser les dégâts, elle soulevait les plis du tissu de sa main gauche en marchant lentement.

Après une demi-heure de marche à travers les rues, elle se retourna d’un mouvement brusque. Elle avait longé la voie ferrée sans croiser une seule âme, ni même entendre un bruit autre que sa respiration ou ses pas. A plusieurs occasions, elle avait eu l’impression d’être observée, de voir des ombres se cacher derrière des fenêtres ou encore d’entendre des murmures, mais elle ne pouvait pas en être sûre. Son passage au royaume des morts ainsi que l’absence d’habitant avaient peut-être conditionné son esprit à voir des choses sans raison. En tout cas, cette fois, aucun doute n’était permis. Que ce soit ses oreilles ou ses yeux, elle percevait la même chose. Une voiture arrivait.

Elle se décala, laissant la route libre pour le passage du véhicule noir. Celui-ci passa lentement devant elle, lui laissant le temps de voir les deux personnes à l’arrière. Elles étaient en pleine discussion et, bien qu’elle ne les entende pas, Morgane comprit aisément qu’elles se disputaient. Alors que la voiture passait lentement devant elle, l’un des hommes sembla la remarquer et, arrêtant de parler, ouvrit de grands yeux. Après seulement quelques mètres à la fixer, il fit un quart de tour, se penchant vers le chauffeur en faisant de grands signes. Au même moment, le second homme tenta de le tirer en arrière, continuant à parler sans interruption. La voiture finit par s’immobiliser, puis recula jusqu’à se placer à son niveau.

Le premier homme, celui qui avait semblé troublé en la voyant, descendit de voiture le premier. Il était assez âgé, la soixantaine sans doute derrière lui, et ses cheveux impeccablement coiffés comme sa barbe finement découpée étaient d’un brun clair parsemé d’énormément de blanc. De même, sa peau était tirée et creusée de rides qui conféraient à son visage une aura de sagesse. Il portait une veste noire, maintenue fermée par une série de boutons en or dont seul le plus bas était attaché, sur un veston blanc cousu de motifs au fil d’or qui montait jusqu’à son cou. Celui-ci laissait dépasser un foulard blanc épais enroulé autour de sa gorge, formant un nœud épais avant de rentrer sous les autres vêtements. Ses jambes maigres étaient protégées par un pantalon noir lui aussi, très simple, tenu par une ceinture à laquelle pendait un pistolet de bonne facture. En sortant de son véhicule, il éclaboussa le bas du tissu de boue, ne prenant pas gare à ne pas se salir. Il avança rapidement vers Morgane, murmurant des mots qu’elle ne parvint pas à comprendre. Il arriva enfin à son niveau et, plongeant ses yeux d’un vert profond dans les siens il empoigna ses épaules, s’adressant alors à elle.
« Katelyne, est-ce toi ? Mes yeux me jouent-ils des tours ? Oh, Katelyne, je t’en supplie, dis-moi que c’est toi ! »
Mal à l’aise, elle voulut se libérer, ne sachant pas quoi répondre. Mais, avant qu’elle ait pu tenter quoi que ce soit, le second homme était sorti du véhicule lui aussi.

Il était grand, dépassant aisément la jeune femme ou le vieil homme d’une tête, et également plus athlétique qu’eux deux, sans pour autant que cela paraisse excessif. Il était aussi plus jeune, ne semblant qu’avoisiner la quarantaine. Il portait un uniforme militaire composé d’un manteau vert foncé orné d’épaulières rouges et or, fermé jusqu’au col par deux rangées de boutons en argent, ainsi que d’un pantalon en toile épaisse de la même couleur et d’une paire de hautes bottes en cuir brun. Sur la partie gauche du manteau, une vingtaine de décorations militaires diverses sautaient à chacun de ses pas, sans pour autant parvenir à s’entrechoquer. A sa ceinture, une paire de pistolets neufs, presque luisants, étaient rangés dans leurs étuis au coté d’une longue lame effilée.
Son visage était en adéquation avec le reste de son apparence, c'est-à-dire fin, sévère et droit. Son nez, court et pointu, soutenait une paire de fines lunettes derrières lesquelles ses yeux d’un bleu électrique semblaient scruter les environs avec méfiance. Enfin ses cheveux, parfaitement noirs, étaient taillés courts et surmontés d’une casquette verte, ornée d’un symbole de phénix en argent qui reflétait le soleil.
I
l les rejoignit rapidement et posa une main sur l’épaule du vieil homme.
« Ce n’est pas elle, monsieur, vous le savez. Et nous n’avons pas vraiment le temps de nous arrêter dans un coin aussi paumé. »
A ces mots, celui-ci s’arrêta de parler et fit un pas en arrière, observant Morgane plus en détail. Après quelques longues secondes durant lesquelles personne n’osa parler, il poussa un soupir et se retourna.
« Tu as raison, Lucius. Mais pourtant… Elle lui ressemble tant ! »
« Je sais, Monsieur, mais ce n’est pas une raison. Et puis, regardez-là, c’est une paysanne ! Il suffit de voir sa robe sale et rapiécée pour s’en rendre compte ! »
En l'entendant, Morgane s’énerva. Elle se plaça entre les deux hommes et se mit à crier, surtout à l’attention du militaire.
« Une paysanne ? Mais je ne vous permets pas ! Il est peut-être vrai que ma robe a souffert de mes récents déboires, et il est également vrai que marcher dans cette infâme bouillasse a gravement nui à sa propreté, mais je suis tout de même… »

Avant qu’elle ne puisse terminer sa phrase, elle fut interrompue par le bruit d’un coup de feu. Se retournant en un instant, elle vit un homme, sortant à peine d’une des maisons, un revolver à la main. Il était vêtu pauvrement, ses pieds nus salis par la boue, et son arme était dans un état d’ancienneté avancé. Autour de lui, plusieurs autres hommes commençaient à se regrouper, tout aussi sales et pauvres mais moins bien équipés, ne maniant que des couteaux ou des lames rouillées. Celui qui maniait le revolver, et semblait être une sorte de chef, s’avança et prit la parole.
« Bien le bonjour, messieurs les riches. Nous ne sommes que d’humbles gens, sans argent. Et nous espérons que vous saurez vous montrer généreux, sinon… Bah, votre argent sera à nous de toute faç… »

Un nouveau coup de feu retentit, cette fois venant du militaire. Profitant du temps que leur agresseur avait perdu à parler, il avait dégainé et tiré droit dans sa tête. Celle-ci fut transpercée par la balle, et l’homme s’effondra en arrière dans une gerbe de sang. L’espace d’un instant, personne ne sut comment réagir. Le sang coulait du trou béant dans le front du chef des bandits, se mêlant à la terre molle. Finalement, l’un d’entre eux poussa un cri et se rua en avant, levant son arme vers le ciel. Ses camarades le suivirent, hurlant eux aussi.

Face à eux, Morgane eu juste le temps de dégainer le katana que lui avait laissé Sakaï pour parer un coup de sabre émoussé. La lame s’arrêta à moins d’un centimètre de son visage. En un instant, elle retrouva les réflexes de ses cours d’escrime. Elle força et détourna le métal, puis fit un pas en arrière. Là, elle se mit en position et frappa. La lame trancha l’air en ligne droite puis pénétra la chair. Le sang gicla alors que la pointe de l’arme émergeait dans le flanc du bandit. Puis la jeune femme retira le sabre, laissant le corps sans vie chuter au sol. Mais déjà un autre homme chercha à la frapper, manquant son visage de son couteau. Immédiatement, Morgane fit un quart de tour et frappa. Le tranchant de la lame lui ouvrit le ventre et brisa ses côtes. Il fut projeté en arrière dans un hurlement de douleur, le bruit de sa chute amorti par le sol spongieux.

A ce moment, Morgane ressentit une douleur dans son dos et fit volte face. Elle se trouva nez-à-nez avec un homme sale et mal rasé, au sourire usé et constellé de trous. Sans attendre, elle frappa. Mais sa lame fut bloquée par la main gauche du bandit et le couteau qu’elle tenait. De sa main encore libre, il brandit une seconde arme et visa la tête de la jeune femme. Mais au dernier moment, un sabre fin s’interposa, lui tranchant le poignet. D’un regard, elle vit que celui qui l’avait sauvée était le militaire. Sans prendre le temps de le remercier, elle dégagea son katana et empala son agresseur. Celui-ci poussa un gémissement et lâcha son poignard. Puis il s’effondra tandis que la jeune femme récupérait son arme.

Dans l’ivresse du combat, elle chercha un nouvel adversaire des yeux. Mais tous gisaient au sol, se vidant de leur sang, morts ou agonisant. Seuls les deux hommes de la voiture étaient encore debout, et le seul sang qui tâchait leurs vêtements était celui de leurs victimes. Ce ne fut qu’alors qu’elle réalisa ce qu’elle venait de faire. Qu’elle venait de tuer trois personnes froidement, de les exécuter sans remord ni hésitation. Certes, elle s’était seulement défendue, mais cette pensée ne parvenait pas à ôter toute l’horreur de la situation. Elle resta comme paralysée, le sabre encore rouge de sang à la main.

Mais, après quelques instants, la voix du vieil homme la tira de sa tétanie. Elle tourna lentement la tête vers lui, le regard vide, alors qu’il rangeait son revolver.
« Je vous remercie de votre aide, mademoiselle. Sans vous, nous aurions sans doute été submergés. »
Derrière lui, le militaire poussa un soupir en nettoyant sa lame, levant les yeux au ciel. Sans en tenir compte, Morgane acquiesça, ne sachant pas quoi dire. L’homme se rapprocha alors, se plaçant juste devant elle.
« Excusez-moi si je vous parait indiscret, je n’ai pu m’empêcher de remarquer votre style très… académique. Auriez-vous étudié l’escrime auprès d’un maitre d’armes ? Et plus important encore, quel est votre nom ? »
« Je me nomme… »

S’apprêtant à donner son véritable nom, Morgane se ravisa. S’ils découvraient que Morgane Jennings était morte, ils la prendraient pour une imposteur. Ou pire, ils comprendraient qu’elle était une revenante. Aussi, dans le doute, donna-t-elle une fausse identité. Pour paraitre cohérente, elle choisit un titre important sans être un titre de premier plan, qui paraitrait crédible sans qu’il soit trop aisé de découvrir la vérité.
« Eveleen Carter. Je suis la fille du vice-directeur du secteur de recherche chimique de la compagnie Jennings. Et puis-je savoir à qui j’ai l’honneur de m’adresser ? »
Avant même d’entendre la réponse, elle sut qu’elle avait fait une erreur. Le visage du vieillard lui était désespérément familier, bien qu’elle ne parvienne plus à l’identifier.
« Comment, vous l’ignorez ? J’aurais imaginé que vous m’auriez reconnu ! Je suis Alexander Blackburn, directeur de la compagnie Blackburn ! »
A ces mots, elle ouvrit de grands yeux, la bouche béate, se maudissant de sa stupidité. D’un seul coup, sa visite au manoir Blackburn lui revint en mémoire. Elle avait eu lieu plusieurs années auparavant, alors qu’elle avait à peine dix ans, mais elle se souvint que cet homme important, peut-être le plus puissant de tout Helvura, lui avait paru bien moins imposant que son titre ne le laissait supposer.

« Enfin, passons. Vous m’intriguez, mademoiselle Carter. Je vous serais gré de m’accompagner à Longdown, si cela ne vous dérange pas. Vous aurez ainsi l’occasion de me conter comment une jeune femme de bonne famille telle que vous est arrivée dans cette ville lointaine, seule, dans une robe usée ? »
Tout en parlant, il se rapprocha de la voiture et l’invita à le suivre d’un geste avenant. Elle lui emboîta le pas, réfléchissant à une raison valable de se trouver ici. Cependant, sa situation était si étrange qu’elle ne trouva rien.

Ils passèrent devant le militaire, qui tenta de protester en se penchant vers son maitre.
« Mais enfin, monsieur, nous n’avons aucune information sur elle, elle pourrait… »
Mais le président leva le bras pour lui intimer le silence, ne s’arrêtant même pas.
« Silence, j’ai prit ma décision. Mais merci de vous manifester, je vous avais presque oublié. Mademoiselle, je vous présente Lucius Conningham, le général en chef de nos forces militaires. »
Morgane le salua d’une courbette. Elle ne fut pas étonnée de son titre martial, car la compagnie Blackburn était la dernière à avoir une armée conséquente et officielle. Celle-ci était d’ailleurs spécialisée dans la production de matériel militaire, et était chargée d’assurer la défense d’Helvura en cas d’attaque. Celui-ci, alors qu’elle l’avait dépassé de quelques mètres, l’interpella après un long soupire.
« Excusez-moi, mais vous avez une blessure dans le dos. Vous devriez me laisser examiner ça avant que ça s’infecte. »

Le président paru enthousiaste à cette idée, remerciant Lucius pour son initiative. Morgane accepta également et se tourna, montrant l’estafilade dans son dos au soldat qui rejoignit la voiture en quelques pas pour y prendre une trousse de premier soin. Il se plaça alors derrière elle et sortit une paire de ciseaux, découpant le tissu autour de la plaie. Après quelques instants il poussa un cri de surprise qui fit sursauter Morgane et Alexander. Il dégaina son revolver et le braqua sur sa nuque d’un geste.
« C'est quoi ce délire? Qu'êtes-vous réellement? »
« Mais qu’est-ce qui vous prend, Lucius ? Reposez ce revolver, je vous l’ordonne ! »
En entendant les deux hommes crier, Morgane leva les bras en l’air par réflexe.
« Venez plutôt voir ici, Monsieur, vous comprendrez mieux le problème ! »
Celui-ci, interloqué, rejoignit son général et eu un hoquet de surprise.
« Comment ? Cela ne se peut ! Vous avez… Non ! Avec un tel trou au travers de votre corps, vous devriez être morte ! »

Morgane ouvrit de grands yeux, ne comprenant pas ce dont il pouvait être question. Puis soudainement, elle se souvint. Lorsqu’elle était partie récupérer les fleurs, aux Enfers, elle s’était empalée sur une stalagmite. Et le trou béant que cela avait ouvert dans son ventre n’avait pas encore eu le temps de se refermer, ne serais-ce qu’un peu. Elle ferma les yeux, se maudissant intérieurement de sa maladresse, et se retint de jurer.
« Expliquez-moi ! Par quel miracle pouvez-vous encore vivre avec une telle blessure ? »
Elle rouvrit les yeux, ne bougeant toujours pas. Elle sentait encore le froid métal du revolver collé à sa nuque. Un long moment se passa sans qu’elle réponde, ne trouvant pas quoi dire. Dans son dos, les deux hommes attendaient sans parler. Après ce qui lui sembla être une éternité, elle se décida néanmoins à prendre la parole.
« C’est que… Je ne vis plus. »
Elle n’obtint aucune réponse, sinon un lourd silence et une absence de réaction qui l’incitèrent à poursuivre.
« Je suis effectivement morte, mais c’est une très longue histoire. La situation n’est pas idéale pour vous la conter, mais sachez que je ne vous veux aucun mal. »

Une fois encore, elle n’obtint pas de réponse. Mais, alors qu’elle s’apprêtait à raconter une histoire, inventée de toute pièce bien évidemment, un éclat de rire la retint. Elle tourna légèrement la tête et vit le vieil homme qui riait à pleins poumons, sous le regard interrogateur de Lucius. Il lui fallut une dizaine de secondes pour se reprendre, durant lesquelles ni Morgane ni le général n’osèrent l’interrompre. Une fois son souffle reprit, il prit la parole en souriant.
« Vous avez une histoire bien singulière, en effet. J’admets que j’ai hâte de l’entendre ! Quand à mon offre, elle est toujours valable si vous désirez me suivre. Qu’en pensez-vous ? »
En entendant ces, mots, Lucius lança un regard d’incompréhension et d’incrédulité à son supérieur, sans baisser son arme.
« Mais, monsieur… »
« Je vous accompagnerais avec joie, monsieur Blackburn. »
« Très bien, alors ne tardons pas ! Nous devons rentrer au château en urgence, nous n’avons pas le temps de trainer. Lucius, rangez donc cette arme, vous pourriez blesser quelqu’un ! »

L’intéressé maugréa une réponse inaudible en rangeant son arme, les yeux baissés. En passant devant lui, Morgane reconnut une expression à mi-chemin entre la rage et la résiliation.
Celui-ci fit le tour de la voiture et rejoignit la portière du conducteur. Au sol, le corps sans vie de celui-ci s’enfonçait lentement dans la boue, la gorge tranchée, entouré d’une marre rouge que le militaire ne prit pas même la peine d’éviter en s’asseyant au volant. Morgane prit sa place à l’arrière, au coté du président Blackburn. Elle ne réalisa qu’alors que sa situation ne pouvait être meilleure. Elle était revenue dans le monde des vivants, et discutait avec l’homme à la tête de la plus puissante force armée du pays. Avec de la chance, peut-être pourrait-elle le convaincre d’aider la compagnie Jennings et d’aider sa famille. Oui, tout était pour le mieux.


Et voilà! Bon, il n'est peut être pas très long par rapport au précédent, mais mine de rien, les duels, ça rallonge. Bon, et maintenant, la preview!

Le tenancier toussota et, une fois certain qu'on l'écoutait, murmura quelques mots.
« Je vous conseille l'arrière-salle. C'est plus calme et surtout, plus discret. Puis vous pourrez commander ce qui vous fait plaisir, c'est le patron qui offre!»
Chapitre VII: Retour explosif

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N'est pas mort ce qui à jamais mort,
Et au long des ères peut mourir même la mort.

Abdul Alazred, in Necronomicon

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