Envoyé par le Dimanche 05 Mars 2017 à 23:10 Chapitre 10: pureté
Spoiler : Très vite, ce fut le chaos dans le temple. Les monstres détruisirent en premier lieu les statues des guerriers de jadis, les réduisant en gravats. Tous s’étaient rassemblés autour des quatre prêtres, tous excepté Hélios qui se tenait au milieu du chaos comme s’il ne se passait rien. Je lui criais de se venir se mettre à l’abri mais c’était comme s’il n’entendait rien. Il ne bougeait pas d’un pouce, ne faisait rien pour arrêter les créatures ni même se défendre. Il était simplement un observateur. Je voyais les visages de esprits de duel se crisper un peu plus à chaque statue détruite, il fallait que je fasse quelque chose. Une voix grave surgit alors dans ma tête, m’ordonnant de libérer toute ma puissance. Je me figeai instantanément car je l’avais reconnue. Il s’agissait d’Ouroboros, et je savais ce qu’il voulait que je fasse. Mais…son pouvoir me terrifiait tant, je craignais de perdre le contrôle de moi-même si je faisais cela. Les paroles d’Hélios me revinrent alors en tête. Ils font partie de moi, ils sont moi, je ne peux pas les rejeter, au contraire, je dois les accepter. Tremblante, je saisis la carte maudite dans ma poche. Un halo sombre l’entourait comme toujours. Je pris mon courage à deux mains et je la brandis haut dans le ciel. -Glace corrompue par le mal, déchaine tes sombres pouvoirs et emprisonne tous mes ennemis dans les profondeurs gelées des abysses, je fais appel à toi, Ouroboros, Colonie du mal ! Le halo sombre s’intensifia et un éclair sombre descendit du ciel et s’abattit en plein sur l’une des créatures qui n’eut pas le temps de comprendre ce qui lui arrivait. Lorsque la fumée se dissipa, elle laissa apparaître une créature au corps noir à trois têtes, chacune recouverte d’un masque les dissimulant les partie. Tous les esprits de duels reculèrent comme un seul homme à la vue de cette terrifiante créature qui leur avait couté tellement de vie par le passé. Les prêtres rugirent de colère quant à eux. -Hélios, tu étais derrière tout cela ! L’accusa celui à la voix la plus grave. -Je ne vois pas du tout de quoi vous voulez parler ; répondit-il après un temps d’hésitation en haussant les épaules. Mais vous ne pensez pas avoir un autre problème plus important à régler ? -Toi…tu ne perds rien pour attendre ! Il se retourna, un sourire malicieux aux lèvres. Je ne comprenais pas moi-même ce qu’il voulait faire, cela faisait longtemps que j’avais renoncé à essayer de le comprendre. Mais, pendant que j’avais encore toute ma lucidité, j’ordonnais à ouroboros d’entrainer les créatures sombres hors du temple. D’un battement d’aile, il les fit voler à l’extérieur comme de simples brindilles, sous les yeux effarés des prêtres. La bataille prit alors un tournant totalement différent une fois dehors. Ouroboros avait à présent toute la place nécessaire pour se déplacer. Il s’envola haut dans le ciel avant de plonger sur les ennemis. Ceux qui ne réussirent pas à s’enfuir furent congelés sur place. Les créatures se firent par la suite plus prudentes. Les simples rayons glacés d’Ouroboros ne les atteignaient plus, ils avaient réussi à les anticiper et les éviter. -Ouroboros, derrière toi ! Hurlai-je en voyant l’une des bêtes se jeter sur lui. Il se retourna, mais trop lentement et la créature réussit à le mordre au coup. Il poussa un cri de douleur et tenta de s’en débarrasser en se débattant dans tous les sens mais la bête tenait bon. Pendant ce temps là, d’autres s’agglutinaient à ses pieds, lui jetant des coups de griffe rapides mais fatals. Le grand dragon de glace finit par s’effondrer au sol. Je voulais aller l’aider, mais je ne pouvais rien faire, d’autant plus que dans ce monde, je ne pouvais pas invoquer d’autre monstre pour lui venir en aide. -Tu ne sembles pas très synchro avec ton monstre ma chère ; dit alors Hélios adossé aux murailles. -Que voulez-vous dire ? -Dans ce monde, tout est une question de coordination entre l’esprit de duel et son possesseur. Si tu ne fais rien pour lui, il ne pourra rien faire pour toi, et je vois bien que tu ne lui fais même pas confiance, je me trompe ? Je me retournai vers Ouroboros. Il était vraiment mal, attaqué de tous les côtés et cloué au sol. Sa taille était plus un handicap qu’un avantage car il devenait une cible facile. Mais je ne savais vraiment plus quoi faire, je ne pouvais pas faire confiance à une créature aussi maléfique, elle risquait de prendre le contrôle sur moi ou même pire… -Laura ; dit alors la voix grave dans ma tête. -Non, non, non ! Plus jamais je ne sombrerai ! Tu m’entends Ouroboros, je ne rependrai plus le chaos, plus jamais ! J’entendis alors Hélios soupirer derrière moi. -Aide-moi…Laura…dit alors Ouroboros d’une voix suppliante. Je fus sidérée qu’il me demande de l’aide, lui qui avait toujours essayé de prendre le dessus sur moi, lui le produit de la malédiction du dragon lui la créature corrompue par le mal. Mais cette fois-ci, il ne semblait y avoir qu’une vraie supplication derrière son appel. Je regardai Hélios derrière moi. Je devais faire confiance à mon monstre et l’accepter… A contre-coeur, je laissais Ouroboros pénétrer mon esprit et je m’engouffrai dans le sien. Cependant, je n’y trouvais aucune haine ni colère cette fois-ci. Il n’y avait qu’un désir profond d’écraser les créatures qui le tenaient au sol. Sans savoir comment, je lui insufflai mon propre désir de victoire et de protection du temple. Une vive lumière émana du grand dragon sombre, lumière qui fit reculer ses assaillants. Je lui ordonnais de profiter de cette occasion pour se remettre au combat, ce qu’il fit immédiatement. Il se redressa de toute sa taille pour dominer les minuscules créatures. Il inspira un grand coup et relâcha un souffle d’une froideur incroyable qui gela tous autour de lui dans un rayon de dix mètres. Aucun n’eut le temps se cacher et tous les ennemis furent immobilisés instantanément. -On dirait que tu as réussi, mais je n’en doutais pas ; déclara Hélios avec une tape amicale dans le dos. -Réussi ? -Tu as accepté Ouroboros et donc la malédiction. -Vous pensez réellement ? Je tournais mon regard dans les yeux rouges du dragon et quelque chose au fond de moi changea. Je n’avais plus peur d’Ouroboros. Je n’allais pas encore jusqu’à lui faire totalement confiance, mais il ne m’effrayait plus comme avant, je ne le rejetais plus totalement. Il grogna encore une fois avant de disparaître, laissant derrière lui un champ de glace et des créatures des ombres congelées un peu partout. Les prêtre arrivèrent juste après et eurent l’air effarés devant ce spectacle. -Hélios, qu’est-ce que… -Oubliez un peu la colonie ; râla-t-il. Elle est notre alliée pour cette bataille. Mais je crois que je commence enfin à voir ce qu’il se passe… -Ah oui ? Quoi donc Hélios ? Demanda le prêtre au bâton. -Faites moi juste confiance. Je vais arrêter tout cela. -Hélios… Avant qu’ils n’aient pu dire un mot, Hélios s’enfuit en courant sur le chemin. Je pris un air gêné et je m’excusai à sa place avant de m’élancer à sa suite. Je le rattrapai rapidement et je lui ordonnai de m’expliquer. -Tout cela n’est pas bon Laura ; se contenta-t-il de répondre sans s’arrêter. Je voulus lui en demander d’avantage mais il accéléra le pas, m’obligeant à me taire pour économiser mon énergie. Nous fûmes de nouveau sur la plage en un rien de temps et il s’arrêta enfin. Je m’effondrai sur le sol à bout de souffle. -Alors…est-ce que…vous allez…enfin…m’expliquer ? Redemandai-je tout en reprenant mon souffle. -Je dois voir Nephilim. -Quoi ? Mais vous êtes fou ? M’étranglai-je. -Pas du tout, comme je te l’ai dit, je crois comprendre ce qu’il se passe. Mais pour en être sûr, je dois voir cette Nephilim. -Et où allez-vous la trouver ? -Très simple, il suffit de suivre les traces. Il désigna des empreintes au sol, celle des créatures nous ayant attaqué quelques minutes plus tôt. La simplicité d’Hélios était parfois si déconcertante… Ainsi, nous remontâmes la piste en silence. Je n’osais pas dire un mot, de peur d’attirer d’autres monstres et Hélios semblait encore une fois perdu dans ses pensées. Mais à quoi pouvait-il bien penser tout ce temps ? Nous marchâmes une bonne demi-heure avant d’arriver à la lisière d’un bois sombre. Si sombre que je ne pouvais même pas distinguer ce qui se trouvait au delà du troisième arbre. Mais les traces passaient par ici et Hélios n’hésita pas une seconde et pénétra le bois. La peur de rester seule en terre inconnue fut plus forte et je pris sa suite. Quand je disais que le bois était sombre, c’était un euphémisme. On n’y voyait rien à un mètre. Heureusement que l’armure d’or d’Hélios émettait un peu de lumière sinon je l’aurais perdu depuis un bon moment déjà. Mais je n’étais pas plus à l’aise pour autant. Je sursautai à chaque bruissement de feuille et chaque cri de chouette, hibou ou autre animal me faisait frôler la crise cardiaque. Pour compléter ce sentiment de malaise, je sentais Ouroboros rire de ma peur au fond de moi. Evidemment, lui, la créature des ténèbres n’avait pas peur d’un bois sinistre, mais moi je n’étais qu’une fille de seize ans. -Si tu veux, je tu peux me donner le contrôle de ton corps comme ça… -Rêve toujours Ouroboros ; le coupai-je. Le sombre dragon repartit bouder dans un coin de mon esprit, même si pour une fois, j’aurais bien aimé pouvoir me disputer avec lui un peu plus longtemps, juste histoire de ne pas me sentir trop seule dans les ténèbres. Finalement, nous arrivâmes à une petite clairière ou le soleil perçait très difficilement, mais perçait tout de même, me laissant distinguer une petite habitation. Un frisson me parcourut lorsqu’Hélios se dirigea droit dessus. Il ne comptait quand même pas sérieusement entrer là-dedans…si ? Malheureusement, c’est exactement ce qu’il fit. Il ouvrit la porte et entra comme s’il était chez lui. S’il croyait que j’allais entrer dans un truc pareil, il se mettait le doigt dans l’œil ! Je tournais le dos à la sinistre bâtisse…pour faire face au sombre bois. J’avais un choix difficile à faire : entrer dans une maison visiblement hantée mais être avec quelqu’un, ou bien attendre seule dehors, exposée à tous les dangers invisibles de la forêt…Un cri d’animal sauvage assez peu amical me fit choisir la maison hantée. Je m’étais précipitée à l’intérieur si bien que je me heurtai à quelque chose de dur et je poussai un cri de terreur avant de voir qu’il ne s’agissait que d’Hélios. -Il fait bien sombre ici, tu n’aurais pas vu un interrupteur ou quelque chose du genre Laura ? -Je… Je m’apprêtais à lui répondre une évidence, lorsqu’une lumière rougeâtre venue de nulle part illumina la pièce, me laissant contempler un sombre spectacle. Tout autour de moi, des sortes de poupées de monstres se tenaient, démantelées, des fils pendant au sol. C’était officiel, je me trouvais dans une maison hantée. Je me souvins d’un film où le héros se retrouvait entouré de poupées tueuses et ce décor était très similaire… Hélios prit alors l’une des poupées dans ses bras et ma réaction immédiate fut de la lui arracher des mains et de la jeter au loin. -Mais vous êtes fou ? Vous voulez vraiment les réveiller ? -Allons Laura, ce sont simplement des poupées et… Un craquement retentit au loin et je me figeai immédiatement. Nous…n’étions pas seuls ici. Je reculai prudemment, cherchant le centre de la pièce afin de m’éloigner le plus possible de ces poupées maléfiques. Une fenêtre grinça. Le vent…ce n’était que le vent, enfin, je l’espérais. -Je sens…une très haute énergie nous entourer ; dit soudainement Ouroboros. Je dus me retenir pour ne pas crier lorsqu’il surgit dans mon esprit. -Comment cela ? Lui répondis-je mentalement. Il ne dit rien mais je sentis une sorte d’angoisse dans son esprit. Génial, voilà que même une créature des ténèbres se mettait à paniquer, que devais-je faire dans ce cas ? Soudainement, j’entendis une porte s’ouvrir en grinçant et mon sang se glaça. Je retins ma respiration. Ce…ce n’était que dans ma tête. Oui…je n’étais pas dans un film d’horreur, les poupées tueuses, ça n’existait pas, pas plus que les fantômes…bon d’accord, pour les fantômes je n’étais pas convaincue, mais il était techniquement impossible que dans le monde réel, une poupée soit vivante… Sauf que dans ce raisonnement, j’oubliais un détail, nous n’étions pas dans le monde réel, mais dans le monde des esprits, où les dragons, démons, elfes et zombies existaient. Cela ne fit que renforcer encore plus ma peur. Mais pourquoi ? J’avais fait face à un dragon, de simples poupées n’auraient pas du me faire peur… Je me tournais vers Hélios. Il continuait à regarder les poupées, l’air intrigué plus qu’effrayé. Mais voir Hélios effrayé c’était comme se retrouver face à une poupée tueuse, cela n’arrivait jamais…enfin, je l’espérais… Il fit un pas, le plancher craqua, mon cœur rata un battement. Je pensais vraiment que les créatures allaient se réveiller et nous attaquer, mais il ne se passa rien. Je tentais de me détendre, mais impossible. L’atmosphère de cette pièce était bien trop pesante et quelque chose de malsain se dégageait de tout cela. Hélios se dirigea alors vers les escaliers menant au premier étage. Je n’eus d’autre chose que de le suivre. La lumière rougeâtre éclairait également cet endroit. La plupart des murs en bois étaient troués mais j’avais bien trop peur pour oser regarder à travers. Hélios s’arrêta finalement devant une porte et l’ouvrit. Je retins ma respiration, m’attendant à voir surgir un rayon ou une main géante mais rien de tout cela une fois de plus. Ne pouvant rester seule dans le couloir en ruine, j’entrai dans la pièce et cette fois-ci, je crus vraiment que j’allais m’évanouir. La pièce était éclairée d’une lumière violette émanant d’une poupée de femme géante au milieu. Elle portait une sorte de voile sur sa tête, grise comme la cire. De celle-ci, des milliers de fils partaient dans toutes les directions, se perdant dans les fissures du bois. La poupée était assise sur le sol, la tête penchée sur le côté formant un angle inquiétant avec son corps, presque un angle droit. Elle semblait tout, sauf vivante. Cependant, Hélios la regardait avec un air de défi. Qu’essayait-il de faire ? -Alors Nephilim, qu’est-ce que cela signifie ? -Attendez Hélios, vous pensez vraiment qu’elle va vous répondre ? J’aurais peut-être du me taire sur ce coup là, car à peine avais-je terminé ma phrase que la poupée ouvrit les yeux. Ce n’était pas bon, pas bon du tout pour nous. Dans les films que j’avais vus, lorsque la poupée maléfique se réveillait, elle tuait en général le pauvre passant qui ne cherchait qu’un endroit où loger, et c’est exactement ce qu’elle tenta de faire avec nous. Elle se mit debout, nous dominant de sa taille gigantesque et commença à lancer des fils incroyablement coupants sur nous. Je les évitai de justesse tandis qu’Hélios dégaina son épée qu’il cachait visiblement dans son disque de duel. -Nephilim, je t’ai posé une question il me semble ! Reprit-il fermement. -L’équilibre est rompu par ta faute, tout doit être détruit avant qu’il ne soit trop tard ; répondit la poupée tout en continuant à nous attaquer. Hélios ouvrit la bouche mais la referma immédiatement lorsque trois nouvelles créatures débarquèrent dans la pièce, les poupées que nous avions vues en dessous, et se jetèrent sur nous. Sans hésiter, je fis appel à Ouroboros. Malheureusement…il était presque aussi grand que la chambre elle même et son arrivée ne fit que compliquer les choses vu que nous n’avions même plus la place de nous déplacer. Mais le bon point était que les poupées tueuses étaient, elles aussi, immobilisées. Enfin, je le pensais. Nephilim leva le bras et des milliers de fils s’emparèrent d’Ouroboros, le ligotant fermement. J’entendais sa voix dans ma tête remplie de rage et de colère contre cette poupée. Nephilim fit alors un geste qui projeta Ouroboros contre le mur, le réduisant en miette. Le grand dragon de glace passa a travers et s’effondra sur le sol, trois mètres plus bas. A partir de là, le combat se prolongea à l’extérieur. Hélios sauta également, entrainant les poupées servantes à sa suite, me laissant seule avec Nephilim au premier étage. Mais j’étais prête à me battre également. Je n’avais pas passé presque trois ans dans l’armée de mon père à rien faire. Je ressentis soudainement un poids dans ma poitrine. La malédiction pensai-je. Elle essayait de prendre le dessus. Mais ce n’était pas le moment. Je pouvais encore me battre par moi-même, je ne voulais utiliser ces pouvoirs qu’en derniers recours. Avec un cri de guerre, je me jetai sur la poupée géante. Comme elle était creuse, comme toutes les poupées, mon poids la déstabilisa et elle tomba à la renverse, soulevant un épais nuage de poussière. Je savais que cela ne suffisait pas à la vaincre, c’est pourquoi je repassais immédiatement à l’assaut. Cependant, attaquant à l’aveugle, il m’était impossible de prédire les mouvements de l’ennemi, ce qui me couta très cher. Un fil m’attrapa le bras, m’empêchant de terminer mon mouvement et je vis Nephilim se relever. Je croisai son regard, creux et sans vie. -Tu es celle qu’il faut éliminer, tu as ramené la colonie immortelle parmi nous. -Je n’ai rien fait du tout ! Protestai-je. -Le sceau de Naturia est sur le point de se briser, tout doit être détruit avant qu’il ne soit trop tard. Je fus projetée contre le mur, ce qui me coupa la respiration. Mais je n’allais pas m’avouer vaincue aussi facilement et je me remis sur pieds. -Laura ; redit la voix dans ma tête. -Pas maintenant je te dis Ouroboros ! J’esquivai un autre fil d’un bond qui me permit de me retrouver derrière Nephilim. De la, j’empoignai des gravats du mur et les lançai de toute ma force sur la poupée. L’un d’eux percuta sa tête et la créature de cire s’écrasa au sol à nouveau. Je profitai de ce moment de répit pour observer ce qu’il se passait en bas. Hélios étaient aux prises de deux poupées tandis que la troisième était à moitié congelée par mon dragon. Ce dernier semblait cependant étrange, lançant des rayons de glace dans toutes les directions. Mais ce moment d’inattention me fut fatal. Nephilim revint à la charge et me frappa directement cette fois-ci. Je tombai dans le vide qui se trouvait derrière moi, et une telle chute était fatale. Je voyais déjà la fin…qui n’arriva jamais. Je fus rattrapée en vol par Ouroboros au dernier moment. -Tu…tu m’as sauvée ? Bégayai-je. -Tu es ma partenaire Laura, je ne t’abandonnerais jamais. Non, ce n’était pas Ouroboros. Cette voix, je la reconnaissais, une voix que je pensais ne plus jamais entendre en acceptant la malédiction, une voix que je n’avais pas entendue depuis des années… -Trishula ? Dis-je avec espoir en relevant la tête. -En acceptant Ouroboros, tu t’es également acceptée telle que tu es, lumineuse comme la glace. Le masque tomba à ce moment là et je reconnus mon partenaire de toujours, plus rayonnant que jamais. Je n’en croyais pas mes yeux. Les larmes me vinrent sans que je puisse les contrôler. Le conseil d’Hélios s’était avéré exact. Le fait de revoir ce dragon m’apporta les réponses que je cherchais, je savais à présent exactement qui j’étais et quel était mon devoir. Je n’avais plus à craindre le regard des autres, je n’avais plus à avoir honte de moi même car je m’étais enfin trouvée. Je regardai Trishula dans les yeux et il comprit sans que je n’eus besoin de prononcer un mot. Nous nous envolâmes plus haut dans le ciel, toujours plus haut, traversant la couche de nuages, avant de redescendre en piqué, droit sur la maison maudite, avec une vitesse foudroyante. Nephilim tenta de riposter mais nous passâmes au travers de toutes ses attaques avant de nous écraser sur elle. Nous l’entrainâmes avec nous dans notre chute avant de la plaquer au sol avec une violence telle qu’un énorme gouffre se forma autour d’elle au moment de l’impact. La monstrueuse poupée ne s’avoua pas vaincue et se releva encore une fois. Hélios se débarrassa de son adversaire d’un coup d’épée et se tourna vers moi. -Laura, attrape, cela te sera peut-être utile. Il me lança une carte que je saisis au vol, et, lui faisant confiance, je l’activai immédiatement. -Il est temps Trishula, Fusion parfaite activée ! Le cœur de Trishula se mit à scintiller en même temps que la carte que je brandissais. La lumière devint très vite si lumineuse que Nephilim recula, aveuglée. -Dragon légendaire de la barrière de glace, infecté par la colonie, il est temps de te lever à nouveau afin de purifier ce monde des ténèbres ! Le sceau est brisé ! Rayonne, Néo Trishula, perfection de la barrière de glace ! Alors que je prononçais ces mots, je sentis mon corps s’agrandir et se refroidir considérablement. Mes mains se transformèrent et mes doigts s’allongèrent vers l’arrière. Je fermai les yeux et lorsque je les ouvris à nouveau, ils étaient devenus bleus comme la glace. Je ne faisais plus qu’un avec Trishula à présent, j’étais Trishula ! Dans mon esprit, je vis une autre personne avec moi…mais, ce n’était pas Trishula. C’était…quelqu’un d’autre. Un homme portant une armure ayant la même apparence que mon dragon et une épée de glace à la main. Il ne me dit rien, mais je sus qui il était : mon tout nouveau partenaire, libéré de l’infection de la colonie. -Comme je l’espérais. Tu ne me décevras jamais mon enfant ; dit Hélios avec un sourire satisfait aux lèvres. Mon regard se focalisa sur Nephilim qui, déconcertée par ma nouvelle apparence, attaqua immédiatement. Elle envoya ses fils tranchants comme des rasoirs sur moi mais je les repoussai tous d’un souffle si froid qu’ils se brisèrent instantanément avant de retomber sur leur propriétaire. Je ne laissai pas à mon ennemi le temps de préparer son nouvel assaut et je l’attaquai en première depuis les airs. -C’est terminé Nephilim ! Je pris une grande inspiration avant de relâcher tout ce que j’avais sur la poupée. Le vent glacial la frappa en plein cœur, pour peu qu’elle en ait eu un. Elle se couvrit progressivement de glace, la paralysant totalement. Je n’arrêtai qu’une fois que je fus totalement à bout de souffle. Nephilim était vaincue. J’atterris gauchement sur le sol n’ayant pas l’habitude de voler par moi même et je vis Hélios me rejoindre, l’air entièrement satisfait en regardant Nephilim. -Bien, bien, bien, et maintenant que le problème de la colonie est réglé, peux-tu nous expliquer ? -Vous avez peut-être échappé à une nouvelle catastrophe mais une plus grande menace encore plane sur notre monde ! Rétorqua Nephilim dont la tête était libre. -Est-ce que tu pourrais développer ta pensée ? -Tu le sais aussi bien que moi Hélios, c’est entièrement de ta faute, c’est toi qui l’as amenée ici et par ta faute, l’équilibre est rompu ! -Arrête de délirer, Serena n’a rien à voir avec tout cela ! Répliqua Hélios presque hors de lui. Je veux bien croire que nous sommes au bord du gouffre mais ne va pas impliquer ces enfants ! -Tu te voiles la face Hélios. Mais il est trop tard, le mal est fait. Le sceau de l’arbre des Naturia est sur le point d’être brisé, je dois réunir les tribus afin que nous soyons prêts… L’ex-roi soupira et ferma les yeux, comme s’il s’avouait vaincu. Il claqua des doigts et la glace autour de Nephilim disparut, libérant la poupée maléfique. -On dirait bien que la colonie est de notre côté à présent ; dit-elle en s’adressant à moi. Mais vos pouvoirs ne suffiront pas, je dois réunir toutes les tribus et vous avez le devoir de vous allier à nous, sans quoi, tout est perdu d’avance. Je n’eus même pas le temps de protester que Nephilim disparut dans les ombres avec ses serviteurs, nous laissant seuls dans la maison dévastée. Heureusement pour moi, le chemin du retour fut bien plus facile puisque nous n’avions pas à retraverser la forêt noire sans savoir où nous allions puisque je pouvais voler à présent. De cette hauteur, je pouvais voir tous les endroits où nous étions passés et la distance me parut soudain ridiculement faible. Ce monde était très similaire à la terre, des montagnes de pierre, une végétation abondante, un océan, quelques villages perdus. Si je ne savais pas que je me trouvais dans un autre monde, j’aurais juré être encore sur terre. Nous nous posâmes sur le littoral. Le soleil se plongeait dans la mer et envoyait des reflets rouges sang sur l’eau. Tout était si calme, rien ne semblait pouvoir troubler un monde si paisible. Cependant, Hélios n’avait pas dit un mot de tout le voyage et regardait constamment au loin. -Alors Laura, qu’en penses-tu ? Dit-il soudainement. -De…de quoi ? -De ton pouvoir, le pouvoir de ne faire qu’un avec ses monstres, celui de la fusion parfaite. -Je dois avouer que c’est très impressionnant…Mais attendez une minute, comment saviez-vous que j’avais ce pouvoir ? Réalisai-je soudain. -Tu te souviens lorsque je t’ai dit que quelqu’un te demandait dans ce monde ? Figure toi que cette personne n’est autre que moi. Je fus à peine étonnée par sa révélation. Après tout, le croiser dans la passerelle était déjà une étrange coïncidence, mais son attitude par la suite ressemblait fortement à un test, lors de l’attaque du temple, il n’avait pas levé le petit doigt afin que je me lie avec Trishula, puis dans la maison hantée, il avait visiblement tout fait pour me laisser affronter Nephilim seule avant de me donner son étrange carte. -Vois-tu, le pouvoir de la fusion parfaite n’est pas donné à tout le monde, il faut un lien spécialement fort avec un esprit de duel afin de la réaliser. -Et pourquoi m’avez-vous donné ce pouvoir ? Le regard de l’ex-roi se voila. -Afin de faire face au dragon, le monde à besoin de guerriers forts, courageux et prêts à tout. Je pensais qu’en t’aidant à surmonter ta malédiction, tu deviendrais ce genre de personne, et je ne m’étais pas trompé on dirait. -Je me disais bien que vous ne faisiez pas cela par simple générosité ; dis-je déçue. Une autre question, comment je retrouve mon apparence normale ? Parce que être un dragon c’est bien sympa mais je m’imagine mal aller au lycée comme ça. -Sépare simplement ton esprit de celui de Trishula. Je fis ce qu’il dit et, remerciant mon dragon, je coupais le lien mental qui m’unissait à lui. Immédiatement, je sentis le flux d’énergie s’échapper et je retrouvai ma taille et mon apparence normales. Je me sentais tout de même un peu étrange. Après avoir été une créature écailleuse pendant une heure, je m’étais habituée à ma nouvelle force. Hélios rit légèrement. -Oui, je sais ce que ça fait aussi. -Vous…avez ce pouvoir également ? -Qui sait ; répondit-il mystérieusement. Serena et son frère, Satoshi, arrivèrent à ce moment là en courant, ayant l’air soulagés de nous voir en un seul morceau. Nous leur expliquâmes ce que nous avions découvert au sujet de Nephilim et de la menace pesant sur ce monde, tout en éclipsant la partie où il était question d’eux. Satoshi se remit à marmonner dans son coin tandis que sa sœur se plaignit de ne jamais avoir de repos. Je remerciai chaleureusement Hélios pour son aide et je saluai les jumeaux, leur promettant de revenir s’ils avaient besoin de moi contre la nouvelle menace avant d’utiliser la clé qui ouvrit comme une porte au milieu de nulle part. Je la franchis et je me retrouvai dans la passerelle reliant nos deux mondes. A partir de là, j’allai toujours tout droit comme me l’avait indiqué Hélios. Je fus vraiment surprise d’arriver alors juste devant les grilles du manoir de Darksky en sortant de la passerelle. Le soleil n’était pas encore couché, comme si le temps s’était écoulé différemment dans le monde des esprits où j’avais passé la journée. Je sonnai, Arnold me répondit et je franchis le grand portail. Mais ce jour là, il y avait quelque chose de différent par rapport aux autres fois où je l’avais franchis auparavant. Pour la première fois, je ne ressentais aucune pression sur mes épaules. Je ne m’inquiétais pas de savoir comment je serais accueillie. Je ne m’inquiétais plus pour la sécurité de mes proches à cause de moi. Je ne m’inquiétais pas d’avoir à combattre en permanence la malédiction. Et plus important, je ne m’inquiétais pas de savoir qui j’étais vraiment, car je le savais à présent. Darksky vint à ma rencontre tout en me sermonnant pour le temps mis pour rentrer mais Marie ne semblait pas s’en préoccuper. Elle vit tout de suite que quelque chose avait changé en moi, que tous mes tourments étaient loin à présent et m’adressa un grand sourire, que je lui rendis, la remerciant intérieurement pour son aide. Je terminai la soirée joyeusement, ce qui surpris agréablement tout le monde à la maison. Il était vrai que je n’avais pas été très amicale ces derniers jours, mais je comptais bien me rattraper pour cela, et le plus rapidement possible. Je promis de m’investir le plus possible pour le club de duel à présent, même si je comptais également tenir Darksky à l’œil. La jalousie n’était pas un produit de la malédiction après tout, mais ce n’était vraiment pas le plus important à ce moment là. Une fois dans ma chambre, la première chose que je fis fut de regarder mon deck. Il avait effectivement changé. La colonie du mal n’était plus, les guerriers de rescapés de la barrière de glace avaient pris leur place à présent, de même que mon compagnon de toujours, Trishula. J’intégrai également dans ce deck le présent d’Hélios, la fusion parfaite. Le dragon pouvait toujours venir, je l’attendais de pieds ferme, je n’avais pas peur de lui, pas plus que de mon père. Ce jour là, une partie de moi mourut, cette partie que je détestais tant, cette partie m’ayant tourmentée pendant des années, cette partie m’ayant poussé à faire du mal à la seule personne m’ayant accepté, cette partie que je combattais sans relâche. Mais, en y repensant, elle n’est pas vraiment morte, elle s’est transformée et a été purifiée. Cette partie de moi portait le sinistre nom d’Ouroboros et porte à présent le glorieux nom de Trishula. Au moment où j’écris ces lignes, je ne sais pas ce que me réserve l’avenir, mais une chose est sûre, je n’abandonnerai pas ce combat. En acceptant la malédiction puis en ne faisant qu’une avec elle, j’ai accepté de prendre part au combat qui se prépare et je n’ai pas l’intention de m’arrêter car à présent, je sais qui je suis vraiment. Je ne suis pas un pion sur l’échiquier du dragon et encore moins une esclave de la malédiction. Je n’accepterai plus jamais de me soumettre à un pouvoir tyran. Je lutterai de toutes mes forces mais je ne plierai pas car je suis simplement moi, Laura Garden, une adolescente de seize ans ayant décidé de vivre une nouvelle vie, une vie que j’aurais choisie.
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Envoyé par le Samedi 11 Mars 2017 à 15:11 Chapitre 11 : Retour à la vie ordinaire…ordinaire pour Angéla
Spoiler : Un mois s’était écoulé depuis la guérison de Laura par Sophia et la vie avait repris son cours normal. A vrai dire, sans cette quête pour trouver une carte légendaire, la vie semblait bien monotone dans mon lycée. Je passais mes journées à dormir en cours, rire avec mes amies, me préparer pour le tournoi inter école de décembre avec le club de duel, mais rien ne venait briser cette routine. Paradoxalement, j’aimais ce genre de vacances, et en même temps, l’action me manquait. Je voulais à la fois être tranquille quelque temps mais je m’ennuyais profondément. Il y avait bien de temps en temps quelques accrochages avec Aymeric qui venaient briser le quotidien mais cela ne m’amusait même plus de me battre avec cet idiot. J’avais d’ailleurs enfermé sa carte maléfique dans un coffre afin de ne plus jamais en entendre parler. Je ne voulais surtout pas avoir à faire avec des forces maléfiques à ce moment là. Si la routine devait être brisée, autant qu’elle le soit par un événement heureux, pensais-je. Cependant, j’avais appris depuis longtemps à ne pas espérer de telles choses car j’avais en général exactement le contraire, ce qui arriva. Avec mes amies, nous sortions du club de duel et nous nous apprêtions à nous séparer comme tous els jours quand June me retint un peu plus longtemps que d’habitude et me demanda de la suivre chez elle, l’air inquiète. Je lui demandai ce qu’il se passait mais elle resta muette. Dès ce moment là, je sentis que quelque chose se tramait, quelque chose de grave et je décidai de l’accompagner. Elle ne dit pas un mot du trajet non plus et ne me répondait que par oui, non, peut-être. En arrivant chez elle, je tombai immédiatement sur le professeur Wheeler, mais ce dernier semblait bien moins détendu que d’habitude. De grosses cernes se creusaient sous ses yeux et il fronçait les sourcils en regardant au loin, comme s’il s’attendait à voir un ennemi débarquer. A l’intérieur de l’appartement, des milliers de papiers s’entassaient dans tous les coins et Mai attendait, l’air grave également, assise sur une chaise en face d’une autre personne que je reconnus immédiatement. Lorsqu’elle me vit, elle m’adressa immédiatement la parole. -Bonjour Angéla, cela faisait longtemps ; dit la personne d’une voix lasse. -Bonjour Alice, que se passe-t-il pour que vous ayez tous l’air aussi inquiets ? -Ce n’est qu’une supposition, mais regarde ceci ; dit le professeur Wheeler en me tendant une photo. A première vue, tout était normal sur celle-ci. Elle représentait simplement une rue de Paris pleine de monde. Devant mon regard interrogateur, Mai intervint. -Regarde au sol, tu comprendras. -Au sol ? Je me replongeai sur l’image et effectivement, un détail attira soudainement mon attention, un détail si infime qu’il serait passé sous le nez de n’importe qui peu attentif à la scène ou ne prêtant pas attention à son entourage, comme c’était le cas de la plupart des personnes sur cette photo. Mais je la voyais clairement, cette étrange ombre s’étalant sur le sol, une ombre qui n’avait rien d’humaine. On aurait très bien pu se dire qu’il s’agissait là d’un effet d’optique, que plusieurs ombres se chevauchaient, donnant cette étrange impression, mais non, il s’agissait d’une seule et unique ombre, l’ombre d’une créature maléfique, l’ombre d’un dragon… Mon cœur battit plus vite pendant quelques instants. Ils étaient bien revenus, les avertissements de Floges et Hurricane n’étaient pas de simples menaces ! Bon, au fond de moi, je le savais, mais je redoutais le jour où cela arriverait. Je relevai la tête pour faire face au professeur Wheeler qui ne put qu’acquiescer devant mon expression de doute. -Un ami m’a fait parvenir cette photo il y a quelques jours ; déclara Alice. Je ne sais pas d’où il la tient, mais les faits sont là et nous ne pouvons plus rester les bras croisés à attendre qu’ils nous attaquent. -Et que comptes-tu faire ? Demanda Mai. -Je ne sais pas moi même ; répondit-elle l’air désolée. Je vais déjà me préparer, le temps est compté. Alice se leva et sortit de l’appartement en nous laissant avec un énorme poids sur la poitrine. Plus personne ne disait un mot à présent, même le professeur, si bavard d’habitude, semblait préoccupé. Voyant que rester là ne servirait à rien, je décidai de faire comme Alice et de me préparer dans mon coin et je m’éclipsai à mon tour. La première chose que je fis en rentrant chez moi fut de prévenir Laura et Darksky de cette menace. Je n’attendis pas leur réponse et je me mis ensuite à revoir entièrement mon deck. Il devait être parfait si je voulais faire face aux dragons une seconde fois. Ainsi je remis la carte de Socrate qui restait malgré tout un précieux allié. Mon regard se posa ensuite sur le coffre scellé où se trouvait la carte du chaos. Je fus tentée de l’ajouter également à mon deck mais les paroles menaçantes de June me revinrent à l’esprit et me dissuadèrent. Laura me répondit un peu plus tard dans la soirée me demandant plus d’explications mais je ne pouvais pas lui en donner, je n’en avais pas moi même et je lui conseillai simplement de se tenir prête à toute éventualité. J’hésitai un moment à prévenir Ambre et Maya de cette nouvelle menace car je savais qu’elles finiraient par le découvrir, mais je ne voulais pas les impliquer d’avantage qu’elles ne l’étaient déjà. Finalement June fit le travail à ma place, m’épargnant cette dure décision, si bien que le lendemain, au club de duel, nous expliquâmes en détail la situation à Lareine et ce dernier se promit alors de nous entrainer du mieux qu’il pouvait pendant le temps imparti, oubliant totalement le tournoi inter école. Cela dura une bonne semaine, mais rien ne se passa, il n’y avait pas l’ombre d’un dragon en vue ni de leur serviteur, mais nous restions tout de même en alerte. Nous passions également beaucoup de temps chez Sherry cherchant dans sa bibliothèque un moyen de vaincre les dragons une bonne fois pour toute. Alors que nous étions justement chez Sherry en train de fouiller dans les archives, nous reçûmes une visite assez peu commune. C’était en plein milieu de l’après-midi quand quelqu’un sonna à la porte. Sur nos gardes, nous cessâmes immédiatement les recherches et Sherry chargea Ellsworth de vérifier de qui il s’agissait. Ce dernier revint quelques secondes plus tard, l’air un peu déboussolé. Intrigués, nous allâmes voir par nous mêmes. Mon cœur s’arrêta lorsque je vis Hélios sur le pas de la porte. Il avait changé depuis le temps. Il s’était rasé premièrement, ce qui le rajeunissait considérablement, et il avait troqué son armure d’or et sa cape contre une simple veste noire et un pantalon assorti. Il ressemblait vraiment à n’importe qui à présent. Je savais bien qu’il était en vie et de notre côté mais je ne pouvais pas lui faire confiance après tout ce qui était arrivé. L’ex-roi maléfique était accompagné de deux personnes, un garçon et une fille se ressemblant étrangement, aux cheveux tirant entre le blond et le châtain et aux yeux noisette. Ils semblaient contempler la résidence de Sherry avec admiration, mais je comprenais ce qu’il devait ressentir, j’avais eu la même impression la première fois en arrivant ici. -Bonjour Angéla ; dit Hélios d’un ton amical. Je suis ravi de te revoir. -Je ne suis pas sûre que ce sentiment soit réciproque ; répliquai-je froidement. -Allons, je sais que tu es un peu sur les nerfs en ce moment avec toutes ces histoires de dragon, mais cela ne t’empêche pas de faire semblant d’être contente de me revoir… -Qu’est-ce qui vous amène ici Hélios ? Demanda alors Sherry moins agressivement, mais avec quelques réserves. -Oh, mais je n’ai pas le droit de faire une petite visite de courtoisie à mes vieux amis ? -Hélios ! Râla la fille à côté de lui. -Je sais, j’y viens Serena, j’y viens, pas la peine d’être aussi pressés, surtout que vous allez vous plaindre quand je vous annoncerai et qu’ensuite… Le jeune garçon décocha un regard noir à Hélios qui finit enfin par venir directement aux faits après avoir toussoté pour s’éclaircir la voix. – Angéla ; déclara-t-il alors solennellement, tu n’es tout simplement pas assez forte pour affronter les dragons. -Que…Quoi ? M’étranglai-je. Et qu’est-ce qui vous permet d’affirmer ça ? -Tu as perdu contre Gariatron l’année dernière je te rappelle. Tu t’es peut-être sacrifiée afin de sauver tes amis, mais penses-tu sincèrement que tu aurais pu le vaincre seule ? -Arrêtez de raconter n’importe quoi Hélios ; protesta Ambre. Angéla est l’une des duellistes les plus talentueuses que je connaisse ! -Je crois plutôt qu’il ne digère pas sa défaite de l’année dernière ; renchérit Maya. -Et puis, quand bien même cela serait vrai, nous nous entrainons chaque jour, à quoi bon venir nous le dire ? Termina June. Le garçon aux côtés d’Hélios fronça les sourcils, visiblement énervé que nous tenions tête à Hélios. Je m’apprêtai déjà à répondre quelque chose de cinglant à ce qu’il allait dire quand Hélios l’arrêta en lui mettant la main sur l’épaule. -Je crois que je me suis mal fait comprendre ; s’excusa l’ex-roi. Je ne te visais pas particulièrement Angéla, je parlais des humains en général. Je me suis adressé à toi simplement parce que je sais que tu te prépares à affronter cette menace, n’y vois en aucun cas un affront personnel. -Donc selon vous, nous sommes perdus avant même d’avoir combattu, c’est bien cela ? Demanda Sherry. -Bien sûr !…Que non. Vous me connaissez, ce n’est pas ma philosophie de partir défaitiste. Je suis donc venu vous proposer mon aide. -Votre…votre aide ? Bégayai-je. -Oui, comme l’année dernière. Sans mes précieux conseils, vous ne serez pas en mesure de combattre les dragons. Mais si vous n’en voulez pas, je retourne dans le monde des esprits et je vous laisse vous débrouiller, on a assez de problèmes sur le dos comme ça, à vous de choisir. Avec Sherry, Ellsworth et mes amies, nous nous concertâmes quelques instants. Les avis étaient assez mitigés mais le fait d’avoir déjà fait confiance à Hélios l’année passée fit pencher la balance en sa faveur. -C’est d’accord ; dit Sherry. Unissons nos forces une nouvelle fois, mais je vous tiens à l’œil. -C’est ce que je voulais entendre, mais… Hélios se figea soudainement puis se retourna brutalement. -Quelque chose ne va pas Hélios ? Demanda la jeune file. -Je le sens…ils arrivent… A peine avait-il dit cela que le sol trembla. Je me retins à l’une des colonnes de la maison pour ne pas tomber. -Je crois que vous allez avoir dès maintenant l’occasion de me montrer de quoi vous êtes capables ; déclara notre nouvel allié. Il n’eut pas besoin d’en dire plus car l’instant d’après, surgis de nulle part, d’immenses blocs de roche s’élevèrent tout autour de la maison de Sherry, me rappelant un peu trop les pouvoirs de Floges et Hurricane. Mais les bizarreries ne s’arrêtèrent pas ici car, au pied de la roche jaillirent des trombes d’eau entourant la maison comme des douves…sauf que nous en étions prisonniers. Sans surprise, deux personnes apparurent également, un homme et une femme. L’homme était assez petit, portait une longue barbe blanche le faisant ressembler à un vieux chaman ainsi qu’un bâton sur lequel il s’appuyait pour marcher. Il avait également une cape bleue, renforçant sa ressemblance avec merlin l’enchanteur… La femme quant à elle avait des cheveux argentés mais ne paraissait pas âgée pour autant, ses traits étaient même ceux d’une personne ayant à peine la vingtaine. Elle portait une longue robe verte comme l’herbe qui se confondait d’ailleurs avec celle-ci lorsqu’elle marchait sur la pelouse du manoir. Ils s’arrêtèrent quelques pas devant Hélios et nous toisèrent avec une expression étrange. Il n’y avait pas de haine comme dans les yeux de Floges ni de malice comme avec Hurricane. Ils semblaient plus nous observer, nous scruter. Finalement, Hélios finit par briser le silence pesant qui s’était installé. -Bien le bonjour, je me présente, je m’appelle Hélios, mais vous devez certainement me reconnaître, j’ai hébergé l’âme du dragon Gariatron pendant plusieurs millénaires. L’expression des nouveaux venus changea quand il prononça le nom du dragon. Ils ne s’attendaient visiblement pas à tomber sur quelqu’un ayant été dans leur camp par le passé. -Hélios dis-tu ? Dis le vieil homme d’une voix rauque. Ah oui, j’ai entendu parler de toi par Syphos il me semble, pas en bien évidemment. -Tu as hébergé l’âme du dragon, toi ? S’exclama la femme d’une voix bien plus claire. Je t’imaginais tout de même un peu plus séduisant… -La dernière phrase n’était pas utile ; se lamenta Hélios. Enfin, je sais pourquoi vous êtes ici, vous voulez encore une fois empêcher la prophétie de se réaliser en enlevant Angéla ou je ne sais quoi ? -C’est qu’il est perspicace lui ; reprit la femme. Exactement, mon nom est Terra, disciple de Tellas pour la préservation de la planète. -Quant à moi, je m’appelle Kyuryu, mon maitre Syphos m’a demandé d’éliminer celle que l’on appelle Angéla. Mais, je vois dans tes yeux Hélios que tu ne nous laisseras pas faire, je me trompe ? -Exact vieil homme, vous devrez me passer sur le corps avant ! -A deux contre un ? Tu es bien mignon, mais un peu fou si tu crois pouvoir tenir face à nous ; dit Terra en riant. -Gariatron a affronté trois personnes en même temps, je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas faire de même. Angéla et les autres, regardez bien ce qu’il vous manque ! -Pour qui il se prend lui ; marmonna Maya vexée. Hélios prit place au centre de la pelouse, ses deux adversaires en face de lui. Ils semblaient tous déterminés à accomplir leur objectif. J’espérais seulement qu’Hélios savait ce qu’il faisait… -Honneur aux dames ; dit Hélios en s’inclinant. -Tes bonnes manières ne m’impressionnent guère mon chou, mais puisque c’est proposé si gentiment, j’active Obéissance Scolarisé. Comme je ne contrôle aucun monstre, je peux invoquer trois petites créatures depuis mon deck : dites bonjour à Bébé Raton Laveur Ponpokoo, Bébé Raton Laveur Tantan et Chow Chow Chann ! -C’est vraiment un deck me méchant ? Me murmura Ambre à l’oreille, sceptique. Je répondis par un haussement d’épaule. Après tout, il y avait de tout dans ce monde et les méchants n’étaient pas forcément les gros dragons pleins d’écailles, de griffes et de crocs. Ne pas se fier aux apparences, c’est ce que j’avais appris l’année précédente. -Je superpose mes deux bébés ratons laveur pour invoquer le Numéro 64 : Ronin Raton Laveur Sandayu ! Mais ne pensez pas en avoir fini avec moi, j’invoque ensuite Loutre des Arbres et je superpose mes deux nouveaux monstres, montre toi à nouveau Sandayu ! Je détache deux unités de couvertures pour activer les effets de mes monstres, me permettant d’invoquer deux jetons. Sur ce, je vais terminer mon tour et laisser place à mon collègue. -Merci terra, regarde la puissance des anciens Hélios ! En défaussant Sirènemure Abyssgunde et Sirènemure Abyssleed afin d’invoquer Sirènemure Abyssmégalo ! Mais, grâce à l’effet d’Abyssgunde, Sirènemure Abyssleed revient parmi nous. Ce n’est pas fini, l’effet d’Abyssmegalo me permet d’ajouter Sphère-Abysses à ma main. Je recouvre mes deux poissons afin de construire le réseau recouvrement. Roi des mers, père des abysses, élève toi à présent pour faire trembler la terre, apparaît Sirènemure Abyssgaios ! Je pose une carte face cachée, à toi Hélios, peux-tu faire face à la puissance de la terre et de la mer ? -Sans aucun problème ; répondit Hélios. Je pioche…Et je commence en invoquant le Dragon Hiératique de Tefnuit, cependant, il ne va pas rester bien longtemps parmi nous car je le sacrifie pour invoquer le Dragon Hiératique de Nebthet, ce qui m’octroie au passage un sSceau Hiératique du Seigneur Dragon Soleil. -La belle affaire, tu te retrouve avec deux monstres minables ; railla Terra. -C’est ce qu’on dit oui, mais l’union fait la force, je sacrifie depuis ma main le Dragon Hiératique de Su pour détruire abyssgaios… -Pas si vite, j’active l’effet d'Abyssgaios, en détachant une unité de couverture, je peux annuler les effets de tous les monstres actuellement sur ton terrain ! Bien essayé ! L’œil d’Hélios s’illumina et il regarda alors la jeune femme. Le monstre d’Hélios était gelé par la capacité de son ennemi, mais étrangement, les ratons laveurs de Terra furent également pris dans la glace devant le regard stupéfait de leur propriétaire qui ne s’y attendait visiblement pas. -Dans ce genre de duel, tout autre duelliste que soi-même est considéré comme un ennemi ; déclara posément Hélios. Terra foudroya son partenaire du regard. -Tu…nous sommes une équipe je te rappelle Kyuryu ! Cria-t-elle. -Oui, mais même dans une équipe, quelques sacrifices sont nécessaires pour parvenir à la victoire ; rétorqua froidement son partenaire. Mon monstre est plus puissant que les tiens, il est normal qu’il soit protégé au détriment des faibles. Terra semblait prête à attaquer son partenaire si elle le pouvait. Hélios bailla devant cette querelle. Apparemment, ses deux adversaires n’avaient pas l’habitude de travailler ensemble et n’en avaient aucune envie. Moi qui faisais régulièrement des duels en duo avec June, j’avais appris que le partenaire avait autant d’importance que moi-même. Seules une coopération et une coordination parfaites permettaient de gagner dans ce genre de duel, mais certainement pas cet esprit là… -Bon, si vous avez fini de vous chamailler, je vais continuer en invoquant un Sceau Hiératique du Seigneur Dragon Soleil. A présent, admirer ma toute puissance ! Je superpose mes deux sceaux hiératiques ! Oh toi le protecteur de la cité du soleil, j’invoque ton glorieux nom, détruis nos ennemis et ramène la paix : apparais, Dragon Hiératique du Seigneur Soleil d'Héliopolis! Du ciel descendit un immense dragon rouge, illuminant le champ de bataille par sa lumière presque irréelle. Terra et Kyuryu durent se couvrir les yeux pour ne pas être aveuglés par la créature. Lorsqu’elle toucha le sol, la terre se mit à trembler et les torrents qui entouraient la maison sortirent de leur lit. -Je sacrifie à présent le Dragon Hiératique de Nebthet d'Eset, d’Asar et deDSutekh en offrande à mon dragon : réduis les en cendres ! -J’active ma carte face cachée, Sphère-Abysses afin d’invoquer Sirènemure Abysslinde depuis mon deck ! -Grand bien te fasse, mais je n’ai pas encore dit qui j’allais vaincre, et mon choix se porte sur toutes les cartes de Terra que tu as annulé toi-même ! Kyuryu grimaça lorsqu’il vit toutes les défenses de sa partenaire partir en fumée après un seul souffle du puissant dragon d’Hélios. Elle était à présent à découvert, plus rien ne la protégeait et je voyais son regard fou, pas contre Hélios, mais contre celui qui aurait du être son partenaire. En temps normal, elle aurait pu résister à un tel assaut, mais les effets de ses monstres étant annulés, elle ne pouvait rien faire. -Ne croyez pas que j’en ai fini avec vous. Les effets d’Eset et de Nebteth s’activent, me laissant deux Électro-Dragonqueue. Je superpose mes deux dragons afin d’invoquer le roi des dragons Hiératiques, le sauveur d’Héliopolis : montre toi, Dragon Hiératique Roi d'Atum ! C’est la fin Terra ! Les deux dragons crachèrent une gerbe de flammes sur la jeune femme qui les évita de justesse avant de tomber dans l’herbe, le compteur à zéro, la robe déchirée sur le côté et le regard toujours aussi furieux contre Kyuryu. Je la comprenais. Si j’avais perdu contre Gariatron à cause d’un égoïsme pareil, je n’aurais certainement jamais pardonné Drago ou Darksky. -Ton sacrifice aura au moins servi à ma victoire ; claironna le vieil homme. A la fin de ton tour, Abysslinde est détruite et me permet d’invoquer Sirènemure Abyssteus depuis mon deck ! A nous deux Hélios, j’active la carte Lance Interdite pour faire passer ton monstre à 2200 jusqu’à la fin de ce tour. Abyssgaios, détruis ce monstre ridicule avec ton trident sacré ! Hélios : 3400 – Kyuryu : 4000 Hélios ne broncha pas lorsque son monstre fut détruit. Pourtant à sa place, j’aurais vraiment paniqué. Non seulement il n’avait plus de carte en main, mais en plus il ne pouvait plus activer l’effet de son dragon à cause d’Abyssgaios. Je ne voyais vraiment pas comment il aurait pu s’en sortir, mais la jeune fille qui l’accompagnait me dit quelque chose de surprenant. -C’est terminé pour Kyuryu je crois. -Co…comment peux-tu en être si sûre ? -Laisser Atum sur le terrain est une erreur impardonnable, leur connexion est si forte qu’ils peuvent produire des miracles ; répondit le jeune garçon imperturbablement. J’essayais de croire en leur parole mais je n’arrivais vraiment pas à imaginer une carte capable de retourner la situation. -Bien, on dirait que seul le destin peut te sauver à présent ; ricana le vieil homme. -Le destin dis-tu ? Je n’y crois pas ; rétorqua calmement Hélios. Je pioche et j’active l’effet de mon dragon ! -Idiot, l’effet d’Abyssgaios l’annulera ! A ce moment là, Hélios sourit et son regard flamboya au sens propre du terme. Ses yeux étaient devenus rouges sang. -C’est terminé Kyuryu, Atum, il est temps ! Fusion Rank-up parfaite ! -Fusion…Rank-up ? Bégaya l’autre. Kyuryu était devenu blême et les yeux de Terra s’agrandirent lorsqu’Hélios activa sa carte. Cette dernière s’illumina et le dragon Hiératique brilla d’une même lueur qui l’engloba avec Hélios. Je vis le dragon se transformer. Il se recouvrit d’une armure d’or, ses ailes de lumière semblèrent devenir solides et son œil se teinta d’un magnifique bleu azur. -Elevons nous, toujours plus haut, Dragon Hiératique Parfait, Dieu d’Atum ! Hélios fit un geste et son dragon fit le même, comme si tous les deux ne faisaient plus qu’un désormais. De même que leurs voix, elles semblaient s’entremêler désormais. -Grâce à notre effet, nous pouvons appeler de nouveaux compagnons sur le champ de bataille : viens nous aider, Dragon Photon aux Yeux Galactiques ! Mais ce n’est pas terminé, en retirant de mon cimetière le dragon hiératique roi d’Atum, je peux gagner ses effets et par conséquent, invoquer un autre Sceau Hiératique du Seigneur Dragon Soleil! -Impossible, personne ne peut remonter ainsi… -Je n’accepte pas de perdre, ce n’est pas mon destin, c’est moi qui choisis ma propre voie ! Je recouvre mes deux dragons pour donner naissance au Numéro 62 : Dragon Photon Primordial Aux Yeux Galactiques ! -4000 points d’attaques… -J’active la capacité de mon dragon, en détachant une unité, il gagne va gagner 3000 points d’attaque ! C’est terminé, Primordial photon Stream ! Le monstre de Kyuryu fut tout bonnement annihilé, de même que ses points de vie et le vieil homme tomba à la renverse. Sa partenaire ne vint pas l’aider à se redresser et nous tourna simplement le dos, mais sembla satisfaite de la défaite du vieil homme. Ce dernier jura, pesta, grogna contre Terra, mais cette dernière était déjà partie et, après avoir lancé un regard meurtrier à Hélios, il disparut dans les airs avec les torrents d’eau et les montagnes entourant le manoir. Mais bien que la menace fût passée, personne n’osait dire un mot. Hélios avait accompli l’impossible, l’inimaginable, ce que personne n’aurait pu faire dans sa situation. Il n’avait plus rien à voir avec le tyran sanguinaire que nous avions connu l’année précédente. Je me rendis compte alors de ma propre faiblesse et de ce que l’ex-roi essayait de me dire. Comparée à Hélios, je n’étais rien, jamais je n’aurais pu remonter une situation aussi désespérée. Même la chance n’aurait pu me sauver. Non, il me fallait quelque chose de plus, quelque chose que nul autre n’avait si je voulais être capable de faire face à ces dragons… -La fusion parfaite, quelle incroyable puissance ; murmura la jeune fille à côté de moi. Il y eut comme un déclic dans ma tête. Si moi aussi je pouvais maitriser cette invocation, alors peut-être les choses seraient-elles différentes me disais-je. Je pris ma décision. Hélios devait m’apprendre la fusion parfaite, quoiqu’il m’en coutât. Je me dirigeai donc vers lui pour lui faire part de ma requête quand soudainement, alors que tout semblait aller pour le mieux, il mit un genou à terre et poussa un grognement comme s’il souffrait. Les deux jeunes qui l’accompagnaient se précipitèrent sur lui avant que je n’aie pu faire quoi que ce soit. Cependant, l’ex-roi se releva presque aussitôt en souriant. -Ce n’est rien les enfants…je dois juste m’économiser, le…voyage a été assez difficile. -Hélios, vous en faites beaucoup trop ; lui dit la brune. -Je t’assure que je vais bien Serena, ne t’en fais pas pour moi… Il s’interrompit et leva la tête vers Sherry. -Pourrions-nous rentrer nous reposer quelques instants ? Nous venons de loin tous les trois. -Bien sûr, suivez-moi. Je vis Sherry chuchoter quelque chose à l’oreille de son major d’homme qui acquiesça. Le roi, les deux jeunes, Sherry et mes amies rentrèrent tous dans le manoir en me laissant seule dehors. Je regardais au loin quelques secondes avant de rentrer à mon tour, renonçant à lui demander tout de suite au sujet de la fusion parfaite. Nous nous installâmes tous dans un des nombreux salons et l’ex-roi fit les présentations après s’être assis confortablement dans un large fauteuil en velours. -Je ne vous ai pas présenté mes protégés il me semble. Voici Serena et son frère Satoshi. Je les ai rencontrés lors de mon voyage l’année dernière et ils ont décidé de m’accompagner. -Je suis ravie de vous rencontrer ; s’exclama la jeune fille enthousiaste. Son frère marmonna quelque chose sans grande conviction, comme si le fait d’être ici ne lui plaisait pas. Il semblait particulièrement ronchon contrairement à sa sœur. Nous nous présentâmes à notre tour même si Hélios semblait avoir déjà parlé de nous aux jumeaux car ils ne furent nullement intéressés par cette partie de la conversation comme s’ils savaient déjà tout ce que nous disions. Il demanda ensuite une chambre à Sherry pour une durée indéterminée, ce qu’elle lui accorda, non sans faire la grimace. Les jumeaux, quant à eux, semblaient très contents de rester dans cette demeure de luxe. Serena du moins, car les sentiments de son frère étaient toujours cachés par un masque d’impassibilité sur son visage. La nuit tomba assez vite et nous laissâmes Hélios et les jumeaux tandis que nous rentrions chez nous. Sur le chemin du retour, June, Maya et Ambre ne manquèrent pas de me faire part de leurs doutes vis à vis de notre ancien ennemi. J’en avais aussi, c’était naturel après toutes ses actions, mais il était ma seule chance de progresser jusqu’à un niveau inatteignable en temps normal, je me devais de lui faire confiance pour cela, mais elles ne semblèrent pas me comprendre. En attendant, une fois chez moi, je revis encore une fois mes stratégies de combats, me remémorai les conseils de Lareine et repris la construction de mon deck pour la énième fois. Il me manquait toujours quelque chose, je le savais. Mon regard se posa alors sur le coffre fort scellé. Je m’étais jurée de ne jamais y toucher à cause des avertissements de June mais…cette carte était si puissante, elle pouvait m’aider à vaincre les dragons… Ma main s’approcha de la serrure, lentement. Faisais-je le bon choix ? Avais-je besoin d’un pouvoir aussi sombre ? N’y avait-il aucune autre solution ? J’allais crocheter la serrure lorsque mon téléphone sonna. Presque soulagée d’être interrompue, je regardai de qui il s’agissait mais le numéro s’affichant m’était totalement inconnu. Je râlai un peu, pensant qu’il s’agissait encore de publicités pour les portes et fenêtres mais je décrochai tout de même. -Test, un deux, un deux, Angéla c’est toi ? Dis une voix que je ne reconnus pas tout de suite. -Euh…oui, qui est à l’appareil ? Demandai-je déconcertée. -Ah parfait, ce truc fonctionne. Ici Hélios, comment vas-tu ? -Bien, et vous…Mais attendez une minute, d’où avez-vous mon numéro ? M’étranglai-je en me souvenant de qui était l’individu à l’autre bout du fil. -J’ai simplement demandé à Sherry, vous avez toujours de ces questions vous ; soupira l’ex-roi. Enfin, je ne t’appelle pas pour parler de la pluie et du beau temps, tu imagines bien. -Alors dépêchez vous, j’ai encore du travail moi ; protestai-je. -J’ai entendu dire que tu avais ne étrange carte en ta possession, un numéro du chaos ou je ne sais quoi… Mon cœur s’accéléra. Comment pouvait-il être au courant pour la carte d’Aymeric ? Est-ce que ce type m’espionnait ? Si oui, depuis combien de temps ? Pourquoi ? Allais-je devoir être constamment sur mes gardes désormais ? Alors que j’imaginais les théories les plus farfelues et inimaginables, Hélios reprit la parole. -Si tu veux savoir comment je sais cela, sache que le fait d’avoir côtoyé le dragon pendant si longtemps me permet de sentir le mal et non, avant que tu ne le demandes, je ne lis pas dans les pensées. Bon, alors là, j’étais bluffée. Hélios m’avait totalement prise au dépourvu, je n’avais plus rien à dire. J’entendis alors quelqu’un parler très fort derrière lui. -Oh, il semblerait que ça soit l’heure d’aller diner. Je dois te laisser, mais j’aimerais que tu m’apportes cette carte pour que je puisse l’examiner. Avant que je n’aie pu protester, Hélios m’avait déjà raccroché au nez, me laissant avec tout un tas d’interrogations. Pourquoi s’intéressait-il à cette carte ? En avait-il peur ou quelque chose comme ça ? Ou bien voulait-il s’accaparer sa puissance pour ses propres objectifs ? Etait-il notre allié ou nous ennemi finalement ? Je ne savais plus quoi penser. Je n’étais déjà pas sûre de comprendre ce qu’il se passait avant l’apparition d’Hélios, mais à présent, je ne savais même plus qui étaient nos amis dans cette bataille… Je préférai ne pas parler de cette histoire à June, cela n’aurait fait que m’embrouiller encore plus l’esprit et je m’endormis tout en repensant à la carte supposée maléfique. Que devais-je en faire à la fin ?… Le lendemain fut une journée de cours très banale, bien qu’un peu plus calme que d’habitude peut-être. Je n’avais pas vraiment la tête à rigoler ou jouer aux cartes pour dire vrai. Même si je m’efforçais de paraître normale, mes amis virent bien que quelque chose n’allait pas, et les profs également qui furent étonnés qu’aucune boulette de papier ne volât à travers la classe. A la pause déjeuner, Ambre me demanda si c’était la venue d’Hélios qui me troublait mais je répondis par la négative. Ce n’était pas sa venue en elle-même qui me dérangeait, mais ses actions. Nous aider puis me demander à avoir une carte maléfique, je n’arrivais pas à cerner ses motivations et cela me rendait folle. Mes amies laissèrent finalement tomber, non sans râler longuement comme quoi je devais arrêter de me la jouer solo à chaque fois et qu’elles voulaient pouvoir faire quelque chose elles aussi. Mais je ne voulais pas les impliquer dans mes suppositions fumeuses, j’étais déjà bien assez embrouillée, il était inutile d’entrainer mes amies avec moi… L’après-midi passa comme le matin, de même que la réunion du club. Lareine remarqua également que je n’avais pas l’air très attentive à ses conseils et il ne manqua pas de me le dire. Mais mes interrogations ne me quittaient pas. Cependant, tout se débloqua en sortant. Lareine m’avait retenue un peu plus longtemps pour me sermonner, me dire que ce n’est pas avec cette mentalité que je vaincrai les dragons ou je ne sais plus quoi, mais le résultat fut que je me retrouvai seule à la sortie. En sortant, je vis Serena, celle qui accompagnait Hélios la veille, attendant de l’autre côté du trottoir et qui observait l’école avec des yeux presque fascinés. La jeune fille baissa la tête et me fit un grand sourire en me voyant, que je m’efforçai de lui rendre. -Salut Angéla ! Me lança-t-elle de loin. -Tu es Serena c’est ça ? Qu’est-ce qui t’amène par ici ? -Hélios m’a envoyé pour récupérer une carte maléfique ou quelque du genre ; dit-elle en haussant les épaules. -Je suis désolée, mais je n’ai pas cette carte sur moi en ce moment…dis-je avec une grimace. -Ah, il sera déçu ; dit-elle un peu triste. Mais bon, tu peux l’apporter demain s’il te plait ? C’est de la plus haute importance selon lui ! -J’essaierai oui…Répondis-je sans grande conviction. -Mis à part cela, ton école est très jolie, tu as de la chance Angéla ; reprit Serena en contemplant le bâtiment à nouveau. Je ne savais pas trop si elle plaisantait ou non. Mon lycée était tout sauf « joli ». Ce n’était qu’un bâtiment moderne de béton avec une grande entrée fermée par une grille bleue. Il y avait bien un vieux bâtiment de brique rouge des années 1800 à côté que l’on pouvait considérer comme élégant, mais de là à dire qu’il était beau…Quant aux salles de classe, elles étaient toutes identiques sur sept étages, carrées, avec de grandes baies vitrées d’un côté et un mur de l’autre, le tout dans un affreux bâtiment en forme de croix. On était assez loin des beaux châteaux de la Loire ou même de Versailles. -Je sais que c’est un peu soudain mais…serais-tu d’accord pour me faire visiter ? Demanda-t-elle timidement en se dandinant d’une jambe à l’autre. -Maintenant ? C’est que les cours sont finis, et je suis pas sûre que… -Pas forcément aujourd’hui ; se rattrapa-t-elle, mais un jour… Elle regarda tristement la grille de l’école qui était fermée désormais et son regard reflétait un grand regret. De quoi ? Je n’en avais pas la réponse mais je me doutais bien qu’il avait du se passer quelque chose l’ayant marqué, quelque chose se rapportant à l’école. -D’accord, je demanderai aux profs si tu peux venir ; finis-je pas dire, ne pouvant supporter un tel regard. Son visage s’illumina et je me dis que je venais de prendre la bonne décision. Certes, je ne savais rien sur Serena, mais elle ne semblait vraiment pas mauvaise, je n’avais aucune raison de lui refuser quelque chose d’aussi insignifiant. En rentrant chez moi, j’ouvris le coffre contenant la carte maudite et je la mis, non sans prendre beaucoup de précaution, dans mon deck. Immédiatement, un frisson me parcourut, mais je ne ressentis rien de plus. Le lendemain, j’obtins l’approbation du nouveau directeur qui, il faut le dire, s’en fichait royalement et l’autorisa même à assister aux cours si elle voulait. Heureusement que nous avions changé de direction d’ailleurs car l’ancien aurait refusé sans même écouter la question. Mes amies eurent l’air d’apprécier de devoir faire les guides touristiques, après tout, pouvoir raconter toutes les anecdotes croustillantes qui couraient ici était une occasion unique à ne pas manquer. Je devais retrouver Serena à la sortie de l’école pour lui remettre la carte et lui annoncer la réponse du directeur mais en sortant, je ne vis personne. Nous attendîmes quelques minutes, puis une demi-heure. Mes amies partirent, devant rentrer impérativement mais je ne voulais pas la rater, elle pouvait avoir eu un empêchement, et je l’attendis encore. Ma patience fut récompensée car la jeune fille se présenta avec une heure de retard, mais je ne pouvais pas la blâmer, il m’était déjà arrivé de faire bien pire… -Désolée pour le retard Angéla, Ellsworth a du faire face à quelques embouteillages pour venir ici. -Ce n’est pas grave, tu as juste raté mes amies. -Je les reverrai certainement une prochaine fois. Mais alors, tu as demandé à ton directeur ? -Oui, il a accepté que tu passes une journée de cour avec nous. -Une…journée…entière ? Dit-elle soudainement beaucoup plus pâle. -Oui, tu n’es pas contente ? Demandai-je étonnée. -Si, évidemment, c’est juste que…je n’ai jamais été à l’école ; avoua-t-elle en regardant le sol, fuyant mon jugement. Cependant, contrairement à ce qu’elle pouvait penser, je ne la jugeais pas du tout. J’avais moi-même tellement séché les cours que ne pas aller du tout à l’école ne me paraissait pas si étrange que ça. -Quelle importance ? Il faut une première fois à tout ! Déclarai-je, essayant d’être encourageante. -Je sais bien mais…Non, oublie ça, ce n’est pas intéressant. Et pour la carte ? Je la sortis et la lui tendis. Mais, avant qu’elle ne puisse la prendre, le vent souffla et la carte m’échappa des mains. Je me précipitai pour la rattraper mais, à un coin de la rue, quelqu’un l’attrapa en vol. Il s’agissait d’Hélios et il l’observa avec attention. -Oh, alors voilà la fameuse carte ? Intéressant, je l’étudierai plus tard ; marmonna-t-il en la fourrant dans sa poche. -Vous voilà enfin Hélios, ou étiez vous encore passé ? Le rabroua Serena. -Désolé mon enfant, mais j’ai fait quelques détours, savais-tu que Paris est la ville possédant le plus de café et qu’elle… -Mais j’en m’en fiche royalement ! Protesta-t-elle. A cause de vous et vos manies, Ellsworth a eu droit à tous les embouteillages ! Hélios était là. Je saisis l’occasion lorsqu’elle se présenta à moi, ne sachant pas quand je le reverrai. Je m’avançai donc d’un pas, l’air décidé. -Hélios ; déclarai-je solennellement. -Qu’y a-t-il Angéla ? Demanda-t-il surprit par mon ton. -S’il vous plait…Apprenez moi à devenir plus forte, apprenez-moi la fusion parfaite !
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Hors Ligne Modérateur Passif depuis le 05/07/2017 Modération : Index, Profil, Arts, Pages, Mp, Forum, Videos, News, Faq, Pub, Articles, Lexique, Cartes, Echanges Grade : [Staff UltraJeux] Echanges (Aucun) Inscrit le 08/03/2008 | Envoyé par SamUJ le Samedi 11 Mars 2017 à 21:01 Omg trop de vitesse en toi, j'ai pas encore eu le temps de rattraper ce que je dois rattraper xD
En tout cas cool de te revoir actif dans la section, je me sens moins seul dernièrement :3 Mais quand t'es motivé tu prends le TGV c'est compliqué de suivre ton rythme xD
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Envoyé par le Samedi 11 Mars 2017 à 21:41 Ah désolé si ça va trop vite, je me rends pas compte vu que d'habitude je coupe les haltes en 3 au lieu de poster d'un bloc x)
Je couperai en 3 chaque semaine pour que ça soit plus facile à suivre maintenant x) Mais pour l'activité j'avais surtout envie de finir la saison pour pas être obligé d'arrêter sans prévenir ^^
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Envoyé par le Samedi 18 Mars 2017 à 21:06 comme promis je coupe mes chapitres maintenant donc ils seront plus courts logiquement :3
Chapitre 12 : Yume Nikki Spoiler : Grace à l’intervention d’Angéla, Laura était guérie de sa malédiction. Elle était redevenue elle-même, telle que je l’avais connue plus de cinq ans auparavant. Il n’y avait plus aucune trace de son passé, même Ouroboros avait disparu pour faire place à nouveau à Trishula. Nous passions des journées paisibles, sans problème. Certes, Laura n’appréciait pas vraiment que je parle avec Saya plutôt qu’avec elle mais elle ne m’ignorait plus pour autant. Un mois s’écoula ainsi, un mois où nous avions tous l’impression d’avoir retrouvé une vie normale, suivant des cours, trainant après la classe ou passant au club de duel. Chaque jour se ressemblait, et j’appréciais vraiment cela. Je profitais de chaque minute, chaque seconde passée en classe ou avec mes amis car je n’avais pas oublié les avertissements d’Hélios, alors je faisais en sorte de profiter au mieux du temps qui m’était imparti. Miyako ne cessait d’ailleurs de me répéter d’être plus sur mes gardes, que je ne devais pas prendre tout cela à la légère ou encore que je devais partager son fardeau avec elle mais je ne l’écoutais que d’une oreille, tout en sachant qu’elle avait malheureusement raison… Quant à Nagisa, elle était toujours aussi discrète dans le club, même en tant que présidente, mais je voyais bien qu’elle prenait peu à peu confiance en elle. Pendant plusieurs semaines, elle avait laissé Miyako prendre les décisions à sa place, mais récemment, elle avait essayé de gérer par elle même nos activités. Et justement, une de ses décisions marqua un grand tournant pour nous tous. C’était un soir assez banal. Après une journée de cours, avec Miyako, Saya et Laura, nous devions nous réunir dans la salle du club pour notre entrainement quotidien. Evidemment, Miyako était la première arrivée, ce qu’elle ne manqua pas de faire remarquer. Nagisa, quant à elle, n’était pas encore là et nous décidâmes de l’attendre à l’intérieur. La salle était comme à son habitude, en désordre. Des tas de papiers, dont nous n’avions même pas conscience de l’existence, s’entassaient sur les fauteuils et la table nous servant à nous entrainer croulait sous le poids des livres de théorie de duel. Pendant que nous attendions Nagisa, Miyako regardait par la fenêtre d’un air perdu, Saya s’amusait à faire voler des avions en papier et Laura semblait s’être endormie. Nous formions vraiment un drôle de club, heureusement que personne ne surveillait nos activités… Ne pouvant plus tenir assis à rien faire, j’allai rejoindre Miyako près de la fenêtre. Nous avions vraiment une belle vue d’ici. A nos pieds se tenait le parc de l’école avec ses pelouses, ses bancs, ses arbres et ses élèves. La végétation était encore verdoyante en cette fin de mois d’octobre. Je me demandais à quoi cela pouvait bien ressembler sous la neige…Le parc devait être magnifique sans aucun doute. Je tournai mon regard vers Miyako. Elle continuait de regarder au loin dans le vague, perdue dans ses pensées avec son éternel regard inexpressif. J’avais promis de l’aider, mais je ne savais même pas dans quoi je m’embarquais en acceptant, et depuis, jamais je n’avais eu besoin de faire quoi que ce soit de particulier, si bien que je m’interrogeais toujours sur ce que Miyako devait faire dans la guerre se préparant. Je me tournai ensuite vers Saya et Laura et je reçus un avion dans l’œil. Je reculai précipitamment en râlant jusqu’à bousculer Miyako, la faisant sortir de sa transe. -Que…Darksky, fais attention bon sang ! Protesta-t-elle en me repoussant. -Eh, plains toi auprès de Saya qui s’amuse à m’envoyer des avions dans les yeux ! Ripostai-je toujours en me frottant l’œil. Cette dernière prit son air le plus innocent possible et mit ses mains devant elle, pour signifier qu’elle n’y était pour rien. -C’est bon, ce n’est qu’un avion en papier, ça ne va pas te tuer ; dit-elle en rigolant. -Tu vas voir ce que ça fait de se prendre un avion dans l’œil Saya ! Je ramassais le dangereux projectile et je le lui lançai avant qu’elle n’eut le temps de protester. Mais, malheureusement pour moi, elle avait de bons réflexes et elle l’esquiva en se baissant. L’avion passa au dessus d’elle et alla se planter droit entre les deux yeux de Laura. Un silence de mort s’abattit sur la salle de club. Je savais qu’elle détestait être réveillée plus que tout, c’est pourquoi j’allai me cacher juste derrière la porte, afin de laisser Saya prendre sa fureur à son réveil. Ce ne fut peut être pas la meilleure idée car, au même moment, la porte s’ouvrit violemment et je la reçus en pleine figure et Nagisa entra comme une furie dans la salle. -Miyako ! Cria la nouvelle venue. Laura se réveilla à ce moment là, l’air furieuse. -On ne peut même pas se reposer un peu ici ! Râla-t-elle. Elle se tourna vers moi et fronça les sourcils. -Je peux savoir pourquoi tu as le nez tout rouge Darksky ? Je haussais les épaules, ne voulant pas m’appesantir là dessus. Nagisa l’ignora et se précipita sur Miyako, visiblement surprise par autant d’agitation d’un seul coup. -Nagisa, où étais-tu passée ? Ce n’est pas le rôle de la présidente d’arriver en retard ; la rabroua Miyako. -Je sais bien, mais je faisais quelques recherches ! Répondit Nagisa, enthousiaste. -Des recherches ? Mais sur quoi ? -Je voulais savoir comment bien gérer ce club, alors je me suis renseignée pour savoir comment toi, tu l’avais géré ! Le visage de Miyako se crispa, mais elle ne sembla pas le remarquer et elle continua. -Je suis donc allée dans la première salle ayant abrité le club de duel et j’ai trouvé ça ! Elle sortit de son sac une grande affiche poussiéreuse de recrutement. Elle était assez sobre, il y avait quatre monstres de duel au milieu, à l’intérieur d’un cercle, et à l’extérieur, des effets lumineux presque éblouissants. Un slogan était également écrit : au delà du rêve. Miyako avança lentement sa main. Dans son regard se mêlait tristesse et joie dans un étrange mélange, comme si revoir cette affiche faisait ressortir de nombreux souvenirs en elle, bons tout comme mauvais. -Dis-moi Miyako, c’est toi qui as fait cette affiche ? C’était pour le premier club de duel ? Tu avais du talent ! Elle ne répondit rien et saisit simplement le bout de papier…qu’elle déchira sous les yeux ébahis de tout le monde avant de s’enfuir en courant, nous laissant dans l’incompréhension, et particulièrement Nagisa qui regardait les lambeaux de sa découverte, éparpillés sur le sol, l’air détruite elle aussi. -Je…Je ne comprends pas ; murmura-t-elle d’une voix presque inaudible, dépitée. Qu’ai-je donc fait encore ? -Ce n’est pas toi Nagisa ; lui dis-je pour la réconforter. Il y a des choses pour lesquels nous sommes impuissants. -Tu sais quelque chose Darksky ? Tu as vu Miyako après son malaise après tout; me dit Laura. -Evidemment qu’il sait quelque chose ; reprit Saya. Mais crois-tu vraiment qu’il va te le dire ? On parle de Darksky je te rappelle, celui qui veut tout régler par lui-même. -Je sais effectivement quelque chose, mais je n’ai pas le temps de vous expliquer maintenant, et vous ne comprendriez pas de toute façon. Dans l’urgence, je dois retrouver Miyako ! Je sortis sans plus attendre de la salle du club pour rejoindre Miyako. Heureusement, j’avais ma petite idée sur l’endroit où elle pouvait se trouver. Je montais donc au dernier étage, j’enjambai la barrière et je poussai la lourde porte donnant sur le toit de l’école. Le vent me fouetta immédiatement le visage et je vis Miyako, assise au bord du vide, face au soleil couchant du crépuscule. Je la rejoignis et je m’assis à côté d’elle. Ses yeux étaient rouges à force d’avoir pleuré et son visage couvert de larmes. Je ne prononçai pas un mot, attendant qu’elle parle la première. Après un long silence de plusieurs minutes, elle finit par me dire quelque chose. -Tu n’avais pas besoin de venir tu sais, je n’ai plus besoin d’aide à présent ; dit-elle d’une voix encore rauque. Je ne répondis rien. Elle continua donc après un temps d’arrêt. -Tu sais, l’année dernière, ce club était certainement la première chose d’utile que nous avons faite avec Dan, Julie et Denys. Cette affiche que tu as vue, elle représentait tous nos espoirs lors de la création du club, nous avions mis tout notre cœur pour les créer, nous avions même passé une journée entière à les coller un peu partout. Nous étions si fiers de notre travail, nous pensions vraiment ouvrir la porte sur une nouvelle façon de passer nos journées de lycée. Malheureusement, tu sais très bien ce qu’il est devenu durant la guerre. J’avais vraiment l’impression d’avoir tout raté sur le moment. Notre club était tout sauf un endroit de détente. Miyako me regarda droit dans les yeux, ayant retrouvé son impassibilité habituelle. Je ne savais même pas si elle me regardait moi, ou bien une chose invisible derrière moi. -Comprends-tu Darksky, ce que Nagisa a ramené en retrouvant cette vieille affiche ? Des espoirs brisés, des rêves jamais réalisés. Elle a déterré des souvenirs qui auraient du rester enterrés à tout jamais. Tu sais que j’ai décidé de faire une croix sur le passé, d’aller de l’avant, et c’est pourquoi, je ne peux pas m’encombrer de tels souvenirs. Sa voix se brisa tout à coup comme si prononcer la suite de sa phrase était un supplice. -Le club…Yume Nikki…est mort…le jour où Dan a péri. Il est inutile d’essayer de le ressusciter. -Mais dans ce cas, pourquoi avoir aidé à la création du nouveau club Miyako ? Elle se leva et me toisa de toute sa hauteur. -Pour enterrer définitivement l’ancien ; répliqua-t-elle d’une voix tranchante. Ce nouveau club n’a rien à voir avec Yume Nikki, et ne devra jamais suivre le même chemin. Il est le nouvel édifice s’élevant sur les ruines d’une erreur, la réalité surpassant l’utopie que nous voulions créer. -Mais… -Je n’ai plus rien à ajouter là dessus Darksky, Yume Nikki n’existe plus. Sans un mot de plus, Miyako tourna les talons et disparut à l’intérieur de bâtiment, en me laissant planté là, dans l’incompréhension la plus totale. Je pensais sincèrement avoir réussi à comprendre ce que Miyako ressentait vis à vis du passé, mais je m’étais apparemment trompé. Elle ne voulait pas l’accepter, elle voulait l’enterrer une bonne fois pour toute, effacer tous ses souvenirs de l’année précédente et repartir de zéro… Je pouvais la comprendre, de nombreuses fois, j’avais pensé à faire table rase de mon propre passé et entamer une nouvelle vie après le départ de Laura, mais cela m’était impossible car cela signifiait renier tout ce qu’il m’était arrivé jusque là, et c’était sur ce point que nous étions différents avec Miyako. Oublier mon passé m’était inconcevable, alors que pour Miyako, c’était la meilleure solution pour ne plus souffrir. Je devais la convaincre qu’il y avait une autre solution, renier n’était pas une solution durable. Au simple souvenir refaisant surface, comme cette affiche, le passé ressurgit toujours de manière violente. Mais je n’avais aucun argument contre Miyako. J’avais déjà essayé et j’avais déjà échoué. Je devais trouver quelqu’un d’autre. Laura aurait pu convenir pour cette tâche mais j’avais peur que Miyako ne la persuade de faire également table rase du passé. Saya avait rejeté son passé en entrant au service d’Hélios, mais elle n’avait pas grand chose à rejeter excepté des parents indignes, elle ne pouvait certainement pas comprendre ce que Miyako ressentait. Alors que déambulais dans les couloirs de l’école tout en cherchant une solution, je vis une ombre se faufiler dans un recoin. Intrigué, je la suivis et je finis par arriver dans un coin de l’école où je ne passais presque jamais. Il n’y avait pas grand chose à part des salles de classe inutilisées mais l’une d’entre elle attira mon attention. Je ne pourrais dire ce qu’elle avait de différent mais je sentais qu’il s’agissait d’un endroit important. La porte étant entrouverte, je jetai un coup d’œil à l’intérieur et mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Ce n’était qu’une petite salle rectangulaire avec un bureau, deux canapés face à face, une armoire où s’accumulaient les vieux mémos et au sol, des milliers de papiers. Mais le plus troublant était ce qui était accroché au mur : des affiches telles que Nagisa en avait ramenées. Je ramassai un papier au hasard. C’était un plan de l’école parsemé de flèches rouges. J’en ramassai un autre, il s’agissait cette fois d’une liste de noms. J’en ramassais un troisième, puis un quatrième, mais il n’y avait aucun rapport entre eux. Un bruit de pas se fit entendre derrière moi. Je me figeai. Je n’avais certainement pas le droit d’être là mais il était trop tard pour s’enfuir. Alors que je m’attendais à voir surgir un prof en colère, quelle ne fut pas ma surprise lorsque Denys et Julie arrivèrent, l’air aussi étonnés que moi de me voir. -Oh, Darksky, cela faisait longtemps ; me dit la jeune fille. Un déclic se fit dans ma tête. -Julie, Denys, je devais justement vous voir ! -Nous ? Demanda Denys surpris. -Oui, c’est au sujet de Miyako. Leurs visages se renfrognèrent lorsque je prononçai ce nom et ils se regardèrent tristement. -Elle a décidé de faire une croix sur son passé et… -Darksky-sama, sais-tu au moins où tu te trouves ? M’interrompit Denys. -Euh, pas vraiment, j’ai juste suivi quelqu’un et… Julie entra dans la pièce et contempla d’un regard mélancolique les milliers de papiers éparpillés au sol. -Cette salle fut le siège de la résistance, ainsi que la salle de réunion de la team Yume Nikki, il y a de cela un an…
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Envoyé par le Samedi 25 Mars 2017 à 22:28 hop 2eme partie du chapitre
Spoiler : Je mis plusieurs secondes à digérer l’information. Mon regard passa plusieurs fois de la pièce en désordre à Julie avant de comprendre sur quel genre d’endroit je venais de tomber. Je regardai à nouveau les papiers que j’avais ramassés et je compris soudainement leur signification. Le plan devait être sans nul doute un plan d’attaque fait par Miyako lors de la guerre, tandis que la liste de noms devait se rapporter aux compagnons de la résistance. Quant aux affiches sur les murs, elles devaient certainement être là depuis la création du club. Julie se dirigea vers une commode, ouvrit un tiroir et en sortit un petit carnet qu’elle regarda tristement. Je vis Denys tressaillir. -Julie, est-ce que ça serait… La jeune fille hocha la tête et me tendit le carnet. -Nous étions venus chercher ça, mais puisque tu es ici, prends le. -Et qu’est-ce que c’est ? Demandai-je déconcerté. -L’origine du mal de Miyako ; se contenta-t-elle de répondre. Je le pris dans mes mains. Il n’avait rien de particulier, c’était un simple carnet comme on peut en voir partout. Il ne semblait même pas spécialement vieux, juste un peu abimé sur les coins, mais à part cela, il était tout à fait normal. Julie m’invita à l’ouvrir, ce que je fis. A l’intérieur, des milliers de notes étaient inscrites dans tous les sens. Pour moi, elles n’avaient aucun sens, mais elles en avaient certainement pour Miyako, car c’était son écriture, je la reconnaissais. Une écriture fine, élégante, mais ne respectant en aucun cas les lignes tracées, avec des bouts de mots dans des coins ou en diagonale. Il m’était donc très difficile de comprendre le sens de ces notes, mais je voyais bien qu’il s’agissait de toutes les actions de Miyako durant la guerre, comme « Remplir le garde manger », « plan d’attaque : UWS droit », « Overlord neutralisée ». Mais quelque chose retint mon attention plus particulièrement. Un groupe de mot revenant sans cesse : la fille de lumière. Je demandai à Julie et Denys de quoi il pouvait bien s’agir et le grand garçon frappa le mur violemment. -Si seulement nous n’avions pas interrogé ce type, jamais tout cela ne serait arrivé ! Cracha-t-il. Miyako serait encore elle même et Dan… Sa voix se brisa et il renonça à continuer. Julie prit le relais plus calmement -Si Miyako s’en veut à ce point, tu dois savoir pourquoi ? J’hochai la tête. -Bien, cela m’épargnera pas mal d’explications, mais tu peux aisément comprendre que Miyako aura beau vouloir renier son passé, l’enterrer, aller de l’avant, les liens qui la rattachent au passé sont bien trop solides pour être brisés et ne sont pas près de céder. -Mais j’ai déjà essayé de la convaincre d’accepter le passé et elle a mal compris le message. A présent, elle refuse catégoriquement de s’y référer. -Dans ce cas, il ne tient qu’à toi de lui faire comprendre que ce n’est pas la bonne méthode si c’est ce que tu penses. Dans cette pièce sont réunis tous nos souvenirs, peut-être que tu y trouveras la clé permettant d’ouvrir le cœur de Miyako. Julie n’ajouta rien de plus et tourna les talons. Denys me serra la main et partit à sa suite, en me laissant seul dans la pièce. Je continuais à regarder le vieux carnet, cherchant une réponse au mal de Miyako, mais rien ne me venait en tête. Je décidai alors de faire quelques rangements afin de m’y retrouver pour mes futures recherches. Je commençai à ramasser tous les papiers, faire des tas bien distincts tout en triant ce qui me semblait intéressant et le reste. Cela me prit plus d’une heure, mais après cela, j’avais éliminé une bonne partie des papiers inintéressants pour moi. Je pris du recul. Rangée, la salle était bien plus belle. Elle ressemblait assez à notre salle de club, bien qu’un peu plus petite. Cela n’avait rien d’étonnant puisque c’était Miyako qui s’était occupée de la décoration de notre club. Encore une fois, elle se reposait bien plus sur le passé qu’elle ne voulait le laisser croire… Je décidai de laisser là mes recherches. Il se faisait tard et je risquai de me retrouver enfermé dans l’école si je ne partais pas maintenant. Le lendemain, Miyako ne vint pas à la réunion de club et Nagisa s’en voulait terriblement. Elle ne cessait de répéter que par sa faute, Miyako souffrait terriblement. Je tentai de la réconforter mais il n’y avait rien à faire. -Je n’aurais jamais du m’introduire là-bas, tout ça parce que je voulais un modèle à suivre et à cause de moi, Miyako… -Je suis allé faire un tour également ; finis-je par avouer. Tous les regards se tournèrent vers moi. Je m’étais trop avancé, je ne pouvais plus garder tout cela pour moi, je devais réunir toute l’aider possible pour résoudre ce problème. Je n’avais plus d’autre choix que de les mettre au courant de tout ce que je savais sur elle. Je commençai par leur expliquer précisément son rôle durant la guerre, en tant que chef de la résistance, mais également en tant que « fille de lumière », titre qui lui avait couté très cher. Je leur racontai également comment le club avait du se former, me référant aux dires de Julie et Denys et également comment ils s’étaient retrouvés à la tête de la résistance. Je ne passai rien de ce que je savais sous le silence, pas même la partie concernant son double. Saya et Laura étaient plus que capables de comprendre cette singularité compte tenu des leurs. Seule Nagisa sembla surprise lorsque je l’évoquai mais elle l’accepta assez vite. Je terminai mon récit en parlant du fardeau que j’avais accepté de partager avec elle. Un long silence s’ensuivit. Nagisa avait l’air de s’en vouloir encore plus qu’avant tandis que Laura réfléchissait en fronçant les sourcils, et Saya…il m’était difficile de savoir ce qu’elle pensait à ce moment là… La présidente fut finalement la première à oser proposer une solution. -Je…Je ne prétends pas savoir ce que Miyako a vécu ni même ce qu’elle a du supporter durant la guerre mais…je pense que plus elle refusera son passé, plus il rejaillira avec violence… En prononçant ces mots, le regard de Nagisa se voilà légèrement comme si elle repensait à une expérience personnelle. Miyako m’avait prévenu que Nagisa avait un lourd passé, peut-être qu’en entendant mon récit, cela lui avait rappelé de mauvais souvenirs. -Est-ce que tu aurais une idée en tête Nagisa ? Lui demanda Laura. -Eh bien, je… Elle hésita, sa timidité habituelle refaisant surface. Saya lui fit lança un regard encourageant et, après une grande inspiration, se lança : -Oui, mais j’aurais besoin de l’aide de tout le monde. Mais si vous refusez, je comprendrai très bien, je… -Refuser ? A moins que ton idée soit complètement stupide, au point où nous en sommes, tout est bon à prendre ; affirmai-je. Nagisa nous expliqua alors son plan en détail. Au début, je ne comprenais pas bien où elle voulait en venir, mais au fur et à mesure, je commençai à entrevoir ce qu’elle voulait faire, et c’était tellement simple que cela pouvait marcher : obliger Miyako à faire face à son passé et voir s’il lui redonnerait joie de vivre, ou si on contraire, cela la brisait totalement… Le plan était certes risqué, mais nous n’avions aucune autre solution, nous acceptâmes donc. Nous nous répartîmes les tâches, et j’héritai de celle étant la plus ardue. Tandis que Saya et Laura ne devaient s’occuper que des préparatifs mineurs, moi, je devais convaincre Miyako. Il fallait agir rapidement, plus le temps passait, et plus Miyako s’éloignait de son passé et plus sa blessure s’agrandissait… Les activités de club furent suspendues pendant trois jours, et bien entendu, personne ne donna de raison à Miyako. Elle fut d’abord surprise mais fit mine de ne pas s’en préoccuper. Cependant, je l’avais bien vue tiquer au moment où je lui annonçai. Elle était donc bien plus attachée au club qu’elle ne le laissait paraître, cela allait m’aider… Le deuxième jour, je retournai dans l’ancienne salle. J’y avais invité Denys et Julie afin qu’ils nous aident, et ils avaient accepté immédiatement. Je leur exposai à mon tour le plan de Nagisa. Julie restait sceptique mais Denys était emballé. Leur rôle était simple : se présenter dans cette pièce deux jours plus tard. J’allai ensuite voir ce qu’il se passait du côté de Saya et Laura. Elles semblaient bien se débrouiller avec leurs banderoles et leurs affiches. Je les laissai donc à leur travail avant de me retrouver nez à nez avec Nagisa qui regardait attentivement l’avancement des préparatifs. -Tu penses que ça va marcher ? Demanda-t-elle d’une voix peu assurée. -Nous ne pouvons qu’espérer ; avouai-je en toute franchise. -Et si je faisais une erreur ? Et si ce n’était pas la bonne méthode ? Si cela ne faisait qu’éloigner Miyako ? S’angoissa-t-elle soudainement. -Personne ne sait ce qu’il se passera avant que cela n’arrive, et dans ce sens là, personne ne peut être sûr que ses choix sont les bons. Il est normal de douter. -Sauf que cette fois-ci, j’ai vraiment l’impression de faire une erreur… Elle ajouta à voix basse : -Encore. Elle n’ajouta rien de plus et se rejoignit Saya et Laura dans leur ouvrage. Encore ? Cela était-ce lié à la guerre ? Nagisa avait-elle eu à faire des choix tout comme Miyako ? A ce moment, il m’était impossible de savoir, mais ces interrogations ne me quittaient pas… Le jour tant attendu arriva finalement. Je n’étais pas très sûr de moi, mais je devais absolument la convaincre de venir dans l’ancienne salle. Après les cours de la journée, j’allai attendre Miyako devant sa classe. Je fus très surpris de la voir se lever puis sortir sans dire un mot, sans même regarder ses camarades de classe, comme s’ils étaient des inconnus. -Miyako ! L’interpellai-je alors qu’elle allait partir. -Darksky ? Dit-elle surprise. Que viens-tu faire ici ? -Je suis simplement venu te prévenir qu’aujourd’hui, la salle du club était occupée et que par conséquent, on nous en a attribué une de remplacement. -Ah oui ? C’est étrange, mais bon, ou est cette salle ? -Suis-moi, je vais t’y amener. Je me dirigeai vers mon objectif et elle me suivit sans se douter de quoi que ce soit. Je descendis au rez-de-chaussée puis tournai dans le couloir désaffecté avant de m’arrêter juste devant la porte. Je me tournai alors vers Miyako. Elle ne semblait même pas avoir vu où nous nous trouvions, elle marchait la tête baissée, le regard inexpressif. Je l’invitai à entrer, et le déclic parut enfin se faire dans sa tête lorsqu’elle pénétra dans la salle. Cette dernière était spécialement décorée pour l’occasion. Partout, des affiches annonçant la création du club étaient accrochées tandis que les meubles étaient décorés de belles banderoles multicolores. «Team Yume-Nikki » était inscrit sur la plupart avec nos cinq noms à côté. Laura et Saya nous attendaient avec de grands sourires aux lèvres tandis que Nagisa était près de la fenêtre, le visage anxieux devant la réaction de Miyako. -Darksky, que ce que cela signifie ? Demanda-t-elle sans émotion particulière. -C’est un petit cadeau de la part de Nagisa et de tout le club. Nous avons décidé de le rebaptiser en ton honneur. Elle ne répondit rien dans un premier temps, puis sourit légèrement, un sourire dénué de toute joie. -C’était bien tenté Darksky, mais je ne marcherai pas, je ne reviendrai pas en arrière, alors rangez-moi des décorations ridicules. On ne fête pas quelque chose de mort. Miyako tourna les talons, mais nous avions prévu une réaction, c’est pourquoi deux nouvelles personnes entrèrent dans la pièce à ce moment, lui coupant tout moyen de retraite. Cette fois-ci, elle eut un mouvement de recul en voyant Denys et Julie et l’effarement passa sur son visage d’habitude si impassible et un silence pesant s’installa sur la pièce. Miyako tremblait tandis que ses deux anciens amis la regardaient fixement. Nagisa voulut intervenir mais je lui fis signe de ne rien faire. -De…Denys ? Julie ? Murmura-t-elle comme si elle voyait deux fantômes. -Miyako ; dit Julie d’une voix glaciale qui la regardait avec ses yeux perçants réduits à deux fentes. Miyako regarda de tous les côtés, cherchant un moyen de fuir son passé encore une fois, mais toutes les issues étaient bouchées, elle se trouvait dans une impasse et il lui était impossible de faire demi-tour. Elle ne pouvait plus que faire face à ce qu’elle repoussait depuis si longtemps, tel était le plan de Nagisa. -Vous…Pourquoi êtes-vous revenus ? Demanda-t-elle d’une voix où se mêlait joie et peur. Je pensais que vous m’aviez abandonnée, que vous ne pouviez pas me pardonner…alors pourquoi me faire face à nouveau ? Pourquoi aujourd’hui ? Pourquoi ne pas vous être montrés plus tôt ? -Tu ne comprends toujours rien Miyako, n’est-ce pas ? Lui répondit Denys apparemment déçu, une lueur de tristesse dans le regard. -Comprendre quoi ? Que vous ne pouviez plus supporter de me voir, moi qui ai contribué à la mort de Dan ? Rétorqua-t-elle plus durement. -C’est exact, nous ne pouvions plus ; reprit Julie froidement. Miyako ferma les yeux, un peu triste mais semblant rassurée. Cependant, Julie n’en resta pas là et continua sa phrase. -Nous ne supportions plus de te voir aussi triste, tu n’étais plus la même. Jamais tu n’as souri après la guerre, jamais tu n’as ri, jamais tu n’as même évoqué la mort de Dan. C’est pourquoi, nous avons jugé préférable de nous éclipser, pour ton propre bien. -Et vous m’avez donc abandonnée à mon propre sort ? Vous m’avez laissée me lamenter ? Vous m’avez laissée sombrer ? Vous m’avez laissée….complètement seule ? -Nous voulions t’empêcher de te blesser d’avantage rien qu’en nous regardant. Miyako tressaillit. -Tu ne l’as peut-être pas remarqué Miyako ; continua Denys, mais à chaque fois que nous étions avec toi après la guerre, tu n’étais plus toi-même, comme si tu vivais toujours dans le passé. Il t’est même arrivé d’appeler Dan ou de parler de lui comme s’il était encore là avant d’éclater en sanglots lorsque tu faisais face à la réalité mais…j’imagine que tu ne t’en souviens pas. -J…J’ai fait ça ? Bégaya Miyako totalement déboussolée. -Oui, cela n’arrivait que lorsque nous étions tous les trois dans la salle du club. Nous voyions bien que notre présence te faisait plus de mal qu’elle ne te réconfortait. C’est pourquoi, nous avons disparu de te vie, espérant ainsi que tu redeviendrais toi-même, que par conséquent, le passé disparaitrait avec nous pour que tu puisses vivre une nouvelle vie. -Vous…Vous… -Nous ne voulions que ton bien Miyako, en aucun cas nous ne voulions te blesser ; s’excusa Denys, sincèrement désolé. Miyako se mit à rire devant nos regards ébahis avant de fondre en pleurs. -J’ai…j’ai toujours cru…que vous me fuyiez…que vous me craigniez, que vous ne pouviez me pardonner… J’ai fini cette année si seule… -Nous nous excusons Miyako si nous t’avons fait souffrir ; reprit Denys. Mais Miyako ne l’écouta pas et laissa libre court à ses sentiments. Julie s’approcha d’elle et la serra dans ses bras, la couvrant d’un regard compatissant et bienveillant tandis que Denys souriait gaiement derrière elle. Cela ne fit qu’amplifier les pleurs de Miyako. Elle était méconnaissable, elle qui d’habitude était toujours si distante, si froide, mais à présent, elle pleurait comme n’importe qui l’aurait fait à sa place. -Je suis désolée…Tout est de ma faute ! Se lamentait-elle. Si j’avais été une meilleure présidente…jamais nous n’aurions eu à nous séparer… -C’est terminé Miyako, nous sommes là à présent, nous ne t’abandonnerons plus ; lui murmura Julie tendrement. Tu pourras toujours compter sur nous, c’est une promesse. -Julie a raison ; renchérit Denys. Après tout, même si Dan n’est plus la physiquement, nous sommes une famille, tous unis par les liens indissociables du club, par les liens de Yume-Nikki, par delà même la mort ! Dan est toujours vivant tant que nous perpétuons son souvenir ! -Oui…Nous sommes une équipe…Nous sommes Yume-Nikki…le club de duel pour lequel Dan s’est battu, un club qui vivra éternellement ! S’exclama-t-elle avec un sourire par dessus les larmes. Je souris légèrement, heureux que Miyako ait pu retrouver ses anciens amis, qu’elle ait pu faire face à son passé, qu’elle ait arrêté de le rejeter. Nagisa avait vu juste. En faisant directement face à ses problèmes, Miyako avait enfin pu surmonter son traumatisme. Elle n’était plus simplement la présidente de l’ex-club de duel, ayant fermé par sa faute. Elle était celle qui avait mis fin à la guerre, celle qui avait guidé tous ses camarades vers la lumière, celle qui leur avait redonné espoir dans les ténèbres, celle qui avait accepté tout cela comme la vérité, une vérité qu’elle acceptait, sans aucun regret. Je me tournai ver Saya et à ma grande surprise, je la surpris à verser une larme elle aussi. Laura fermait les yeux, un sourire fendant son visage. Seule Nagisa semblait ne pas se réjouir entièrement. Elle affichait bien une figure joyeuse, mais ses yeux semblaient emplis de tristesse. Lorsqu’elle vit que je l’observais, elle cette tristesse disparut instantanément et elle retrouva sa gaieté habituelle. ————————————————————————– https://www.youtube.com/watch?v=ejuNyUQyQl8 ————————————————————————– Le lendemain, alors que nous nous rendions à la salle du club, Laura, Saya et moi, quelqu’un se trouvait déjà devant la porte, attendant en tapant du pied, l’air impatient. Nous nous arrêtâmes et je souris en voyant Miyako. Cette dernière semblait bien plus détendue et bien moins fatiguée que d’habitude, même ses cernes avaient presque disparu. Elle se tourna vers moi et fronça les sourcils. -Encore en retard à ce que je vois Darksky ; râla-t-elle. On dirait que certaines choses ne changeront jamais ! -Je suis ravi de te voir moi aussi Miyako ; répondis-je en ignorant sa pique. Tu as passé une bonne journée ? Elle soupira et entra. A l’intérieur, Nagisa nous attendait déjà et nous accueillit gaiement, comme à son habitude. -Laura, affronte moi en duel s’il te plait ! S’exclama-t-elle avant même qu’elle ne soit rentrée. Mon amie accepta avec plaisir et les deux filles se mirent en position. Saya, Miyako et moi allâmes nous asseoir sur le côté, intrigués par le dénouement de ce match. C’était une journée ordinaire, identique à d’habitude, excepté une chose, aussi cruciale qu’imperceptible, une chose qui, à elle seule, signifiait énormément pour nous tous, membre du nouveau club de duel. Sur le mur était accroché un grand poster où étaient dessinés cinq monstres et en dessous étaient inscrits les noms de Saya, Laura, Nagisa, Miyako et le mien tandis que, juste à côté de lui, un autre, légèrement plus petit et bien plus vieux le côtoyait et sur lequel était inscrit le nom : Yume-Nikki.
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Envoyé par le Dimanche 02 Avril 2017 à 19:03 le chapitre des vacances :3
Chapitre 13 : La gardienne Spoiler : : Une grande citadelle volait dans le ciel, couvrant la terre de son ombre menaçante. A côté de moi se tenaient des milliers de personnes armées et, loin devant, au dessus des masses, debout sur un immense rocher, trois chevaliers nous faisaient face, le visage grave. L’un, celui en armure bleu, avait perdu un œil et une longue cicatrice fendait son visage. La tension était palpable. Nul ne disait un mot. Tous semblaient inquiets, certains tremblaient même. Mais moi, je ne ressentais rien, excepté un petit poids sur le cœur dont j’ignorais l’origine. Quelqu’un traversa la foule de guerriers pour venir à ma rencontre. Sans savoir pourquoi, je tournai la tête dans la direction opposée. Cependant, la personne ne du pas comprendre mon geste car elle posa sa main sur son épaule. -Alors Athéna, prête ? Me demanda la voix féminine avec un sérieux qui me surprit. C’était la première fois que j’entendais cette voix et pourtant, je savais pertinemment à qui elle appartenait, et je n’avais nullement envie de parler à cette personne. Je ne répondis donc rien. -Allons, nous devons être forts, il ne voudrait certainement pas que tu te lamentes ainsi, tu ne penses pas ? Reprit la personne d’une voix douce. -Ne parle pas à sa place Chaneler ; rétorquai-je durement. Pourquoi lui parlais je de cette façon ? Je n’avais aucune envie d’être agressive, je savais qu’elle ne voulait que me réconforter, et pourtant, rien qu’entendre sa voix me brisait le cœur… Soudain, de la forteresse sortit un éclair rouge qui fonça droit sur nous. Tous les regards se fixèrent sur lui et les épées pointèrent toutes dans la même direction. Cependant, les trois chevaliers sur le rocher nous firent signe de ne pas agir. L’éclair rouge frappa le sol et souleva un épais nuage de poussière et les armes ne se baissèrent pas. Je gardais moi-même ma lance levée. La fumée se dissipa peu à peu et une ombre inquiétante se découpa. La créature n’était pas humaine, cela se devinait facilement. Deux yeux rouges surgirent soudainement et toute l’armée recula d’un pas comme un seul homme. Seuls les trois chevaliers ne bougèrent pas d’un pouce. Un coup de vent souffla et la créature monstrueuse sortit de l’ombre. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine et je resserrai ma prise sur ma lance. Le monstre avait un corps rouge comme le feu. Son torse, beige, semblait fait, non pas de peau, mais d’un métal infranchissable, comme s’il portait une armure naturelle. Sa tête de dragon nous toisait du haut de ses quatre mètres tandis que ses ailes immenses nous cachaient le ciel. Le dragon se tourna vers les trois chevaliers et ils se dévisagèrent pendant plusieurs instants. Il les dominait largement et aurait certainement pu les tuer d’un seul coup mais à la place, il ouvrit la bouche et se mit à parler d’une voix lente et grave, résonnant dans la plaine. -Chevaliers légendaires Timée, Hermocrate et Critias, comme vous le savez, votre temps sur cette terre vous est compté. La prophétie est sur le point de se réaliser. -Nous le savons ; répondit le chevalier bleu sans laisser paraître une émotion. -Dans ce cas là, pourquoi continuer à vous battre ? Le questionna le dragon. -Nous avons encore un peuple à protéger, et nous le protègeront jusqu’à notre dernier souffle ! Répondit le chevalier noir en mettant la main sur son épée et faisant un pas en avant. -Vous savez que c’est également de votre propre peuple qui causera votre perte. -Non, un peuple ne peut être responsable des actions d’un seul ! Rétorqua le chevalier rouge. Ce peuple a le droit de survivre à la catastrophe, même si nous devons laisser nos vies pour cela ! -Votre peuple est condamné, il serait temps de l’admettre ; reprit le monstre rouge. Sauvez vous tant qu’il est encore temps…mais je sais que vous ne le ferez pas, la prophétie l’a prédit il y a des milliers d’années déjà. -Je ne crois pas aux prophéties Pyros, nul ne peut contrôler notre destin. Termina le chevalier borgne. Après qu’il a dit cela, le monde bascula autour de moi et tout devint noir… Je fus réveillée par une énorme claque sur la joue, et ce n’était visiblement pas la première étant donné la douleur que je ressentais des deux côtés de mon visage… Au dessus de moi étaient penchés Hélios et June qui me regardaient avec inquiétude. Je les dévisageai sans comprendre. Je ne savais même plus comment j’avais atterri ici et surtout, je ne savais même pas où je me trouvais. Tout ce dont je me souvenais était d’avoir vu Pyros parler à trois chevaliers légendaires, tandis que j’étais dans la peau d’une guerrière en armure… Est-ce que l’un d’entre vous peut me dire ce qu’il vient de se passer ? Demandai-je, un peu perdue. -Tu n’as simplement pas suivi mes conseils ; répondit Hélios mécontent. Regarde un peu dans quel état tu te trouves ! Je t’avais pourtant dit de ne pas utiliser la fusion parfaite avant d’être prête, mais évidemment, tu ne m’as pas écouté ! -J’ai…j’ai fait quoi ? Redemandai-je interloquée. -Tu as activé la carte d’Hélios et l’instant d’après, tu t’es effondrée par terre ; m’expliqua June en m’aidant à me relever. -Pourquoi est-ce que les gens n’écoutent jamais les avertissements ; râla-t-il. Je t’avais dit que pour utiliser cette carte, il te fallait un lien spécial avec l’une de tes cartes et toi, tu as pris la première venue ! -J’ai…J’ai vu Pyros…en rêve…s’adressant à trois chevaliers…au pied d’une forteresse…Dis-je tremblante. -Il s’agissait certainement des souvenirs de ta carte ; rétorqua Hélios comme si ce que je disais était dénué d’intérêt. -Attendez ; reprit June, voir un dragonn n’est pas rien, vous êtes sûr que nous pouvons le prendre à la légère comme ça ? -Pourquoi s’inquiéter de faits passés datant de plus de dix mille ans ? Pyros est descendu sur terre à cette époque, la belle affaire, je ne vois pas en quoi cela nous intéresse aujourd’hui. Angéla, j’ai accepté de t’enseigner la fusion parfaite, mais ce n’est pas quelque chose qui se fait en claquant des doigts. Tu dois connaître tes monstres, ne faire plus qu’un avec eux, sans quoi, il te sera impossible de les comprendre… L’ex-roi prit la direction de la porte, l’ouvrit et sortit en nous laissant toutes les deux, encore dans l’incompréhension de ce qu’il venait de se passer. J’essayais de me remémorer au mieux ce que j’avais vu en rêve. S’il s’agissait vraiment des souvenirs d’Athéna, peut-être avait-elle combattu les dragons par le passé ? Peut-être savait-elle comment ils avaient été vaincus la première fois. -Angéla, tu es sûre de ce que tu fais ? Me demanda June en me tirant de mes pensées. -Sûre de quoi ? -De vouloir apprendre la fusion parfaite. En as-tu vraiment besoin ? Tu as déjà vaincu Gariatron, sauvé Ambre et Maya et plus récemment, délivré Laura de la malédiction, ne penses-tu pas que c’est assez ? -Je suis sûre que Darksky et Drago travaillent durs de leur côté afin de s’améliorer toujours plus, c’est pourquoi, je ne peux pas me reposer sur mes acquis non plus. Je dois m’améliorer autant que possible. Perdre n’est pas une option dans ce qui se prépare. Tu as vu comme moi le monde sous la domination du dragon, c’est ce monde là que je refuse de voir. -Mais, es-tu vraiment prête à te détruire dans l’espoir de sauver le monde ? -Que veux-tu dire ? -Si tu accumules trop de force, tu finiras par blesser ceux qui te sont proches, et toi par la même occasion. Je sais que tu ne le supporteras pas et cela te détruira. Penses-tu vraiment que c’est de cette façon que tu nous sauveras ? Penses-tu sincèrement que tu nous aideras en te blessant toi-même ? -Que proposes-tu alors ? Demandai-je intriguée. -Laisse-moi porter ce fardeau avec toi ; répondit-elle en se redressant de toute sa hauteur, et inutile de me sortir que cela est risqué, je suis consciente de ce que je fais, mais je suis également consciente que je ne peux pas te voir courir à ta perte. -June, je… -Tu m’as fait prendre conscience de ma force en me sortant de l’ombre de ma mère afin que je suive mon propre chemin, ne me dis pas à présent que c’était une erreur. J’ai choisi mon chemin, et il suit le tien. -Tu marques un point ; je reconnus. Mais…penses-tu réellement pouvoir me suivre ? Lançai-je avec un air de défi. -Evidemment ; affirma June sûre d’elle. Je suis June Wheeler, fille du grand professeur Wheeler ! Nous nous regardâmes droit dans les yeux pendant quelques instants avant d’éclater de rire, sans pouvoir nous arrêter. Avec toutes ces histoires de dragons ces derniers jours, nous avions oublié à quel point il était agréable de rire ainsi, sans raison particulière, si ce n’est le fait d’être entre nous. Toute la pression et le stress accumulés s’évaporèrent instantanément. C’était comme si j’étais libérée d’un énorme poids sur la poitrine. En un sens, j’étais heureuse d’avoir June à mes côtés dans ce combat, être seule à devoir combattre m’effrayait en vérité, mais je n’osais pas le montrer, de peur que mes amies ne s’en mêlent. Mais là, June se proposait d’elle-même, je ne pouvais pas refuser, car ma peur d’être seule face aux dragons était bien plus grande que celle de voir mes amies mêlées à tout ça. C’était certes égoïste, mais je ne pouvais pas contrôler ce sentiment. La porte s’ouvrit soudainement et Maya et Ambre entrèrent, l’air exaspérées. -C’est qu’il est casse pieds l’autre là ! Se plaignit Maya. Comme si ça m’intéressait de savoir comment on plantait des carottes il y a cinq mille ans ! Lorsque j’entendis ça, ma crise de fou rire reprit de plus belle, de même que celle de June et Maya fit la grimace en voyant qu’on riait de leur malheur. -Dis-moi Angéla, ça s’est bien passé ton entrainement alors ? Me questionna Ambre. -Oui oui, on va dire ça comme ça ; répondis-je évasivement. Je crois que je suis sur la bonne voie. -Parfait, ces dragons n’ont qu’à bien se tenir si tu es là dans les parages ! Affirma-t-elle. -Oui, certainement… Nous sortîmes toutes les quatre de la pièce et je pensai soudain que je ne savais toujours pas où je me trouvais. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je me retrouvai sur la cour de l’école. Elle était déserte et la nuit était presque tombée. Devant nous, Hélios et Serena discutaient tranquillement. -Je peux savoir ce qu’on fait ici ? Chuchotai-je à June. -Bah, tu as demandé à Hélios de t’apprendre la fusion parfaite, il a accepté et nous sommes revenus dans l’école. Lorsque Serena nous vit, elle se précipita vers nous, un grand sourire aux lèvres, l’air émerveillée. -Alors c’est ça votre école ? Tout est si beau ! S’exclama-t-elle. -Je te l’ai déjà dit mais beau n’est pas le mot adéquat pour décrire cet endroit…Répondis-je mal à l’aise. -Je… Elle n’eut pas le temps de terminer sa phrase car un bruit de verrerie cassée se fit entendre en provenance du bâtiment central. Je levai les yeux au ciel et je vis des milliers de bouts de verre dégringoler du septième étage tandis que quelqu’un se tenait derrière la vitre brisée. De cette hauteur, je ne pouvais distinguer de qui il s’agissait mais le fait qu’il fût immobile ne me dit rien de bon, d’autant plus que je pouvais distinguer comme un long habit noir derrière lui. Hélios leva la tête à son tour lorsque le verre s’écrasa au sol dans un vacarme assourdissant. -Oh, on dirait que nous avons de la visite. Un ami à toi Angéla ? -Je ne pense pas mais… Soudainement, le soleil éclaira le visage de l’homme, le dévoilant au grand jour et je ne pus retenir un cri de stupeur. Aymeric se tenait en haut de l’immeuble, le regard rougeoyant, les cheveux en bataille et portant un long manteau noir contrastant avec la pâleur du reste de son corps. Mais le plus troublant était la façon dont il me fixait. Je connaissais ce regard, et c’était celui des serviteurs des dragons… Mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Qu’est-ce que cet idiot faisait là ? Et surtout, pourquoi était-il accoutré de cette manière ? Je connaissais la réponse bien évidemment, mais je n’arrivais pas à me l’avouer. Pour moi, ce type était un minable, bon à rien et prétentieux, tout juste capable de lacer ses lacets, et encore, c’était moi qui lui avais appris ; alors comment pouvait-il se tenir devant moi et dégager une telle aura de force ? June et Ambre firent la grimace, Maya ne réagit pas, mais elle, c’était parce qu’elle voyait mal…Mais lorsqu’Ambre lui dit qui elle avait en face d’elle, elle se mit à l’appeler et l’insulter. Une ombre passa sur le bâtiment et Aymeric disparut instantanément, comme s’il n’avait jamais été là, ne laissant qu’une vitre brisée et des morceaux de verre sur la cour. Le regard de Serena passa sur mon visage, puis sur celui de mes amies et enfin sur Hélios. Elle ne comprenait visiblement pas ce qu’il se passait à ce moment, mais elle semblait avoir deviné notre inquiétude. -Angéla, est-ce que tu penses…Me demanda June peu sûre d’elle. -Cet idiot en serait bien capable ; soupirai-je. Lorsque je l’ai affronté la dernière fois, j’ai senti que quelque chose clochait. -ohoh, est-ce que nous venons de voir, par hasard, l’ex propriétaire de la carte que tu m’as donnée Angéla ? -Oui, c’est à lui qu’appartenait cette carte. -Et cette personne, tu la connaissais avant, n’est-ce pas ? -Oui Hélios se gratta la barbe – ou plutôt fit semblant puisqu’il n’en avait plus – tout en fronçant les sourcils. Après quelques secondes de réflexion, il finit par déclarer : -Les dragons sont malins, ils savent frapper nos points faibles… -Attendez une minute ! Je n’ai jamais dit que j’aimais ce type ! M’étranglai-je. -Ah oui, vraiment ? Répondit l’ex-roi surpris. Dans ce cas, pourquoi aurait-il été recruté ? -Je n’en sais rien moi ! Pour sa prétention peut-être, il a du embobiner les dragons et voilà… -Tu es bien naïve ma petite Angéla ; rétorqua Hélios avec un léger sourire. A moins que…tu ne te voiles la vérité ? -Que voulez-vous dire ? Demandai-je sur mes gardes. -Moi ? Je ne fais que constatez les faits; répondit-il innocemment. Mais toi Angéla, es-tu honnête avec toi-même ? -Hélios, ce type a trahi Angéla ; intervint Ambre. Il est normal qu’elle le déteste maintenant ! -Croyez-en mon expérience, même lorsqu’on est trahi par ses pairs, on a toujours l’espoir d’une rédemption, c’est dans la nature propre de l’homme qu’espérer. -Arrêtez les grandes phrases Hélios, ça ne vous va pas ; le rabroua Serena. Et puis, vous n’étiez pas censé venir juste pour récupérer cette carte ? -Tu as raison, on va être en retard pour le diner ! S’écria-t-il soudainement affolé. Angéla, médite bien ce que je t’ai dit aujourd’hui, à plus ! Ajouta-t-il alors qu’il s’élançait déjà sur la route à toute allure. Serena soupira et prit sa suite, comme désespérée par son attitude. Mes amies me suggérèrent de rentrer au plus vite, les cours commençant tôt le lendemain, mais je n’arrivais plus à aligner une seule pensée cohérente. Entre la vision du dragon, l’apparition d’Aymeric et les mots d’Hélios sur mes propres sentiments, mon esprit était plus embrumé que Londres un jour d’hiver. Tout s’entremêlait, se chevauchait, si bien que je finis par en avoir mal à la tête. Ce fut Maya qui me tira de ma presque folie en me donner une grande tape dans le dos. Cela me coupa la respiration et je la foudroyai du regard. -Oh, du calme toi, je n’ai fait que te ramener dans le monde des vivants ; se défendit-elle en haussant les épaules. -Qu’est-ce qui t’arrive Angéla ? Me demanda Ambre inquiète. Tu penses qu’Aymeric est une menace ? Si c’est le cas… -Non, ce n’est pas ça… -Angéla, je ne connais pas ce type ; reprit June, mais si tu penses vraiment qu’il est dangereux, alors, allons lui parler demain, je suis sûre que… -Je vous dis que ce n’est pas ça le problème! Vous ne pouvez pas comprendre, alors laissez moi régler ça toute seule, cela ne concerne que moi, et moi seule ! M’exclamai-je avant de m’enfuir. J’entendis mes amies me rappeler dans mon dos mais j’ignorai leurs appels et je fonçai droit devant moi. Elles ne pouvaient rien faire pour m’aider, elles ne pouvaient même pas comprendre ce que je ressentais à cet instant, lorsqu’Aymeric était apparu devant moi, portant les vêtements des dragons. A bout de souffle, je finis par m’arrêter au coin d’une rue. Pourquoi fuyais-je ? Et surtout, que fuyais-je ? J’avais beau détester Aymeric, les souvenirs de notre enfance ensemble étaient joyeux, sans embuche ni trouble. C’était une amitié tout ce qu’il y avait de plus banale et une histoire aussi courte que son achèvement. Pourtant, alors que je pensais avoir banni ce type de ma mémoire, le voilà qui ressurgissait dans ma vie du jour au lendemain pour me la pourrir encore une fois. Mais, en voyant ces vêtements, pourquoi m’étais-je senti trahie ? Pourquoi, lorsque je l’avais affronté et vu sa carte, redoutai-je qu’il s’allie aux dragons ? J’aurais du ne pas être affectée, le prendre comme un simple serviteur des dragons, comme Hurricane ou Floges, mais non. Je m’étais juré d’enterrer mon amitié avec lui. Hélios avait-il raison ? Espérai-je encore quelque chose de lui, même après ses coups bas ? Je levai les yeux au ciel. Il s’était mis à pleuvoir des cordes et des éclairs zébraient le ciel noir du soir. C’était étrange, je ne l’avais même pas remarqué. Un immeuble aurait pu s’écrouler juste à côté de moi, je ne l’aurais pas plus remarqué. Pourquoi étais-je si troublée bon sang ?… Je mis une bonne heure avant de retrouver mon chemin. Il faut dire que foncer dans les rues sans regarder où l’on va n’est pas forcément la meilleure chose à faire, surtout lorsque notre esprit est ailleurs. En rentrant, j’étais trempée, transie jusqu’aux os. Mon père me sermonna longuement, mais je n’avais vraiment pas la tête à ça. En sortant de la douche, je passai devant le miroir et je m’arrêtai quelque instants. Je fus vraiment surprise par mon reflet. Je ne prenais que rarement le temps de me maquiller et autres, je n’utilisais ce miroir que pour me recoiffer sans vraiment regarder mon visage. Etait-ce vraiment moi dans la glace ? J’avais peine à me reconnaître. D’énormes cernes se traçaient sous mes yeux tandis que mon teint était blafard. Mais ce qui me surprit le plus fut de voir à quel point j’avais changé depuis la guerre. Avant toutes ces histoires, je n’étais encore qu’une gamine, le visage rond, les yeux pétillants et le sourire aux lèvres, mais à présent, j’avais l’impression d’avoir perdu tout cela. Je devais déjà faire cinq centimètres de plus, mais ma tête était également légèrement plus effilée, tandis que l’éclat de mes yeux avait disparu, remplacé par une immense fatigue. Pour couronner le tout, mes cheveux, autrefois brillants, étaient désormais bien plus ternes, se rapprochant plus de l’ocre que de l’or. Je n’étais plus celle que j’étais un an auparavant, c’était indéniable. Mais avais-je changé en bien ou en mal ? Si celle que j’étais une année plus tôt me paraissait lointaine, la petite fille qui jouait avec Aymeric dans bacs à sable semblait n’être qu’une lointaine illusion à l’horizon. Je me demandais ce qu’il se serait passé s’il ne m’avait pas abandonnée. Aurais-je quand même rencontré Drago et les autres ? Ou bien aurais-je vécu dans cette illusion pour toujours ? Le lendemain, je fus extrêmement surprise de voir que ni Maya, ni Ambre, ni June n’étaient en classe. Qu’Ambre soit malade, je pouvais le concevoir, que Maya sèche, de même, mais qu’en plus June soit absente, cela était tout sauf normal. Elle n’avait jamais raté un seul cours depuis que je la connaissais, elle venait même avec quarante de fièvre. Le résultat fut un ennui profond durant l’allemand et j’en vins même à prendre des notes et Beauchardassaut n’en revenait pas et crut que j’étais malade également. Lors de la pause déjeuner, je décidai tout de même d’enquêter un peu car toute cette histoire ne sentait vraiment pas bon. Je me rendis tout d’abord dans la salle de club pensant qu’elles s’entraient peut-être avec Lareine, mais il n’y avait personne. Déroutée, je ressortis sans savoir où continuer les recherches. Je déambulai plusieurs minutes dans les couloirs, regardant de tous les côtés si elles ne se cachaient pas, par le plus grand des hasards, dans la foule d’élèves, mais il n’y avait personne. C’est alors que je vis deux personnes discuter dans un coin de la cour, l’air embêtés. Je les reconnus immédiatement. Ils faisaient partie du club d’Aymeric et leur vue fit ressortir mes interrogations vis à vis de leur président. Je m’approchai donc pour leur demander mais en me voyant, ils devinrent livides et tentèrent de s’enfuir, sauf qu’il n’y avait pas d’issue de secours derrière eux. -Vous deux là ! M’écriai-je assez peu amicalement. Vous êtes des amis d’Aymeric, n’est-ce pas ? -O…Oui ! Bégaya le premier. -J’ai une ou deux questions à poser à votre président. -Le…Le président Aymeric est occupé ; répondit le second en tremblant comme une feuille. -Je m’en fiche, conduisez moi à lui, et que ça saute, je ne suis vraiment pas d’humeur et j’ai autre chose à faire ! J’avais hurlé le dernier mot si bien que les deux garçons, déjà blêmes, frôlèrent la crise cardiaque et s’exécutèrent sur le champ. Je les suivis jusqu’à la salle du club. Ils ne dirent pas un mot du trajet et leur peur était palpable. Mais, peur de qui ? De moi, ou bien de… Ils frappèrent à la porte puis s’enfuirent sans demander leur reste. Je pensais connaître l’origine de leur mal aise, mais je devais le voir pour en être sûre. Je franchis le seuil de la porte et cette dernière se referma derrière moi. Je retins de crier en voyant ce qui se trouvait devant moi. Aymeric se tenait debout dans la pénombre, les yeux rougeoyant, un disque de duel à la main, le regard triomphant, tandis qu’au sol gisaient Ambre, Maya et June, inconscientes…enfin, je l’espérais. -Angéla, ma chérie, tu es venue à moi ? Comme c’est aimable. -Aymeric ! Hurlai-je aussi fort que mes poumons me le permettaient. Je n’avais pas de mot assez fort pour décrire ce que je ressentais : colère, haine, désespoir, pitié, dégout, tout cela en même temps. A ce moment là, j’avais envie de lui sauter au coup et de l’étrangler, non seulement pour ce qu’il avait fait aujourd’hui, mais également pour ce qu’il m’avait fait par le passé. Je pensais qu’il lui restait encore une part d’humanité après les propos d’Hélios, mais je me rendis compte qu’à présent, il n’était qu’une ordure, tout juste bon à servir les serviteurs des dragons. -Regarde moi Angéla, tu as vu mon nouveau pouvoir ? S’exclama-t-il en ouvrant les bras, faisant voler son long manteau noir autour de lui. A présent, je peux enfin t’écraser définitivement ! Fini les humiliations, fini les dérangements incessants, fini les nuits blanches à chercher un moyen de te surpasser ! Grace aux pouvoirs de Gariatron, je suis en mesure de faire ce que je veux ! -Espèce de… -Oh, tu n’es pas contente ? Ah, mais je sais, voir tes amies ainsi à terre t’es insupportable, c’est cela ? Comme c’est touchant, et que vas-tu faire ? Les venger en me battant ? Je te signale qu’elles étaient trois et qu’elles n’ont rien pu faire contre moi ! Mais tu es assez prétentieuse pour penser que toi, la grande Angéla, peux me vaincre, même si ses amies n’y sont pas arrivées ? Laisse moi rire ! -Tu étais un minable, tu touchais déjà le fond, mais tu as trouvé moyen de creuser encore en t’alliant aux démons ? Tu me fais vraiment pitié. Si j’avais voulu caricaturer un méchant de manga, je n’aurais pas eu meilleur modèle que toi. -Insulte moi autant que tu veux, mais je sais ce que je vaux ; rétorqua-t-il. -Tu n’es peut être pas au courant, inculte comme tu es, mais j’ai vaincu Gariatron l’année précédente, donc si je n’ai pas eu peur de lui, penses-tu réellement que je vais trembler face à quelqu’un comme toi ? En garde minable, tu vas payer pour tout ce que tu as fait ! Je sortis mon disque de duel avec une telle violence que les papiers autour de nous s’envolèrent. J’étais bien déterminée à vaincre ce type une bonne fois pour toute. Ce n’était pas un simple combat contre les serviteurs des dragons, c’était une vengeance personnelle, une vengeance que j’aurais du accomplir depuis trop longtemps déjà, une vengeance qui mettrait fin à nos relations à tout jamais. -Je vais te renvoyer d’où tu viens ! Je commence en invoquant Terre, Agent du Mystère et, grâce à son effet, je peux ajouter à ma main Minerve, agent de la protection, qui par son effet, s’invoque spécialement si je contrôle un autre monstre. -Je ne te laisserai plus faire de mal à qui que ce soit Aymeric, je ne te laisserai plus rien faire du tout d’ailleurs ! Forces anciennes, libérez le pouvoir scellé depuis la nuit des temps, invocation synchro : fais trembler les peuples, Chronos, agent du temps ! -Un petit nouveau ? Je ne vois pas ce qu’il a de particulier, ce n’est pas du haut de ses 2500 points d’attaque qu’il me fera peur ; ricana Aymeric. -En effet, mais sa capacité te fera trembler : il me suffit de déclarer une phase de jeu, et cette dernière sera gelée jusqu’à la fin de ton tour et je choisis ta battle phase ! -Ridicule, tu ne feras que retarder l’inévitable ; cracha-t-il. -Je pose deux cartes face cachée et je termine mon tour. Viens, je t’attends ! -J’arrive, inutile de me le dire. Bien, voyons ce que nous avons ici… Un grand sourire fendit sa figure et il éclata de rire. -Ma pauvre Angéla, tu as de la chance finalement, sans ton monstre, tu ne serais déjà plus de ce monde. J’active la carte magie : Réseau D'urgence De L'académie Gagaga pour invoquer directement depuis mon deck le Magicien Gagaga! -Tu aurais pu au moins changer de deck, parce que si tu veux ressembler à un méchant, c’est raté mon vieux… -Rigole tant que tu veux. J’invoque normalement la sœur Gagaga -et j’active son effet : les niveaux de mes deux monstres s’additionnent ! Je recouvre mes deux monstres de niveau six pour ouvrir le réseau recouvrement ! Apparaît, Numéro 39 : Au-Delà de l'Utopie ! Lorsque ce dernier arrive sur le terrain, l’attaque de tous tes monstres tombe à zéro ! Je pose une carte face cachée et je suis contraint de finir mon tour, mais je n’en ai pas fini avec toi… -Ne crois pas que parce que tu as un nouveau jouet, je vais plier ! Je pioche et j’active la carte magie de terrain : Le Sanctuaire Céleste ! -On dirait que je ne suis pas le seul à recycler mes vieilles cartes, n’est-ce pas Angéla ? -Sauf que moi mon deck n’est pas bon pour la poubelle contrairement à toi, et je vais te le prouver immédiatement ! J’active le pouvoir de Chronos pour geler à nouveau nos deux battle phase ! -Ridicule, bats toi normalement Angéla ! -Je te l’ai dit, je ne te laisserai plus faire de mal à qui que ce soit Aymeric… J’invoque Jupiter, Agent des Miracles et, en retirant de mon cimetière Minerve, il gagne 800 points d’attaque ! -Tout cela est ridicule, mon monstre possède 3000 points d’attaque et tu ne peux même pas attaquer, que comptes tu faire ? -Rien pour le moment, mais tu le découvriras au prochain tour. -C’est pitoyable, et moi qui pensais avoir un vrai combat mais…on dirait qu’on ne peut pas te faire confiance…Dit-il tristement. -Me…faire confiance ? -Ce n’est rien, oublie ça tu veux ? Je disais donc, j’invoque Gardna Gagaga en mode attaque et, puisque je contrôle ce monstre, je peux invoquer spécialement Enfant Gagaga depuis ma main. Je recouvre à nouveau mes deux monstres : apparaîs, Numéro 39 : Utopie! Moi non plus, je ne te laisserai plus me détruire, Angéla. -Je ne sais pas de quoi tu parles et peu importe, je vais remporter ce duel ! Je pioche et j’invoque spécialement depuis ma main Uranus, Agent du Désordre ! Son effet s’active me permettant d’envoyer Saturne, Agent du Jugement au cimetière pour passer au niveau six ! -Je vois que tu as enfin décidé de passer aux choses sérieuses Angéla. -Je recouvre Chronos, Agent du temps et Uranus, Agent du désastre pour briser les chaines des enfers : remonte sur terre, Saturne, Agent du chaos ! Un trou béant s’ouvrit à nos pieds et u inquiétant ange noir en sorti. Aymeric recula, conscient du danger qui se présentait à lui, mais son visage resta de marbre. Le duel avait assez duré comme ça, il était temps d’y mettre un terme une bonne fois pour toute. -J’active la capacité de Jupiter en défaussant Athéna, je peux invoquer spécialement Minerve, Agent de la protection! Puis j’active l’autre effet de Jupiter : en retirant Athéna, Saturne gagne 800 points d’attaque. Mais ne crois pas que c’est terminé, je détache une unité de couverture à Saturne : en retirant Uranus et Terre, agent du mystère, Athéna revient parmi nous ! -Nos deux cartes maitresses sont sorties…Cela ne te rappelle pas des souvenirs ma chère Angéla ? -Aucun ! Athéna, attaque Utopie ! -Et bien cela devrait, ainsi tu te souviendrais que la capacité d’Utopie me permet d’annuler ton attaque. -Saturne, attaque encore une fois ! -Je vais donc annuler encore une fois. -Tu ne pourras pas te protéger de Jupiter puisque ton monstre se détruira de lui-même ! C’est ainsi que je termine mon tour. -Tu es tellement charmante Angéla, tu as fait exactement ce dont j’avais besoin. -Ah oui ? Tu es maso donc tu voulais que je détruise ton monstre ? -Non, mais te montrer serait bien mieux. J’active Contrôle Mental pour prendre possession de ton Saturne puis j’active la capacité de mon monstre : en détruisant le tien, non seulement, je gagne 1250 points de vie mais Utopie va revenir parmi nous ! Aymeric 5250 – Angéla : 4000 -Continuons avec cette carte : Destructeur Utopie qui me permet de détruire Minerve et tu vas recevoir autant de dommage qu’elle a de points d’attaque ! -J’active l’effet de Minerve : jusqu’à la fin du tour, tu ne pourras pas détruire Athéna ! Aymeric : 5250 – Angéla : 2200 -Tu penses être protégée ? Tu fais une grossière erreur dans ce cas, j’active ma carte face cachée : Typhon d'Espace Mystique pour détruire ton sanctuaire ! Maintenant, même si ton monstre ne peut être détruit, ta va quand même prendre des dommages ! -Que comptes-tu faire ? M’infliger 400 points de dommages ? Raillai-je. -Non, admire un peu : je recouvre Utopie comme matériel xyz pour invoquer le Numéro C39 : Rayon Utopie! -Toujours aussi minable que le précédent celui-là. -Mais je n’ai pas dit que c’était fini. Je recouvre une nouvelle fois Utopie pour ouvrir le réseau recouvrement : apparais numéro S39 : Utopie l’éclair ! -Oula, il a un super nom celui là ; soupirai-je. -Tu rigoleras moins quand j’activerai sa capacité spéciale : en détachant deux unités de couverture, son attaque passe à 5000 ! Vas-y Utopie l’éclair, attaque Athéna, Tranchant éclair du soleil levant ! -J’active la carte… -Inutile, tes cartes son paralysées lorsque Utopie l’éclair attaque. C’est la fin, Angéla ! -Co…Comment ? M’exclamai-je affolée. Je voyais déjà l’attaque de son monstre anéantir mes derniers points de vie. Au fond de moi, je m’excusais auprès de mes amies. J’avais promis de les protéger et de les venger, mais je n’avais rien pu faire. J’avais été si…pathétique. Je pensais tellement pouvoir vaincre Aymeric tout en lui montrant ma détermination. Mon orgueil avait finalement causé ma perte…Je fermai les yeux, prête à recevoir son attaque. Lorsqu’elle m’atteignit, ce fut comme si on me plongeait dans un bain d’acide. Je sentis mes muscles se déchirer, ma peau me brula, ma vue se troubla, tout mon corps était en feu. Je fus projetée contre le mur et j’eus la respiration coupée sous le choc. Je m’effondrai sur le sol, à bout de force. Aymeric s’approcha de moi, le visage triomphant. -Alors Angéla, vois-tu ce que cela fait de se sentir impuissant ? De contempler la défaite ? Tu avais peut-être la force de me ridiculiser auparavant, mais à présent, qu’est-ce que cela te fait d’être ridiculisée à ton tour ? Qu’est-ce que ça te fait de… Un bruit de porte s’ouvrant l’interrompit dans son discours. Je l’entendis jurer avant de disparaître. Un ombre se pencha sur moi puis je sentis deux mains puissantes me soulever. Des serviteurs des dragons ? Etait-ce la fin, ma fin ? Une fin pitoyable après un duel pitoyable, je ne méritai sans doute pas mieux. Mon seul regret était de ne pas avoir pu protéger Ambre, June et Maya. Qu’allait-il leur arriver à présent ? J’espérai sincèrement qu’elles auraient plus de chance que moi. ps: désolé pour les fun, yugico a crash donc je les ai perdues ainsi que les images :'(
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Envoyé par le Samedi 08 Avril 2017 à 21:51 Chapitre 14 : La présidente disparue
Spoiler : Comme chaque jour, nous nous rendîmes au club de duel après les cours, Saya, Laura et moi. Miyako était la première arrivée encore une fois. Je ne sais pas comment elle faisait pour être toujours là avant nous, elle n’avait jamais cours ou quoi ? Lorsqu’elle nous vit arriver, elle nous salua d’un signe de tête puis d’adressa à moi. -Oh, Darksky, j’aimerais que tu te rendes dans l’ancienne salle du club et que tu récupères les vieilles fiches de stratégie que nous avions faites avec Denys et Julie. -Tu ne peux pas le faire toi même ? Soupirai-je. Je ne sais même pas où elles sont tes fiches. -Normalement, tu devrais les trouver dans l’armoire. A contre-coeur, je laissai filles pour me rendre dans l’autre salle. Miyako avait beau avoir accepté son passé, il y avait certaines choses qu’elle ne pouvait pas encore faire seule, se rendre dans à cet endroit faisait partie de ces choses, c’est pourquoi, je me retrouvais souvent à aller lui chercher des vieux papiers. Cependant, ce jour-là, lorsque j’arrivai devant la vieille porte délabré, je n’étais pas seul. Un jeune garçon la fixait, l’air intrigué. Il avait des cheveux noirs, soigneusement coiffés, portait l’uniforme des deuxièmes années et était assez menu. Il se retourna en me voyant arriver et me regarda, étonné de voir quelqu’un dans cette partie de l’école sûrement. -Tiens, de la visite, c’est rare ; déclara-t-il d’une voix claire. Qui es-tu ? -On m’appelle Darksky ; répondis-je. -Darksky ? En voilà un nom bien mystérieux…En tout cas, ravi de te rencontrer ! -Et à qui ai-je l’honneur ? -J’en oublie les bonnes manières ! S’excusa-t-il en se tapant le front. Mon nom est Alan, en seconde année, de la classe A, mais tout le monde m’appelle Lucky ! -Et que viens-tu faire par ici Lucky ? -J’étais simplement venu voir quelque chose. Tu sais, pendant la guerre, cette salle a été le QG de la résistance, j’avais envie de le voir en vrai, c’est tout. -Il n’y a rien de particulièrement intéressant tu sais, c’est juste une salle mal rangée. -Est-ce que tu faisais partie de la résistance ? Parce que moi oui, j’étais dans l’unité UWS, l’élite quoi ! -UWS ? -Oui, la division ayant organisé la résistance avec Overlord pendant un certain temps avant de passer le flambeau à Yume-Nikki. Notre chef s’appelait Rario, ou le grec pour les intimes. -J’ignorai que Miyako était secondée, je pensais qu’elle faisait tout toute seule… -Tu connais Hikari Miyako ? Me lança-t-il impressionné. Le grec nous en a si souvent parlé ! Est-ce que je pourrais la rencontrer ? Me supplia-t-il presque. -Cer…Certainement ; lui répondis-je un peu gêné. Laisse-moi juste deux minutes. Je rentrai dans la salle de club, fouillai un peu dans l’armoire avant de trouver les fameux papiers que Miyako m’avait demandé de rapporter. J’en profitai également pour regarder ce qu’ils avaient de si spéciaux. Je fus tout de suite impressionné par le travail de Miyako, car c’était son œuvre, je reconnaissais son écriture. Les stratégies les plus complexes étaient inscrites, allant du simple bourrin au contrôle du terrain en passant par l’épuisement des ressources adverses. Rien n’était laissé de côté. Je compris pourquoi Miyako tenait tant à récupérer ces papiers. Lorsque je ressortis, Lucky était toujours devant la porte à m’attendre, l’air impatient. Je le conduisis donc jusqu’à la nouvelle salle de club. Sur le chemin, il me raconta comment, après l’accusation du conseil des élèves, Miyako s’était retrouvée isolée, puis comment elle avait repris les rennes de la résistance. En arrivant, je fus étonné de ne pas entendre un seul bruit. D’habitude, il y avait toujours des protestations, des encouragements, voire même des explosions, mais cette fois-ci rien du tout. Je frappai à la porte et Miyako me répondit. Les filles étaient là, mais pas en train de s’entrainer. Elles étaient simplement assises dans le canapé, à regarder par la fenêtre, le regard las, et, plus important, elles n’étaient que trois. -Nagisa n’est pas encore arrivée ? -On dirait bien que non ; dit Laura en baillant. C’est la troisième fois cette semaine déjà. -Nagisa ne peut pas être à l’heure pour une fois ? Se plaignit Saya en se levant soudainement. Ne me dites pas qu’elle s’est perdue dans l’école ? -Ca m’étonnerait, il n’y a que toi pour te perdre sur le chemin ; répliquai-je. -Je t’ai rien demandé moi, je dis juste que… -Ce n’est pas le moment de vous chamailler vous deux ; intervint Miyako. Darksky, premièrement, as-tu ce que je t’ai demandé ? Je lui tendis les papiers et je vis Lucky derrière moi qui ne savait plus où se mettre. -Miyako, je crois que quelqu’un voulait te rencontrer au fait. -Ah, qui donc ? -Je m’appelle Alan, c’est un honneur de te rencontrer Hikari Miyako ! S’exclama-t-il en faisant une révérence. -Je…c’est un plaisir aussi… Hésita Miyako qui ne savait visiblement pas comment réagir. -Je…je rêve de te voir en vrai depuis que, grâce à toi, la guerre s’est terminé. J’étais dans l’unité UWS et je…tu as été mon modèle, surtout depuis que le grec nous a vanté tes mérites ! -Le Grec a vraiment fait ça ? Dit-elle surprise. Je ne pensais pas qu’il était vraiment sérieux la dernière fois que je l’ai vu… -Oui, il était très admiratif de ce que tu as fait !… Je sais que c’est un peu soudain mais…accepteriez vous que je me joigne à vous ? Je suis sûr que j’apprendrai beaucoup au contact de la chef de la résistance ! -Je ne suis plus la présidente du club, et cette dernière est en vadrouille en ce moment, donc je ne peux pas te répondre. -Allons Miyako, en tant que vice présidente, tu peux bien prendre ces décisions ? Intervint Laura. -Je n’ai jamais prétendu l’être ; répliqua-t-elle sèchement. -Alors, à la majorité, nous t’élisons ici et maintenant vice présidente ! S’exclama Saya. Félicitation Miyako ! -Vous me paierez ça ; marmonna Miyako. Bon, et toi, puisqu’on dirait que je n’ai pas le choix, et puisque tu étais un UWS, j’imagine que ça ne nous ferai pas de mal d’avoir un peu de renfort ; soupira-t-elle encore une fois. Il allait falloir que je compte le nombre de fois où elle soupirait par heure, c’était certainement assez impressionnant. Lucky afficha une mine enjouée, des étoiles dansant dans ses yeux. -Je ferai de mon mieux Hikari-San ! -Si tu m’appelles une fois de plus comme ça, tu es viré ; riposta-t-elle. -Bien compris Miyako-Sama ! -J’abandonne. Darksky, si jamais Nagisa arrive, dis-lui que j’ai du travail et que je ne peux pas me permettre de perdre du temps à l’attendre. La fille aux cheveux de feu quitta la salle et nous laissa tous les quatre. Nous profitâmes de l’heure pour discuter un peu avec notre nouveau membre. Il termina son récit de son rôle durant la guerre, comment, avec les UWS, ils avaient rallié la plupart des élèves à leur cause, comment ils avaient ensuite récupéré Miyako et enfin comment cette dernière avait mis fin à la guerre. Il nous raconta également ce qu’elle avait dit endurer : les complots du président du conseil, les factions rebelles comme Overlord ou encore les solitaires. C’était vraiment étonnant de voir comment cette école s’était transformée, en peu de temps, en une sorte de ville à l’intérieur de la ville, assiégée par l’ennemi. -Le Grec était un grand chef, je crois même qu’il fait des études pour entrer dans l’armée en ce moment ou quelque chose en rapport avec le combat ; termina Lucky. -Ce Grec semblait effectivement très impressionnant ; déclara Laura. J’aimerai beaucoup pouvoir le rencontrer un jour… -Ca tombe bien, il reviendra pour les vacances de noël si son emploi du temps le lui permet, donc dans moins de deux mois, je lui dirai de venir ici si vous voulez. -Ca serait super, et puis, je suis sûre que Miyako serait très heureuse de le revoir. -Il le sera certainement lui aussi. Bon, c’est pas tout ça, mais il commence à se faire tard et votre présidente ne se pointe pas… -Oui, Nagisa est souvent en retard mais jamais absente, c’est étrange ; dit Saya visiblement inquiète. -J’irai me renseigner demain dans sa classe ; je conclus. Ce n’est peut-être pas bien grave mais mieux vaut être sûr. Nous laissâmes Saya et Lucky et je pris le chemin du retour avec Laura. Cette dernière semblait visiblement anxieuse, elle regardait constamment en l’air, comme perdue dans ses pensées. Après avoir failli se faire écraser par une voiture, je finis par lui demander ce qui n’allait pas. -Oh, ce n’est rien, je pensais seulement à quelque chose ; dit-elle évasivement. -Oui, je m’en doute bien, mais à quoi ? -Je suis simplement inquiète pour Nagisa. Angéla m’a dit récemment que les dragons étaient sur le point de passer à l’attaque, et ne pas la voir…mais je dois me faire des idées, oublie ça tu veux ? -Je ne vois pas ce que Nagisa à avoir dans ces histoires, elle est simplement… -Peut-être parce qu’elle est spéciale ; dit une petite voix dans mon dos. Je me retournai précipitamment, m’attendant à voir surgir un ennemi, mais je me calmai tout de suite lorsque je reconnus ma sœur. -Alors les tourtereaux, qu’est-ce que vous fabriquiez ? Vous mettiez tellement de temps à revenir qu’Arnold m’a demandé de venir à votre rencontre, un comble ! D’habitude, c’est toi qui viens me chercher quand je traine. -Désolé Marie, on a été un peu pris par le temps ; m’excusai-je. -Marie, tu as dit que Nagisa était spéciale, que voulais-tu dire ? Me coupa Laura. -Ah oui ça, vous n’avez jamais rien ressenti lorsque vous faites des duels avec elle ? Répondit-elle évasivement. -Tu peux être plus claire ? -Pas vraiment Darksky, parce que je n’en sais rien moi non plus, c’est simplement qu’à son contact, quelque chose de différent se dégage, comme si elle essayait de cacher quelque chose. Quoi ? Je n’en sais rien, mais mon don me permet de l’affirmer. -Elle…cache quelque chose ? Bégaya Laura. -Bah oui, tu sais bien comme il est facile de cacher ses vrais sentiments Laura ; dit Marie en haussant les épaules. Elle fit la grimace. Laura n’aimait vraiment pas qu’on lui rappelle cette époque, et ma sœur le savait, alors pourquoi le faisait-elle quand même ? Il y a des fois où je ne la comprenais vraiment pas. -Enfin, pour le moment, la priorité, c’est de vous ramener pour le diner, sinon j’en connais deux qui ne seront pas contents. Elle nous empoigna tous les deux et nous tira de force vers la maison. Nous arrivâmes juste au moment où le diner commençait, ce qui nous évita un long sermon. Le soir, j’essayai de contacter Nagisa, mais il n’y avait rien à faire, elle ne répondait pas. Laura n’avait pas plus de succès que moi. Le téléphone sonnait dans le vide, et nos messages restaient sans réponse. Laura demanda également à Angéla si cette dernière avait des nouvelles des dragonns mais elle lui répondit par la négative. Il nous fallait donc éliminer cette option. Pendant que je faisais mes devoirs, on frappa à ma porte. Je répondis et Laura se présenta. -Que se passe-t-il ? Il y a un problème Laura ? Demandai-je en faisant tourner mon siège. -Darksky, j’ai un mauvais pressentiment au sujet de Nagisa. -Je sais bien que c’est inquiétant, mais que pouvons nous faire de plus que maintenant ? Elle ne répond pas aux messages et aux appels, nous ne pouvons qu’attendre. -Je sais bien, mais c’est justement le fait d’être aussi impuissante que je ne supporte pas. Nagisa pourrait être en grand danger en ce moment même, nous ne le saurions même pas. -Tu voudrais qu’on appelle directement chez elle peut-être ? -Pourquoi pas ! Il y aura forcément quelqu’un chez elle qui pourra nous répondre, elle ne vit pas seule à ce que je sache. -Euh…en fait, je n’en sais rien du tout ; avouai-je. Je sais vraiment très peu de choses sur elle. J’attrapai un annuaire téléphonique et je cherchai l’adresse de notre amie. Je la trouvai assez rapidement, ainsi que le numéro de son domicile. Le téléphone sonna, un coup, dix coups, une minute, un répondeur. -Rien, silence radio chez elle aussi. Nous n’avons vraiment pas d’autre choix que d’attendre. Je te promets que demain nous passerons chez elle. -A la première heure ? Avant les cours ? -Evidemment…Qu…Quoi ? Avant les cours ? Tu ne crois pas qu’on commence déjà assez tôt le matin ? M’exclamai-je. -Tu te lèveras pour arriver à l’heure pour une fois au moins ; rétorqua-t-elle l’œil brillant. Aller, bonne nuit ! Avant même que je n’aie pu répondre quoique ce soit, elle avait déjà claqué la porte. J’avais vraiment un drôle d’entourage, pensai-je. Entre Saya, Laura et Miyako, mes journées n’était vraiment pas de tout repos… Le lendemain, je faillis faire une crise cardiaque en me levant lorsque j’entendis pas moins de cinq réveils sonner à six heures trente du matin, le tout dans un vacarme assourdissant. Je me dépêchai d’éteindre ces engins infernaux tout en m’apprêtant à aller dire deux mots à Laura. Cependant je n’étais pas au bout de mes surprises. Lorsque j’ouvris la porte, je vis cette dernière juste derrière et je fis un bond de trois mètres en arrière. -Tiens, déjà réveillé ? C’est rare que tu sois aussi matinal ; déclara-t-elle joyeusement. -Laura, c’est toi qui as mis tous ces trucs dans ma chambre ! M’écriai-je en montrant les réveils. -Ah non, c’est une idée de ta sœur, elle m’a assurée que tu serais à l’heure avec ça. -J’aurais du m’en douter ; soupirai-je. -Bref, habille-toi, on n’a pas de temps à perdre ! Elle me lança mes vêtements que j’attrapai maladroitement et dix minutes plus tard, j’étais dans la cuisine avec Arnold, surpris de me voir au petit déjeuner. -Vous n’avez pas bien dormi monsieur Darksky pour être aussi matinal ? Même mademoiselle Laura n’est pas encore là. -Non, non, ce n’est rien ; ronchonnai-je en trempant ma tartine dans le lait. Laura arriva quelques minutes plus tard, les cheveux trempés. Je comprenais maintenant comment elle faisait pour avoir le temps de prendre sa douche tous les matins avant les cours si elle se levait aussi tôt. Marie et Grand mère arrivèrent au moment où nous allions partir et ma sœur ne manqua pas une occasion de me lancer une petite pique. -On dirait que pour une fois, le réveil a été efficace ; dit-elle avec un sourire malicieux. -Toi, tu n’as pas intérêt à ce que je te croise dans l’école ; répliquai-je. Nous partîmes donc de bonne heure de la maison. C’était bien la première fois que je prenais le temps de regarder le chemin de l’école le matin et je fus très surpris du calme qui se dégageait de la ville. Il n’était que sept heures du matin, le soleil ne s’était même pas encore levé et il y avait peu de monde dans les rues. Les premiers oiseaux se réveillaient tandis qu’au loin résonnait le bruit des quelques voitures parcourant les rues. Laura s’arrêta devant le par cet prit une bonne bouffée d’air. -J’ai toujours aimé la rosée du matin dans ce parc ; déclara-t-elle soudain. Les senteurs sont différentes à ces heures. -Tu arrives vraiment à faire la différence ? Je ne sens rien de particulier. -Quel dommage, tu rates quelque chose ! Je tentais de voir de quoi elle parlait mais il n’y avait rien à faire et j’abandonnai. Je n’avais jamais eu l’odorat très développé ceci dit. Après cette courte pause, nous reprîmes notre route en direction de la maison de Nagisa. Elle habitait vraiment à l’autre bout de la ville. Tandis que nous étions plus proches de la forêt qui bordait la ville, Nagisa habitait plus près de l’océan. Je descendais rarement à la plage, d’autant plus qu’il ne faisait jamais bien chaud dans la ville et Laura prit le relais pour nous guider lorsque nous arrivâmes au bord de mer. L’eau était magnifique en cette heure matinale, scintillante sous le ciel rosé de l’aurore. Au loin se dressait la falaise, mystérieuse ombre menaçante dans ce paysage magique, semblant veiller sur les flots de sa hauteur. On aurait vraiment dit un aigle volant au dessus de l’océan. Nous longeâmes encore un peu la côte avant de nous enfoncer à nouveau dans la ville. C’était un quartier assez résidentiel : la rue serpentait entre les maisons basses et colorées entourées de petits jardins à l’américaine. Evidemment, cela n’avait rien à voir avec notre manoir, mais vivre ici ne devait pas être désagréable. Il n’y avait pas une voiture dans la rue, tout était paisible. C’était dans ce genre de moment que j’aimais la vie dans cette ville où il ne se passait jamais rien, où l’on n’était dérangé que par son voisin qui passait la tondeuse, où tout le monde se connaissait, contrairement aux grandes villes, bien plus anonymes, polluées et où tous les habitants sont stressés du matin au soir. Comment Angéla supportait-elle cela ? Nous arrivâmes devant la demeure de Nagisa. La maison comportait un seul étage comme toutes les autres dans cette rue, les murs étaient faits de pierre grise et dans le jardin s’épanouissaient des fleurs de toutes les couleurs, donnant une touche de gaité dans cette succession de bâtisses identiques. Laura sonna mais personne ne répondit dans un premier temps. Je lui proposais de partir et de repasser plus tard mais elle s’obstina et sonna une seconde fois. -Allons Laura, elle doit dormir ou bien il n’y a personne tout simplement, tu perds ton temps et tu déranges tout le voisinage. -Attends un peu, elle finira bien par ouvrir, elle est forcément là ! -Si jamais quelqu’un vient se plaindre pour tapage matinal, tu seras la seule responsable ; déclarai-je en haussant les épaules. Alors qu’elle s’apprêtait à sonner une troisième fois, un bruit de verrou qu’on ouvre se fit entendre de l’autre côté et la porte s’ouvrit sur un grand homme chauve, l’air peu amical. -J’espère que vous avez une bonne raison pour déranger les gens à une heure pareille ! S’exclama-t-il ronchon. -Voilà, je m’appelle Laura, et voici Darksky, nous sommes des amis de Nagisa et… Son visage s’assombrit soudainement lorsque Laura prononça son nom. Il regarda de tous les côtés puis nous fit signe d’entrer sans faire de bruit. Nous nous exécutâmes sans vraiment comprendre. L’intérieur de la maison était vraiment très sombre. Une petite table dans la salle à manger recouverte d’une nappe grise semblait être le seul meuble se démarquant des murs par les fleurs posées dessus. Le vieil homme prit une chaise, s’assit et alluma une cigarette. -Cette petite me cause bien des soucis ; soupira-t-il d’un ton las. -Vous parlez d’elle comme si elle n’était pas votre fille ; fit remarquer Laura. -Elle ne l’est pas. -Comment cela ? Nagisa n’est pas votre fille ? S’exclama-t-elle. -Je suis son oncle, Fukuhara Ushio. Nagisa n’a plus de parent alors je m’occupe d’elle en attendant qu’elle puisse se débrouiller seule, je dois bien ça à mon frère ; dit-il tristement. Nagisa ne vous l’avait jamais dit ? -Elle ne parle que très rarement d’elle-même ; déclarai-je. -Oh, je pensais vraiment que vous saviez ; répondit-il l’air déçu. Mais si elle ne vous a rien dit sur elle, ce n’est pas à moi d’en parler…Nagisa doit être dans sa chambre, je vais lui dire que vous êtes venus, ça lui fera plaisir je pense. Le vieil homme se leva et monta à l’étage en nous laissant seuls dans la pièce. Un silence pesant s’installa alors. Nous n’avions aucune idée de ce que Nagisa avait vécu et apprendre qu’elle avait perdu ses parents était un sacré choc. Nous pensions qu’elle avait échappé aux horreurs de la guerre contre le dragon mais non. Miyako m’avait prévenu pourtant, mais je ne voulais pas y croire, je ne pouvais pas y croire. Comment penser que derrière un visage si joyeux chaque jour pouvait se cacher un passé aussi lourd ? Les apparences pouvaient se révéler bien trompeuses parfois… L’oncle de Nagisa redescendit seul, l’air désolé. -Il semblerait qu’elle dorme ou qu’elle me boude encore. Cela fait deux jours qu’elle ne sort plus de sa chambre… Quoiqu’il en soit, je ne sais pas quand elle ira mieux et quand elle pourra revenir. C’est pas de chance, vous qui avez fait tout ce chemin simplement pour la voir ; dit-il embêté. -Ce n’est rien, nous repasserons un autre jour ; dit Laura. Nous prîmes donc le chemin de l’école sans avoir eu plus d’information. Je voyais bien que Laura était frustrée mais nous ne pouvions rien y faire. La journée se passa sans événement particulièrement passionnant et nous nous réunîmes tous le soir au club, sans Nagisa. Miyako se chargea d’animer un peu en tentant de nous apprendre quelques stratégies, mais Alan ne cessait de sortir des anecdotes sur la résistance à chacun de ses mots, si bien qu’elle finit par abandonner et nous laissa nous débrouiller seuls, prétendant avoir du travail à faire. Nos activités cessèrent donc bien plus tôt que d’habitude et Saya nous invita donc à l’accompagner au parc. Cependant, une fois arrivée, elle ne prit pas directement le chemin du stade mais s’arrêta au milieu de la route et nous fit face, l’air sérieux, les mains sur les hanches. -Bon, vous deux, je sais que vous êtes allés voir Nagisa ce matin mais vous n’en avez parlé à personne ! Je peux savoir pourquoi ? Vous n’avez pas réussi à la voir c’est ça ? -Oui et non ; hésitai-je. Nous avons vu son oncle mais… -Tu devrais venir avec nous la prochaine fois Saya ; m’interrompit Laura. -Pourquoi cela ? Vous ne pouvez pas vous passer de moi c’est ça ? -Non, mais plus elle verra qu’on est nombreux, plus on aura de chance de la faire sortir. -Je veux bien moi, mais il faudrait m’expliquer un peu mieux de quoi il retourne, sinon, je risque de ne pas être très utile ! -Je pense qu’elle t’expliquera mieux que nous vu que nous n’avons pas tout compris non plus ; dis-je. -Bien, et quand comptez vous retourner chez elle alors ? -Euh…Nous n’y avons pas encore réfléchi ; avouai-je. -Bon, que diriez vous de passer maintenant alors ! -Maintenant ? Deux fois en un seul jour, ça ne ressemble pas à du harcèlement ? Demanda Laura. -Si, et alors ? -Tu es vraiment sans gêne ; soupirai-je. Mais tu as peut-être raison après tout. Saya afficha un grand sourire et nous repartîmes donc pour la maison de Nagisa. Nous fîmes exactement le même chemin que le matin et nous arrivâmes donc assez vite chez elle. Alors que Saya allait sonner, la porte s’ouvrit et l’oncle de Nagisa apparut. -Oh, c’est encore vous, je me doutais bien que vous repasseriez. -Oui, est-ce que Nagisa a fait signe de vie ? Demanda Laura. -Oui, elle est descendue prendre son déjeuner, j’allais sortir faire quelques courses, mais je vais la prévenir que vous êtes revenus pour elle. Suivez-moi. Nous entrâmes à l’intérieur et le vieil homme nous conduisit jusqu’au salon d’où nous provenait un bruit de télévision. Il s’arrêta et appela notre amie qui ne répondit pas. Mais il ne faisait aucun doute qu’elle était présente dans la pièce, cachée par le grand fauteuil dans lequel elle était certainement assise. Son oncle soupira puis nous laissa tous les trois avec la télévision et Nagisa. Personne n’osait prononcer un mot, même Saya se taisait pour une fois. La tension était palpable. Nous attendions que Nagisa parle la première pour s’expliquer. Laura, après deux minutes de silence en ayant assez d’attendre, prit la parole. -C’est nous ; dit-elle d’une voix tendre. Nous sommes venus… -Je sais très bien ce que vous êtes venus faire ici ; répondit une voix éraillée, mais je vais très bien, merci, vous pouvez repartir d’où vous venez. -Allons Nagisa, tout le monde s’inquiète pour toi ! Continua Saya. Tu ne donnes plus aucun signe de vie, tu ne peux pas abandonner le club comme ça ! La télévision s’éteignit et j’entendis des bruits de pas. Un instant plus tard, Nagisa nous faisait face, mais elle était en tout point différente à d’habitude. Elle n’affichait plus ce sourire joyeux qu’elle arborait si souvent, son visage était blême et sans expression, ses yeux semblaient dénués de vie et ses joues étaient creuses. Ses cheveux, d’ordinaire si soignés, partaient dans tous les sens, comme si elle ne s’occupait plus d’elle-même. Saya poussa un petit cri de surprise en la voyant et Laura recula instinctivement. L’ombre de la jeune fille nous regarda un par un, sans que son regard ne se rallume pour autant. -Que t’arrive-t-il Nagisa ? Demandai-je prudemment. -Il ne m’arrive rien, je suis simplement moi-même ; répondit-elle sans conviction. -Qu’est-ce que tu racontes ? Tu n’es pas comme ça Nagisa ; reprit Laura. -Que connaissez-vous de moi ? Pourquoi la Nagisa que vous connaissez serait la vraie Nagisa ? Je suis certaine que vous ne saviez même pas que je vivais chez mon oncle avant de venir ici. -Parce que tu ne nous l’as jamais dit ! Protesta Saya. -Parce que cela ne regarde que moi, et de toute façon, qui s’intéresserait à ce qu’une minable comme moi a vécu ? -Arrête de délirer Nagisa, si tu as des problèmes, tu peux nous en parler, nous sommes tes amis oui ou non ? S’exclama Laura. -Vous voulez vraiment le savoir ? Vous pensez pouvoir me regarder encore de la même façon si je vous dit toute la vérité ? J’acquiesçais fermement, et mes deux amies firent de même. -Je parie tout ce que vous voulez que vous ne pourrez pas tenir cette promesse, mais soit, vous allez enfin connaître Fukuhara Nagisa telle qu’elle est vraiment : une bonne à rien… -Ne parle pas de toi comme ça Nagisa, tu sais faire énormément de choses ! Répliqua Laura. Tu as récréé le club de duel, ce que peu de gens auraient eu le courage de faire ! -Si Miyako n’avait pas été là, jamais ce club n’aurait pu renaitre… Je ne suis qu’un fardeau partout où je vais, pour mon oncle, pour le club de duel, pour mes parents… -Tu… -C’est assez Laura, tant que vous ne connaitrez pas la vérité, vous ne pourrez pas me juger telle que je suis. Nagisa prit une grande inspiration, puis, après nous avoir regardé droit dans les yeux, commença son récit. « Je n’ai pas toujours vécu dans cette ville avec mon oncle. Autrefois, j’habitais dans un petit village de campagne avec mes parents et mon frère. Nous avions une vie tranquille. Ce n’était peut-être pas drôle tous les jours, mais je savais encore qui j’étais à cette époque : une simple collégienne s’apprêtant à entrer au lycée. Mais voilà, la guerre a éclaté. Notre village a été rayé de la carte par les serviteurs du dragon. Nous nous en sommes sortis par la force du destin, mais nous n’avions plus de toit, plus d’ami, et nous sommes donc partis. Mon père savait que son frère l’accueillerait volontiers et nous avons pris les routes avec un vieil homme du village. Cependant, ces monstres ne nous laissaient pas de répit. Ils nous poursuivaient sans relâche. Nous ne pouvions pas prendre le risque de nous arrêter en ville pour demander de l’aide ou même rester plus de deux jours à un même endroit sous peine d’être découverts. » Laura tressaillit. Je comprenais ce qu’elle pouvait ressentir, elle avait vécu exactement la même chose avant d’être au service de Shadow et de pourchasser elle-même ses ennemis. Peut-être que Nagisa faisait partie de ces personnes… « Ce fut un voyage long et pénible, sans même voir une seule fois le soleil, il n’y avait que l’obscurité qui nous encerclait. Mon père fut le premier à disparaître en essayant de me protéger, puis vint le tour de ma mère qui tentait de regagner les villes. Mon frère y passa également. Nous n’étions plus que deux, le vieil homme et moi lorsque nous sommes arrivés dans cette ville. » Nous nous attendions à ce que Nagisa continue son récit, mais elle s’arrêta là et nous dévisagea, observant nos réactions, toujours sans exprimer quoique ce soit. Laura fut la première à oser prendre la parole. -Nagisa…Tu dis cela avec tant de détachement… -Cela fait bien longtemps que j’ai arrêté de pleurer la disparition, cela ne les ramènera pas. -Je le sais bien, mais comment peux-tu en parler comme si de rien n’était ! C’était ta famille, tu n’as même pas un pincement au cœur en pensant à eux ? En pensant que tu ne les reverras jamais ? -Je n’ai pas eu le droit de les regretter si je voulais survivre. Je devais avancer, quoiqu’il m’en coutât. Laura écarquilla les yeux. -Voilà donc la vraie Nagisa, celle qui a laissé ses proches mourir pour elle, celle qui ne les a jamais remercié d’avoir pu rester en vie grâce au eux, celle qui a perdu jusqu’à son vrai sourire pendant la guerre, celle qui aujourd’hui n’est plus qu’une coquille vide, un corps sans âme, sans beauté, sans émotion. Je ne suis que l’ombre de celle que j’étais autrefois. Laura l’attrapa par le col de sa chemise et la souleva de quelques centimètres, le regard comme fou. -Non Nagisa, tu n’as pas le droit de dire cela ! Pas après tout ce que les autres ont donné pour toi ! Tu dis que ta vie n’a plus de sens ? Regarde simplement autour de toi ! Si tu n’étais qu’une ombre parmi d’autres, que ferions-nous ici ? -Laura, calme toi, je pense qu’elle a ses raisons et que… -Non Saya, je ne laisserai pas Nagisa se dénigrer ainsi ! Pourquoi penses-tu que tu es encore en vie aujourd’hui ? Tes parents se seraient-ils sacrifiés pour une ombre, seraient-ils morts pour rien ? Tu as le devoir de leur faire honneur, pour que tout ce qu’ils ont fait ne soit pas vain ! Tu n’as pas le droit de salir leur mémoire comme ça, Nagisa ! -Penses-tu être la mieux placée pour me dire ce que je dois faire Laura ? Combien de fois as-tu pensé à ta famille durant ton périple ? Une fois ? Peut-être deux ? -Co…Comment sais-tu cela ? S’étrangla Laura en lâchant Nagisa et en reculant d’un pas, les yeux ronds. -Tu dis que je salis la mémoire de mes parents, mais toi Laura, tu ne vaut pas mieux que moi. Nous sommes tous les mêmes depuis la guerre. Laura serra le poing. Je crus vraiment qu’elle allait exploser et laisser libre cours à son pouvoir, mais au lieu de ça, elle tourna simplement les talons et partit sans dire un mot de plus. -Tu n’étais pas obligée d’aller aussi loin Nagisa ! Protesta Saya. Nous ne voulons que t’aider ! -Il est inutile de vouloir me sauver, tout est déjà terminé pour moi. Dites à Miyako de prendre ma place, je ne reviendrai plus. C’est maintenant à elle de voir si le club doit mourir avec ma disparition ou non. Ceci est un adieu. -Très bien, débrouille-toi toute seule si tu ne veux pas de notre aide ! Mais ne viens pas pleurer lorsque tu auras besoin de nous ! Darksky, on y va. Saya m’agrippa par la manche et me tira à l’extérieur. Je me retournai une dernière fois et je croisai le regard de Nagisa, toujours aussi inexpressif puis elle disparut à l’étage. Une fois sur le pas de la porte, je vis Laura assise sur le bord du trottoir, la tête dans les bras. -Darksky, tu le penses aussi, que je ne fais pas honneur à mes parents ? Que je salis leur mémoire ? -Laura, ce n’est pas la question ; répondis-je doucement. Ton père ne t’a pas vraiment laissé le choix et tu as su l’arrêter au bon moment. -Oui, mais je l’ai renié ensuite et depuis que je sais qu’il est vivant, je ne sais même plus quoi faire…Pourquoi ne vient-il pas me voir ? Pourquoi ne suis-je pas heureuse ? -Tu sais, il y a une grande différence entre Nagisa et toi : tu sais encore distinguer passé et présent, là où Nagisa ne peut plus faire la distinction, où moments heureux et malheureux se mélangent dans son esprit. -Excusez-moi, avez-vous parlé de Nagisa ? Nous tournâmes la tête vers la personne qui venait de dire cela et nous nous retrouvâmes face à face avec un vieil homme, rabougri, moustachu, chauve, portant un grand chapeau noir et une canne à la main. -Oui, vous la connaissez monsieur ? Demanda Saya. -Un peu que je la connais ! Nous avons traversé monts et marées ensemble, avec ses parents ! Vous êtes ses amis ? -Oui, nous sommes dans le même club de duel qu’elle ; répondis-je. Je suis Darksky, et voilà Laura et Saya. -Oh, elle a finalement eu le courage de se lancer, c’est bien, elle va s’ouvrir un petit peu j’espère. Elle en parlait souvent mais je ne pensais pas qu’elle aurait le courage de commencer. Vous savez, elle est comme une fleur fanée par le gel, elle a juste besoin d’un peu de soleil pour s’épanouir à nouveau. -Je crois qu’elle vient de rejeter ce soleil justement ; marmonna Saya. -Que voulez-vous dire ? -Elle vient de nous lancer qu’elle abandonnait le club de duel et qu’il ne tenait qu’à nous de le faire survivre après elle et… Le vieil homme se raidit subitement et lâcha sa canne. -Oh non, par pitié, pas encore…murmura-t-il. -Il y a un problème monsieur ? Demanda Laura. -Nagisa est en grand danger ! Sans attendre une seconde de plus, le vieil homme se précipita à l’intérieur de la maison et commença à appeler notre amie de toutes ses forces mais personne ne lui répondit. Nous entrâmes à sa suite et nous vîmes sont regard paniqué qui scrutait chaque recoin de la maison. -Où est-elle bon sang ; cracha-t-il. -Je crois qu’elle est montée dans sa chambre mais… -Dans sa chambre ? S’exclama-t-il presque sans voix. Les yeux de l’homme sortaient de ses orbites et il était livide. De la sueur perlait sur son visage, comme s’il avait réellement peur de quelque chose. Il se précipita à l’étage, montant les escaliers quatre par quatre et nous à sa suite. La chambre de Nagisa se trouvait juste devant les escaliers et la porte semblait fermée à clé. Le vieil homme tambourinait sur cette dernière en criant le nom de notre amie. -Vous allez finir par briser la porte si vous continuez ; hasarda Saya. -C’est mon but ; répliqua-t-il en tremblant et en frappant de plus belle. -Mais que se passe-t-il à la fin ? Finis-je par demander en prenant l’homme par l’épaule. -Nagisa a dit que le club disparaitrait avec elle d’après vous, vous ne comprenez vraiment pas ce que cela signifie ? Rétorqua-t-il presque à bout de souffle. Je réalisai tout à coup pourquoi l’homme semblait si effrayé et je me mis à trembler à mon tour. J’espérai sincèrement me tromper mais Saya et Laura étaient devenues blanches à leur tour. Comment n’avions-nous pas compris cela plus tôt ? L’attitude étrange de Nagisa, son discours sans vie et son message caché, tout était pourtant si clair ! La porte céda finalement sous les coups du vieil homme et il se précipita à l’intérieur sans perdre une seconde. Ce que je vis me sidéra, Nagisa était assise sur son lit, une paire de ciseaux à la main, dirigée vers son avant bras posé sur sa table de chevet, des larmes aux yeux. Sans même qu’elle n’ait eu le temps de réagir à notre arrivée, Laura se jeta sur elle avec un bond surhumain et la plaqua sur son lit de telle façon à ce qu’elle ne puisse rien faire. -Lau…Laura ? Darksky, Saya ? Mais…que faites-vous ici ? Je pensais que vous ne vouliez plus entendre parler de moi ! Alors que faites-vous encore chez moi ? S’exclama Nagisa déboussolée. -Mais es-tu devenue complètement folle ?! S’écria Laura en lui arrachant les ciseaux qui tombèrent au sol en se plantant dans le parquet. Te suicider, voilà comment tu remercies tes parents ? -Tais-toi Laura, ma vie m’appartient, si je veux y mettre fin, c’est mon droit le plus légitime ! -Non, personne n’a droit de vie et de mort, pas même sur soi-même et encore moins quand d’autres ont disparu pour préserver cette vie ! -Mon âme est déjà morte durant la guerre, je ne fais que terminer le travail ! Mes parents ont cru me sauver, mais il était déjà trop tard ! -Non, tu ne fais que fuir la réalité Nagisa, cela ne résoudra rien ! Nagisa arrêta soudainement de se débattre et de nouvelles larmes virent mouiller son visage. -Fuir…tu as tout compris Laura, je ne fais que fuir depuis des années car c’est la seule solution. En fuyant ce monde, je mettrai fin à des souffrances plus grandes encore. Toute ma vie j’ai fui ce qui me dérangeait par peur de l’affronter…Cet acte devait être la dernière de mes fuites… -Tout cela est ridicule Nagisa, on ne résout pas un problème en s’enfuyant. En mettant fin à ta vie, tu penses que tu mettras fin à tes souffrances, mais tu en causeras à d’autres… -Qui souffrirait de ma mort ? Je n’ai plus personne… -Et le club de duel, Darksky, Miyako, Saya et moi ? Et ton oncle ? Et ce type là-bas ? -Je vous ai déjà causé assez de soucis, ma disparition ne fera que vous libérer de vos tourments… -Tu te trompes, si tu venais à disparaître ainsi, alors à quoi aurait servi notre rencontre ? Pourquoi tes parents se seraient-ils sacrifiés ? Pourquoi aurais-tu vécu ? -Je ne peux décidément rien faire sans que quelqu’un ne souffre ; dit Nagisa avec un sourire triste. Partout où je vais, je sème malheur et désolation… Le vieil homme s’avança alors et le visage de la jeune fille se tourna vers lui, surpris. -Vous…vous êtes revenus ? Déclara-t-elle d’une voix à peine audible. -Tu sais Nagisa, avant de mourir, ton père m’a dit quelque chose, et je crois qu’il est temps que tu l’entendes. -Qu’a-t-il bien pu dire ?… -« Ne regrette pas ce qui est arrivé. Je n’aurais pu espérer une plus belle mort que celle-ci. Je sais que grâce à moi, tu vivras et c’est tout ce qui m’importe. Tu es notre trésor Nagisa. Toi et ton frère, vous êtes ce qu’il y a de plus précieux à nos yeux. Tant que vous vivrez, notre mémoire vivra avec vous et vous accompagnera, alors je fais le vœu que vous sortirez vivant de cette épreuve pour que notre mémoire vive encore longtemps avec vous. », Voilà les derniers mots de ton père. Il m’avait fait promettre de ne te les rapporter que longtemps après notre périple, pour ne pas que tu culpabilises, car il savait que tu t’en voudrais, c’est pourquoi j’ai attendu, mais peut-être un peu trop longtemps malheureusement… -Mon…mon père a vraiment dit cela ? -Evidemment, je ne l’ai pas inventé, tu sais que ce n’est pas mon genre. -Un trésor, moi ? Il pensait vraiment cela… -Nagisa, comment veux-tu qu’il pense autre chose ? Continua le vieil homme. S’il ne t’aimait pas, pourquoi t’aurait-il sauvée ? Pourquoi aurait-il même pris la peine de se mettre en danger en vous emmenant avec lui alors qu’il aurait pu se sauver seul ? Simplement parce qu’il t’aimait plus que tout, toi, ton frère et ta mère. Il t’a donné la vie et il a tout fait pour la préserver, ne gâche pas tout maintenant Nagisa ! -Vous…vous tenez vraiment à moi, même en sachant le fardeau que j’ai été pour tout le monde ? Dit Nagisa entre deux sanglots. -Evidemment, tu es la présidente du club de duel, sans toi, nous n’aurions jamais pu rencontrer Miyako et vivre autant de choses; déclara Laura en relâchant son emprise. -Et puis, même si parfois tu es un peu casse-pieds à être toujours en retard, tu restes une amie précieuse ; compléta Saya. Je suis sûre que Miyako te dirait la même chose…ou pas d’ailleurs la connaissant, mais tu comprends l’idée je pense. -Nagisa, sache que ce début d’année en ta compagnie a été l’une des meilleures choses qui me soit arrivé depuis bien longtemps ; terminai-je. Laura tendit une main chaleureuse à Nagisa pour l’aider à se relever. Elle nous regarda tous un par un, un peu inquiète, mais sur nos visages, il n’y avait que des sourires bienveillants et de l’amitié. Après quelques hésitations, elle finit par l’attraper et se relever, avec un timide sourire. -Aujourd’hui est un nouveau départ pour toi Nagisa ! S’exclama Laura. Il est temps de vivre ta vie comme tu le souhaites ! -Mais avant cela, que dirais-tu d’aller rendre visite à ta famille ? Proposa l’homme. -Je…Je peux vraiment ? Suis-je digne d’aller les revoir une dernière fois ? Demanda-t-elle peu assurée. -Pourquoi donc une dernière fois ? Rien ne t’empêche d’y aller à présent à ce que je sache. Nagisa acquiesça joyeusement, retrouvant son sourire avec lequel nous l’avions toujours connue, le sourire de la véritable Nagisa, un sourire rayonnant comme le soleil pouvant faire fleurir n’importe quelle fleur, aussi fanée soit-elle.
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